Depuis le décret de 2010 qui définit les actes de télémédecine, l’application de cette nouvelle façon de consulter a été très progressive. Le texte définit cinq types d’actes : la téléconsultation, qui permet à un thérapeute de donner une consultation à distance à un patient ; la télé-expertise, où un professionnel médical sollicite l’avis d’un ou de plusieurs experts à partir d’éléments du dossier médical du patient ; la télésurveillance médicale, qui permet au professionnel d’interpréter à distance les données nécessaires au suivi médical du patient pour prendre des décisions sur sa prise en charge ; la téléassistance médicale, où un professionnel médical assiste à distance un autre professionnel au cours de la réalisation d’un acte et enfin la réponse médicale apportée dans le cadre de la régulation médicale (Samu).
« C’est la télé-expertise qui a le plus marché, dès le début, affirme Laurent Simon, chargé de mission e-santé à l’ARS Paca. Mais depuis deux ans, la téléconsultation a été mise en place à destination des Ehpad, notamment en gérontopsychiatrie ou en dermatologie. » L’Agence régionale de santé accompagne le développement de la télémédecine, en lançant notamment des appels à projets. Depuis 2011, 8 millions d’euros ont été attribués en Paca. « La solution technique n’est jamais un problème, insiste Laurent Simon. La vraie problématique c’est l’organisation médicale derrière. C’est d’ailleurs la première chose que nous regardons lors des appels à projets. Jusqu’en 2017, on ne savait pas financer l’acte médical de télémédecine. On ne savait pas comment payer les praticiens qui le pratiquent. »
Mais le développement de la télémédecine fait actuellement l’objet d’une volonté politique forte, qui se traduit en particulier par l’article 54 de la loi de financement de la sécurité sociale pour 2018. Celui-ci prévoit plusieurs évolutions, dont l’entrée des actes de téléconsultation et de télé-expertise dans le droit commun du remboursement par l’assurance-maladie, au même titre que toute autre prestation médicale. Pour que ce choix devienne effectif, cet article confie aux partenaires conventionnels le soin de fixer les modalités et tarifs applicables. La télésurveillance médicale demeure dans le cadre d’ETAPES, un programme d’expérimentation qui a débuté en 2014 sur neuf régions, dont Paca ne fait pas partie, pour une durée de quatre ans. Plus complexe à définir, la télésurveillance nécessite ainsi un temps d’appropriation et de développement plus long.
La valorisation des Ehpad passe par la télémédecine
Jean-Claude Pical, directeur du Centre gérontologique départemental à Marseille, qui dispose de 800 lits, en est persuadé : la valorisation des Ehpad passe par le développement de la télémédecine. « Cela peut également passer par des interventions d’équipes mobiles, par exemple, affirme-t-il. La télémédecine est complètement légitime en gériatrie, car les personnes âgées rencontrent des difficultés de déplacement. Nous avons ainsi recensé plusieurs disciplines dans un premier temps, et avons mis en place des téléconsultations en différé en dermatologie, la spécialité où la demande est la plus forte, notamment pour les plaies chroniques, mais aussi en neurologie et en psychiatrie. Ce n’est qu’une étape : pour le moment, ce sont des médecins hospitaliers qui interviennent, avec une rémunération forfaitaire. Il faut l’élargir aux établissements spécialisés pour les handicapés, à la télé-expertise, à la prescription médicamenteuse et aux consultations en temps réel, prévues pour 2019. »
De la même façon, à l’hôpital privé de Clairval à Marseille, « on ne déplace plus les patients pour des consultations d’anesthésie », souligne le directeur général Cyril Szymkowicz. Les rendez-vous pré-opératoires avec le médecin anesthésiste se font ainsi à distance. L’hôpital Clairval teste également la télémédecine entre ses établissements chirurgicaux et ses établissements de rééducation, notamment en cardiologie. « Cela permet d’éviter la prise de rendez-vous, le transport, l’attente, continue Cyril Szymkowicz. En dix minutes, on peut traiter le cas concerné, par une discussion entre le médecin rééducateur et le cardiologue. C’est un changement total de paradigme. » L’ARS a également financé à Clairval un dispositif de télémédecine qui permet un suivi connecté par la télésurveillance pour les patients traités en oncologie, afin de recueillir leur avis, les effets indésirables et les éventuelles complications liées au traitement.
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