C’est promis. D’ici deux ans, neuf TER sur dix seront à l’heure en région Paca. C’est en tous cas l’objectif que s’est fixé la SNCF. Selon les derniers chiffres présentés par la compagnie, la ponctualité est en progression depuis trois ans. En 2016, le taux de régularité des trains régionaux était de 82 %. Trois ans plus tard, il est monté à plus de 86 %. « Depuis deux ans et demi, on mène un travail de fourmi pour régler à la seconde près l’horlogerie fine de la circulation de nos trains. Et les résultats sont là », se félicite Jean-Aimé Mougenot, le directeur régional de SNCF. Malgré les progrès, la région reste bonne dernière au niveau national sur les retards des trains.
Un réseau sans voies
Parmi les explications avancées, le manque de voies ferrées. Avec 1 276 kilomètres de rail sur toute la région, le réseau représente 2,5 kilomètres de voies pour 100 000 habitants, « soit deux fois mois qu’en Auvergne-Rhône-Alpes et quatre fois mois que le Grand Est », fait remarquer le directeur régional. Deuxième accusé, l’état du réseau, l’un des plus anciens de France « Il a besoin d’un renouvellement important. Il est un peu plus vieillissant que la moyenne nationale », avoue le directeur régional. Alors les voies sont souvent en chantier. En moyenne, c’est 18 % du réseau qui sont en travaux contre 7 % au national. L’an dernier, il a nécessité une dépense de 227 millions d’euros pour les différentes rénovations contre 180 millions en 2017. « Notre réseau est difficile, souvent coincé entre la montagne et la mer, avec beaucoup de ponts, de tunnels et des ouvrages d’art », explique Jean-Aimé Mougenot. Enfin, l’organisation de la SNCF elle-même : « L’amélioration de la régularité est aussi liée à nos méthodes de travail », accepte le directeur. Aussi, la compagnie tente une nouvelle approche inspirée du monde de l’industrie.
Dans une usine, toute la chaine de production est méticuleusement organisée pour parer à tout blocage. La SNCF veut adopter ce comportement avec une difficulté supplémentaire : « Notre usine, c’est tout le territoire avec les gens qui vivent dedans. On est soumis aux aléas météorologiques comme aux accidents d’origine humaine. Il faut mettre tout le monde dans le même sens au bon moment pour parer à toute éventualité », avance Jean-Aimé Mougenot. Ensuite, il doit faire un diagnostic complet de la circulation des trains pour mieux l’adapter aux déplacements des voyageurs. « On essaye rationaliser l’utilisation des voies », ajoute-t-il. Et il y a du travail car certaines situations laissent perplexe…
A l’Ouest, un chassé-croisé compliqué
Sur la zone Ouest Provence, la SNCF s’est rendue compte que le chevauchement des deux lignes qui relient Miramas à Marseille, l’une passant par Martigues, l’autre par Vitrolles, provoquait de lourds retards à répétition. Les deux trains se rejoignent à l’Estaque et se croisent avant de rejoindre Marseille, l’un par la gare d’Arenc, l’autre par le Nord. « Du coup, le moindre pépin sur l’une ou l’autre des lignes avait des conséquences sur la seconde. On a donc décider de supprimer ce croisement », énonce simplement le directeur. Pourquoi ne pas l’avoir fait avant ? « Parce que ça impacte tout le réseau même au national avec les TGV. Il nous a fallu trois ans pour y parvenir », explique-t-il. Résultat, l’Ouest des Bouches-du-Rhône est l’une des zones les moins performantes avec encore un train sur quatre qui affiche un retard supérieur à cinq minutes. Même si, ici encore, il y a du mieux car le taux de ponctualité passé de 70 % à 74 % entre 2016 et 2018…
La Région fait monter la pression sur les retards
Face à cette piètre performance de la SNCF, la Région, l’autorité organisatrice des transports ferroviaire, a rompu ses relations puis posé ses conditions à la compagnie en faisant planer le spectre de l’ouverture à la concurrence qui sera possible dès l’année prochaine. Les deux parties sont cependant tombées d’accord en janvier avec la signature d’un protocole d’accord pour la future convention d’exploitation des services TER de la Région de 2019 à 2023. Sur la régularité, la SNCF s’est engagée à atteindre son objectif de 90 % de trains à l’heure en 2020. L’accord prévoit notamment des pénalités pouvant aller jusqu’à 4 millions d’euros en cas de non-respect des horaires ou de non-propreté des rames.
La Région en a aussi profité pour réduire sa contribution au fonctionnement de la compagnie de 276,75 millions d’euros en 2019 à 255 millions en 2023. En contrepartie, la Région prendra à sa charge une part d’investissement de 104 millions d’euros sur la durée de la convention. Pour moderniser le service, cinq trains neufs Régiolis vont être achetés sachant que ces engins coûtent aux alentours de 10 millions d’euros pièce. Enfin, sur l’ouverture à la concurrence, la SNCF confirme qu’elle se prépare à répondre aux appels d’offres qui doivent être lancés en 2020 pour une signature des premiers contrats en 2021. L’ensemble de ces éléments fixe les grandes priorités pour rétablir un service ferroviaire régional de qualité. Le protocole doit encore être voté officiellement lors de la prochaine assemblée plénière du Conseil régional le 15 mars prochain.
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