Alors que Atos semblait bien placé pour racheter le géant de la carte SIM, cʼest finalement Thales qui devrait reprendre Gemalto. Les conseils dʼadministration des deux groupes ont officiellement approuvé leur rapprochement dimanche matin. Thales a fait une offre de rachat à 51 euros par actions, soit un montant total de 4,8 milliards dʼeuros pour Gemalto, une proposition supérieure aux 4,3 milliards mis sur la table par Atos. Le soir même, le groupe dirigée par Thierry Breton , lʼancien ministre de lʼéconomie, annonce « ne pas donner suite à sa proposition dʼacquérir la société conformément à sa discipline financière ».
Vers la création dʼun champion de la sécurité numérique
La contre-attaque de Thales semble avoir été très rapidement organisée suite à lʼoffre publique de rachat de Atos le 11 décembre dernier. Le projet dʼune éventuelle reprise de Gemalto germait depuis plusieurs mois chez Thalès qui a multiplié les marques dʼattention. Résultats, ils ont pu réagir en quelques jours et les discussions entamées précédemment lui ont permis de répliquer avec une offre plus intéressante. Thalès signerait la plus grosse opération de croissance externe de son histoire avec la reprise de Gemalto : « En unissant leurs talents, Thales et Gemalto créent un leader mondial de la sécurité numérique », annonce Patrice Caine, le P-DG de Thalès. Ce rapprochement permettra à Thalès de progresser sur la cybersécurité et ajoutera une nouvelle corde à son arc avec le paiement électronique. Contrairement à Atos, Thalès nʼopère pas réellement dans les mêmes secteurs que Gemalto. Près des deux-tiers des ses activités sortent du cadre opéré par Thalès notamment toutes celles autour de la carte à puce. Concrètement, Thales apportera son activité numérique à Gemalto, qui continuera d’opérer sous sa propre marque, en tant qu’une des sept activités mondiales de Thales et Philippe Vallée, lʼactuel directeur général de Gemalto, prendra la tête de cette nouvelle activité.
Thales maintient le plan social
« J’accueille chaleureusement les 15 000 employés de Gemalto au sein de notre groupe », déclare Patrice Caine dans le communiqué de Thalès. Une phrase qui aurait pu rassurer les salariés de Gemalto menacés par un plan social sur 10 % des effectifs français. Pourtant, dans la foulée, le directeur général de Gemalto a rappelé que les suppressions de postes nʼétaient pas remises en cause : « Ce plan est maintenu, il correspond à la nécessité dʼoptimiser et dʼalléger les effectifs que nous maintenons aujourdʼhui sur la carte SIM », a dit Philippe Vallée sur la radio BFM Business. E rapprochement avec Thales permettra dʼailleurs aux salariés de Gemalto de profiter des offres de reclassement au sein du nouveau groupe repreneur. Les organisations USG-Unsa, CFE-CGC, FO, CGT, CFDT demandent « instamment à la direction » que ce plan social « soit purement et simplement annulé », car « scénario de lʼentreprise en difficulté ne peut plus être évoqué », estime dans un communiqué lʼintersyndicale, qui a écrit lundi à la direction du travail. « Les récents événements ont entraîné une revalorisation sans équivoque de Gemalto. Ces événements ont ainsi changé le contexte économique pris en compte au moment du lancement du plan social le 30 novembre », considère lʼintersyndicale. Cette dernière a demandé la réunion dʼun comité dʼentreprise extraordinaire mardi à 18 H.
Par l’acquisition d’un leader mondial de l’identification et de la sécurité des données, Thales augmente de plus de 3 milliards dʼeuros le chiffre d’affaires de ses activités numériques. Au cours des trois dernières années, Thales s’est renforcé dans les technologies numériques, en investissant plus de un milliard dʼeuros dans la connectivité, la cybersécurité, le big data et l’intelligence artificielle, grâce notamment à l’acquisition de Sysgo, Vormetric et Guavus. L’intégration de Gemalto est une accélération majeure de cette stratégie, renforçant l’offre numérique de Thales sur ses cinq marchés clés (aéronautique, espace, transports terrestres, défense et sécurité). Cette nouvelle activité représentera environ 20% du chiffre d’affaires du groupe et se classera parmi les trois principaux acteurs mondiaux avec 3,5 milliards dʼeuros de chiffre d’affaires sur le marché en forte croissance de la sécurité numérique. L’ensemble combiné emploiera plus de 28 000 ingénieurs, 3 000 chercheurs et investira plus de 1 milliard dʼeuros en recherche et développement.