On en entend parler depuis le début du confinement lié à la crise sanitaire. L’application StopCovid, qui devrait permettre de détecter les cas de covid-19 et d’empêcher sa propagation a fait l’objet d’un débat mercredi 27 mai à l’Assemblée Nationale (338 votes pour, 215 contre) avant d’être définitivement adoptée par le Sénat. Retour sur les caractéristiques et enjeux de cette application qui séduit autant qu’elle divise.
Une application fondée sur le principe d’anonymat et de volontariat
Les principales inquiétudes sur l’application StopCovid reposaient sur le traitement de données dites sensibles. Le gouvernement a tenu à insister sur ce point devant les parlementaires : pas question de traçage numérique par géolocalisation avec StopCovid. L’application utilisera la technologie Bluetooth, comme l’a rappelé a plusieurs reprise la Garde des Sceaux Nicole Belloubet mercredi 27 mai devant les députés. C’est d’ailleurs l’une des conditions avancées par la Cnil pour le déploiement de StopCovid. En outre, l’utilisation de l’application devrait être fondée uniquement sur la base du volontariat.
Concrètement, lorsque deux utilisateurs ayant téléchargé l’application se croiseront, pendant au moins quinze minutes à moins d’un mètre, l’application enregistrera cette rencontre automatiquement. Cependant, ce n’est que si l’utilisateur testé positif au covid-19 décide de le déclarer dans l’application que les personnes croisées recevront une notification pour les prévenir. Elles devront alors immédiatement consulter un médecin, si possible en téléconsultation.
Le gouvernement a mis en avant sa volonté de rendre l’application transparente : il s’engage à ce que le code informatique de StopCovid soit publié conformément aux préconisations de la Cnil et va jusqu’à promettre une prime de 2000 euros pour les hackeurs qui trouveraient des failles dans ce code, via la plateforme YesWeHack.
Une efficacité limitée ?
L’objectif de StopCovid est de limiter la propagation du virus en permettant aux cas asymptomatiques de savoir s’ils ont contracté la maladie, comme l’a expliqué le ministre des Solidarités et de la Santé Olivier Véran à l’Assemblée Nationale. Or, l’application devrait comporter elle-même quelques limites dans son fonctionnement : comme mentionné ci-dessus, seules les personnes croisées à moins d’un mètre pendant une durée supérieure à 15 minutes seront alertées si quelqu’un de leur entourage a contracté le covid-19. Encore faut-il que cette personne envoie d’elle-même la notification.
S’ajoute à ces limites endogènes l’épineux problème de la fracture numérique, souligné par certains députés. Un problème qui touche les populations les plus défavorisées, paradoxalement les plus concernées par la propagation du virus, comme le démontre une étude de l’Observatoire Régional de Santé d’Île-de–France, qui révèle une surmortalité importante en Seine-Saint-Denis, dans la région parisienne.
Des risques subsistant en matière de protection des données
En dépit des nombreux garde-fous évoqués par les ministres devant l’Assemblée, certains députés restent méfiants quant à la capacité de l’application à stocker des données : c’est le cas de la députée Paula Forteza, co-présidente du groupe Ecologie démocratie solidarité (EDS) à l’Assemblée et spécialisée dans les questions numériques. Cette dernière a notamment alerté au cours du débat sur un profilage potentiellement discriminant pour le ciblage publicitaire par les assurances. Le Gouvernement a annoncé que l’application sera disponible à partir du mardi 2 juin.
Liens utiles :
> La foire aux questions à propos de l’application StopCovid sur le site du ministère de l’Economie
> Retrouvez l’actualité de l’épidémie de covid-19 dans notre rubrique santé.