A Marseille, lorsqu’il s’agit de finances publiques, les bons comptes font rarement les bons amis. Le vote du compte administratif 2017, qui constituait l’une des délibérations phares du conseil municipal du mardi 25 juin, a été vivement critiqué par l’opposition. La municipalité LR met en avant une « politique d’économie » et « une maîtrise des dépenses. » Côté dépenses de fonctionnement, le taux de consommation atteint 93%, et 89% sur les dépenses d’investissement « ce qui signifie que par rapport au budget primitif nous avons fait de bonne prévision, car nous avons consommé presque la totalité de notre budget notamment dans l’investissement », affirme Roland Blum, adjoint au maire de Marseille, en charge de finances. On note une légère augmentation de l’investissement par rapport à 2016 : 5 millions d’euros sur un volume de 203 millions en 2017.
Rappelant les coupes budgétaires sous « l’ère Hollande » (dans le cadre du plan de redressement des finances publiques) pesant sur le budget, l’élu indique que la Ville a « réussi à limiter les dépenses de fonctionnement qui augmentent de 2,44% alors que nous avions une augmentation des dépenses de personnel de 4,2% ». Cette évolution est principalement liée à la hausse des charges de personnel de plus de 20M€ en 2017. Quant à l’endettement, il est en baisse de d’environ 60 millions d’euros sur les trois dernières années, soit 36 millions en 2017. La Ville ambitionne de réduire la dette de 62 millions en 2018 et de 18 millions chaque année pour 2019 et 2020.
« L’autonomie des collectivités n’existe plus »
Des objectifs fixés pour rentrer dans les clous du contrat avec l’Etat. Celui-ci impose aux collectivités de limiter leurs dépenses de fonctionnement à + de 1,2%, d’une année sur l’autre, sous peine d’être sanctionnées. Même si la contractualisation évite désormais « la ponction », des dernières années, la méthode, elle, ne fait pas l’unanimité. « On pourrait la qualifier de plus douce sauf qu’on s’aperçoit que l’autonomie des collectivités n’existe plus », estime Roland Blum. La Ville part donc sur un « volume de dépenses de 285 millions pour arriver dans trois ans à plus d’un 1,21 milliard. Une augmentation modérée. Nous devrions y arriver et nous arriverons. C’est un objectif tout à fait tenable ».
Si la Ville tente de montrer qu’elle est une « bon élève », l’opposition, elle, lui attribuerait bien volontiers le bonnet d’âne. Force est de constater pour Jean-Marc Coppola (PC) que la Ville « ne tire pas de leçons ». L’élu dénonce des choix qui « induisent les inégalités sociales et territoriales », et « une austérité », dans la ligne de la politique gouvernementale. Les recours aux partenariats public-privé (stade Vélodrome, écoles) contestés de toutes parts ne sont pas non plus dans ses bonnes grâces du conseiller municipal.
La leçon d’économie
Chez les socialistes, bis repetita. Benoît Payan juge le « fonctionnement municipal trop lourd, trop rigide, sclérosé », mais magnanime propose à la Ville de l’aider à faire des économies. « Commencez par être économe en promesse. Arrêtez de faire financer vos promesses électorales et tracts en papiers glacés par les finances de la Ville », tacle-t-il. Remettant également en question les « études » qu’il évalue à 19 millions d’euros (dans la section investissement). « J’ai fait le calcul. Le total de nos autorisations de programme s’élèvent à 3 milliard 672 millions 965 mille 818 euros. 3 milliards 7, voilà où vont aussi se nicher les promesses. » Face aux critiques, Yves Moraine, président du groupe de la majorité LR « Marseille en avant » a réaffirmé que « les finances sont tenues et bien tenues. Le budget a été respecté, avec une politique de désendettement qui se poursuit, un investissement qui se maintient grâce notamment à l’aide du Département ». L’institution qui devrait d’ailleurs apporter un nouveau coup de pouce à la Ville de Marseille à hauteur de 50 millions d’euros. Un bonus que Martine Vassal avait conditionné à l’utilisation effective des crédits.
Quant à la contractualisation avec l’Etat: compte tenu de la politique de « contraintes » et « d’efforts » déjà menée « on n’y va pas de gaité de coeur », avoue Yves Moraine. Pour conclure, l’adjoint au maire justifie le choix des PPP en soulignant « que là où l’argent public se fait rare il faut innover pour préparer la ville de demain. » Le compte administratif a été adopté à la majorité municipale.