par Yves Delafon, chef d’entreprise, président d’honneur du réseau Africalink
« Il est toujours tentant de simplifier ; On désigne des responsables, des coupables, en faisant bon marché de réalités complexes » (Simone Veil). Être proprement horrifié par l’attaque bestiale du Hamas ne peut justifier d’endosser le discours simplificateur d’une droite israélienne va-t-en-guerre confortée par l’émotion profonde et légitime de la communauté juive en générale et du peuple d’Israël en particulier.
Le sujet est infiniment plus complexe que la majorité des commentateurs ne veulent le faire croire, quel que soit leur camp. L’émotion et la raison font rarement bon ménage. L’amalgame entre condamnation (impérative) de la terreur et défense des droits des Palestiniens, est simpliste autant que mortifère.
La boucherie innommable perpétrée par le Hamas, sous l’œil bienveillant et satisfait de l’Iran, impose une condamnation absolue et justifie des actions ciblées d’éradication de ses responsables par Israël. Nous devons le reconnaitre et l’affirmer.
Israël tombe dans le piège démoniaque des terroristes
Il n’empêche que l’asphyxie et le bombardement de Gaza constituent des crimes. Ce sont également, avec la mise sous tutelle de la Cisjordanie, des fautes militaires et des erreurs politiques. En s’y engageant, Israël tombe dans le piège démoniaque des terroristes, au risque de leur ressembler et de ternir durablement son image.
Le Hamas n’en sera pas affaibli, le nombre de ses soldats, de ses « martyrs » potentiels, sera exponentiellement multiplié par les souffrances de ses otages gazaouis, et ses sources de financement ne seront pas touchées.
Le Hamas, comme le Hezbollah et autres groupes djihadistes, sont des mouvements de terreur contaminant le monde, nés de la violence et de la haine, du désespoir des Palestiniens et de l’exploitation idéologique de ce dernier par des intérêts extérieurs. Ils doivent être combattus avec détermination, mais aussi rendus « non justifiables » par une solution pacifique du conflit israélo-palestinien.
C’est ce qu’avaient compris Itzhak Rabin (assassiné par Ygal Amir un extrémiste israélien), et Anouar El-Sadate (assassiné par Khalid Islambouli, membre du Jihad islamique égyptien). Ces meurtres ont été les expressions directes d’intérêts exogènes qui ne peuvent accepter une possible paix qui ruinerait leur fonds de commerce nationaliste, idéologique et confessionnel.
L’unique issue sera l’existence de deux Etats
C’est la même « stratégie du Mal » qui explique l’action du Hamas pour compromettre les récentes amorces de rapprochements diplomatiques entre Israël et le monde arabe (Accords d’Abraham, normalisation engagée avec l’Arabie saoudite). L’unique issue sera l’existence de deux Etats cohabitant. Cela demande une vision et un courage extraordinaires de la part d’Israël, et beaucoup d’intelligence et de mesure de la part de la communauté internationale. Il n’y a, et n’y aura pas d’autre voie.
Notre soutien entier à l’intégrité, à la reconnaissance et à la sécurité de l’Etat d’Israël dans ses frontières et ses valeurs originelles est parfaitement conciliable avec la nécessité d’accompagner une véritable démarche de création d’un Etat palestinien.
Aujourd’hui, seule la mort est gagnante par la haine, et la soif de vengeances mutuelles qui s’auto-alimentent depuis 1947 ! L’exemple du désastre induit par la « vengeance » américaine après les 3 000 victimes du 11 septembre devrait tous nous interroger, et inspirer les dirigeants israéliens…
Yves Delafon
Chef d’entreprise, président d’honneur du réseau Africalink.