À l’occasion du centenaire de la mort de Paul Cezanne, Aix-en-Provence célèbre à travers l’Année Cezanne son peintre le plus illustre avec une programmation tracée sur les pas du passé de l’artiste. Un artiste qui ne cesse de nous surprendre, car aujourd’hui encore on redécouvre ses œuvres.
La programmation se présente sous forme de parcours sur trois lieux significatifs de la vie du peintre : l’Atelier des Lauves, la Bastide du Jas de Bouffan et une exposition au Musée Granet. Chacun des sites met en avant une période de sa vie, de ses débuts à la bâtisse familiale, jusqu’aux derniers moments de sa carrière aux Lauves en passant par le début de son parcours académique artistique qu’il commence à l’école de dessin gratuite où se trouve le musée.
L’Atelier des lauves, le dernier lieu de création de Paul Cezanne
Perché sur les hauteurs d’Aix, l’Atelier des Lauves est le dernier lieu de création de Paul Cezanne. Plusieurs créneaux de visites guidées sont proposés chaque jour – en français ou en anglais – par petits groupes. La réservation est obligatoire, les places étant limitées. Et pour cause : les guides font entrer les visiteurs petit à petit. Tout d’abord au pied de l’atelier, puis les font rentrer à l’intérieur une fois le groupe précédent sorti.
Ici, on découvre un Cézanne perfectionniste, solitaire, acharné. À 62 ans, après la vente de la bastide familiale, il fait l’acquisition de ce terrain en friche pour construire un atelier sur mesure, à proximité de son domicile dans le centre et de la colline des Lauves, où il peint ses célèbres Sainte-Victoire. Il imagine tout : l’orientation, la grande verrière pour capter la lumière, le choix précis de la peinture murale – un mélange subtil de bleu, noir et blanc pour ne pas altérer les couleurs de ses toiles et même une ouverture dans le mur pour y faire passer ses plus grandes toiles.
Dans l’atelier encore préservé, les objets originaux sont là : le pot à gingembre, les pommes si chères à l’artiste (choisies pour leur résistance à l’usure du temps, autant que pour leurs couleurs), la statue de l’Amour en plâtre ou encore le chevalet mécanique qu’il utilisait lorsqu’il ne pouvait plus atteindre le sommet de ses toiles. Même s’il aménage tout pour y habiter, Cezanne ne vivra jamais ici. L’atelier ne sera qu’un lieu de travail, fréquenté à l’aube, dès 4 heures du matin. C’est dans ce décor qu’il réalise ses dernières œuvres, avant de s’éteindre en 1906, quelque temps après un malaise survenu en pleine séance de peinture en extérieur qui altère fort sa santé.
La Bastide du Jas de Bouffan, la résidence des Cezanne
Quelques kilomètres plus bas, au Jas de Bouffan, une autre visite commence dans le parc arboré d’une bastide typiquement provençale. Elle fut achetée par le père de Cezanne, banquier aisé, en 1859. Paul y passe près de quarante ans, partageant la maison avec sa famille. C’est ici qu’il installe son tout premier atelier. Le parcours guidé retrace à la fois l’histoire de la bastide – trois familles s’y sont succédées – et l’évolution du peintre. On y évoque le jeune Paul, formé au collège Bourbon d’Aix (aujourd’hui Mignet), défendant un jour un garçon chétif qui n’était autre qu’Émile Zola. De cette rencontre naîtra une longue amitié, nourrie de lettres et d’idéaux artistiques.
À l’intérieur de la bastide, le décor évoque davantage l’époque des Granel, derniers propriétaires du lieu, mais quelques pièces projettent les peintures murales aujourd’hui disparues, réalisées par Cézanne dans sa jeunesse.
Dans le salon, on y découvre des projections qui nous permettent de s’imager ce à quoi ressemblait la pièce avec les grandes peintures murales du Peintre. Même l’œuvre récemment découverte lors des rénovations de la Bastide en fait partie. La guide nous emmène pièce par pièce, en racontant tout ce que le peintre y a vécu dedans mais aussi son évolution au fil des familles. Et puis on en vient au tout premier atelier de Paul Cézanne, au deuxième étage de la bâtisse côté ouest.
Toujours orienté au nord (car une exposition sud n’aurait pas été stable pour ses œuvres) comme aux Lauves, la pièce a été reconstruite à l’identique, tel que Cezanne l’a connu. C’est aussi ici que la montagne Sainte-Victoire, visible depuis le jardin, apparaît pour la première fois sous son pinceau. Un restaurant est aménagé sur place, ainsi qu’un food truck aux allures bien provençales pour y déguster un verre de vin.
Exposition au musée Granet
Dernière étape du parcours, le musée Granet occupe une place symbolique. C’est là que le jeune Cezanne s’initie à la peinture à travers l’école gratuite de dessin d’Aix, bien avant ses années parisiennes à l’Académie Suisse. Le musée accueille actuellement une grande exposition rétrospective (jusqu’au 12 octobre), intégrée à la programmation de l’Année Cézanne. Les visites se font également sur créneaux, avec guides spécialisés. Elle y met en avant des œuvres incontournables de l’artiste, comme Les Joueurs de cartes.
Le parcours Cezanne en images
Année Cezanne à Aix : 100 000 visiteurs fin juillet
Le Parcours Cezanne rencontre un franc succès. À l’Atelier des Lauves, les créneaux affichent complet chaque jour depuis le début de l’été. Les équipes sur place confirment devoir refuser du monde quotidiennement, faute de place. Soit 3 039 personnes n’ont pas pu accéder au site le mois dernier.
Le 31 juillet, le Parcours Cézanne a accueilli son cent millième visiteur, qui a pu bénéficier d’une visite privilégiée des trois lieux. Alors un conseil, n’hésitez pas à réserver à l’avance. La Bastide du Jas et l’atelier des Lauves se visitent jusqu’au 2 novembre, et l’exposition du musée Granet se termine le 12 octobre.
Infos pratiques :
Exposition musée Granet : Ouvert du lundi au dimanche de 9h à 19h, sauf le jeudi de 12h à 22h.
Plein tarif : 18€ – Tarif réduit : 16€.
Visites de l’Atelier des lauves et de la Bastide du Jas : 28 juin au 30 septembre – Tous les jours de 9h à 19h / 1er octobre au 2 novembre – Tous les jours de 10h à 17h30 / Plein tarif : 9.50€ – Tarif réduit : 7.50€
L’Année Cezanne 2025 dans les archives de Gomet’