Au-delà d’être un échelon institutionnel, la métropole d’Aix-Marseille-Provence devrait surtout promouvoir des réalisations concrètes dans la vie quotidienne. GoMet’ vous dresse un aperçu de ce qui pourrait changer dans les prochaines années ; et ainsi vous éviter de passer votre vie dans les embouteillages, par exemple.
Les transports
L’enjeu. La mission interministérielle pour le projet métropolitain est claire : « L’insuffisance et la discontinuité de l’offre de transports en commun est actuellement l’un des problèmes les plus criants du territoire. » Conséquence : des centaines de milliers de métropolitains s’épuisent quotidiennement dans des allers-retours domicile-travail, englués dans un trafic automobile dont l’impact sur l’environnement est aussi mauvais pour la planète que pour leur santé. Chaque jour, ce sont près de 50 000 véhicules individuels qui empruntent par exemple les trois accès principaux à Marseille.
À quoi pourrait ressembler le réseau de transports métropolitain ? La mission interministérielle a créé la carte suivante, à partir du réseau existant, et simplement en rendant les lignes plus visibles :
« Actuellement, dans le domaine des transports, dix autorités organisatrices cohabitent sur le futur territoire de la métropole. Cette fragmentation a des conséquences très préjudiciables pour les habitants du territoire au quotidien », rappelle Olivier Dussopt, rapporteur de la loi MAPAM, interrogé par GoMet’. Les correspondances ne sont pas harmonisées. Les trains et les bus passent à des fréquences variables. Ce manque de coordination est tel que 90% des déplacements métropolitains sont effectués en voiture individuelle, selon un rapport de l’OCDE, y compris pour réaliser des petits parcours… qui s’avèrent finalement très longs. Les transports ne sont pas organisés à la bonne échelle. Parmi les autres bizarreries, l’aéroport : aucun tramway ou bus ne le dessert directement.
Les solutions envisagées par GoMet’. La métropole envisage une meilleure coordination de l’offre des transports. C’est une bonne chose. Car si les lignes existent, elles ne sont pas visibles : depuis Marseille, les utilisateurs ont accès aux transports de Marseille et puis c’est tout. Pourtant, ils voyagent bien souvent au-delà… « La création de la métropole d’Aix-Marseille-Provence permettra l’émergence d’une seule autorité de la mobilité qui organisera les transports urbains sur l’ensemble de son territoire, estime Olivier Dussopt. La future carte des transports en commun aura pour vocation de relier les différents pôles de l’agglomération, qu’ils soient résidentiels, tertiaires ou industriels, en s’affranchissant des anciennes frontières intercommunales. » Avec une carte commune divisée en plusieurs zones pour voyager dans les différents espaces de la métropole, par exemple ?
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[pullquote]Réussir à créer une carte commune pour les transports serait déjà une bonne chose. [/pullquote]
Au-delà, d’autres projets seront mis en œuvre, comme l’explique Vincent Fouchier, directeur du projet métropolitain : « Nous avons décidé de porter trois projets emblématiques de la plus-value métropolitaine, un à chaque horizon temporel : des voies de bus sur autoroute pour maintenant ; des métro-corridors rendus plus performants à moyen terme ; le réaménagement de la gare Saint-Charles dans un long terme pas si lointain que ça ». Tout cela prend du temps. Entre la décision, le financement et la réalisation, plusieurs années s’écouleront pendant lesquelles les citoyens, eux, continueront à se déplacer.
Alors, pour résorber une partie du trafic dès maintenant, pourquoi ne pas opter pour des solutions alternatives, comme l’autopartage ou le covoiturage ? Si cela n’est pas suffisant, une politique incitatrice métropolitaine permettra déjà de réduire le nombre de voitures en circulation. Et de fluidifier les déplacements. Ensuite, il y a autant de déplacements que d’hommes et jamais un service de transports ne permettra de répondre à tous ces besoins individuels. Pourquoi ne pas inciter au coworking, qui permettra à ceux qui le peuvent d’utiliser un seul véhicule pour plusieurs trajets individuels ? Enfin, les nouvelles technologies de géolocalisation peuvent permettre de mieux cibler les besoins de chacun et de créer des plateformes numériques pour que se rencontrent plus facilement l’offre et la demande.
Le logement
L’enjeu. La métropole d’Aix-Marseille-Provence concentrera deux millions d’habitants. Le véritable enjeu, c’est donc celui du logement, notamment social, comme le montre notre enquête sur le sujet : comment répondre à toutes les demandes, surtout lorsque « l’offre est déjà largement déficitaire », pour reprendre l’expression de la mission interministérielle ? Ensuite, l’aspect écologique de ces logements. Sur le territoire de la métropole, le parc HLM est relativement ancien : 70 % des logements ont été construits entre 1949 et 1971. Il faudra construire du neuf qui corresponde aux nouveaux critères environnementaux pour loger tous les métropolitains.
Mais où ? L’espace est déjà saturé. Faut-il encore favoriser l’étalement urbain tel qu’il se pratique dans la région ou bien densifier les espaces où il existe déjà des services publics ? Enfin, c’est toute la mobilité qu’il faut repenser. L’un des enjeux majeurs de la métropole d’Aix-Marseille-Provence, ce sont les déplacements domicile-travail. Il faut donc mettre en accord la création de nouvelles activités avec la construction et la rénovation de logements adéquats.
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La solution envisagées par Go Met’. Innover ? En principe, la métropole sera en charge de l’élaboration du programme local de l’habitat. Celui-ci va planifier l’ensemble de la stratégie d’habitation : définition du nombre de logements, critères et type de logements, moyens à mettre en œuvre… Quand l’espace est déjà saturé, où trouver de la place ? Par la surélévation des bâtiments, le rehaussement des immeubles… Il faut inventer et appliquer les techniques déjà existantes.
L’emploi
L’enjeu. « Compte tenu de sa taille démographique, il manque environ 100 000 emplois sur le territoire d’Aix-Marseille-Provence, avec des conséquences indirectes sur la pauvreté et la délinquance », expliquait à l’Express, en 2013, le sociologue Jean Viard, ex élu divers gauche de Marseille Provence Métropole. Avec 13,3% de chômage sur la zone Marseille-Aubagne au second trimestre 2013 selon l’Insee, la situation économique est préoccupante sans être catastrophique. D’autant que ce chiffre a baissé. Il était de 17,4% en 2010, toujours selon l’Insee. [pullquote]Pour installer des entreprises, il faut résoudre le problème du foncier, qui est largement saturé. C’est d’ailleurs un cheval de bataille des chefs d’entreprises locaux.[/pullquote]
Comment faire pour accueillir les nouveaux venus et leur donner du travail en sachant que, sur le territoire, le foncier est saturé à 98% et qu’il est donc difficile d’y installer de nouvelles entreprises ? Là encore, il manque une gestion unifiée du développement économique dans l’ensemble de l’agglomération. « La métropole d’Aix-Marseille-Provence mettra en œuvre une politique économique commune qui permettra de valoriser les activités industrielles, de haute technologie, de services ou de recherche, argumente Olivier Dussopt, député PS de l’Ardèche, spécialiste du dossier métropolitain. En parallèle, ses actions en matière d’aménagement de l’espace et de transport profiteront également aux entreprises et aux salariés. »
La solution envisagée par Go Met’. Et si tous les acteurs économiques et politiques commençaient par se parler ? Pour l’ensemble du territoire métropolitain, ce serait un début, tant le dialogue paraît compliqué. Les solutions, elles, sont sur la table. Il manque une démarche collaborative, inscrite dans son temps, qui mettrait de côté les divergences politiques au profit d’une démarche globale. En 2010, la CCI avait notamment proposé un plan : « 20 projets pour entrer dans le Top 20 ». Aucune réponse des élus. Le tissu économique existe. Reste à le faire fructifier.
> Et vous, quels sont les changements concrets que vous souhaitez voir dans la métropole ? Dites-nous ce que vous espérez dans les commentaires.
(photo d’illustration : Flick/cc/robonot)