Gomet’, en tant que média attaché à la qualité du débat local, ouvre régulièrement ses colonnes à des tribunes de contributeurs extérieurs. Les positions exprimées dans ces textes n’engagent pas la rédaction.
………………………………………
« Ce lundi 2 décembre s’ouvre à Madrid la COP 25. Elle intervient après que le Parlement Européen a décrété, à une très large majorité, « l’urgence climatique et environnementale », acte inédit qui relaye la mobilisation internationale de la jeunesse ces derniers mois. Alors que les émissions nettes de gaz à effet de serre continuent de croître à l’échelle planétaire (+2% en 2018), nous éloignant toujours plus de l’objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050 et nous menaçant d’une augmentation des températures moyennes du globe de l’ordre de +3 à +5 degrés, il est urgent de se saisir de la transition énergétique et écologique. Les villes sont en première ligne pour modifier radicalement la trajectoire.
Le littoral méditerranéen, y compris la côte des Bouches-du-Rhône, constitue une des
zones du monde les plus exposées, comme en attestent les événements météorologiques récents. Un engagement résolu dans le sens de la ville durable, dont la charte européenne
a été adoptée à Marseille en 2008, s’impose d’autant plus qu’en comparaison des grandes métropoles portuaires européennes qui ont progressé sur plusieurs
Objectifs du Développement Durable, Marseille reste très nettement à la traîne
Le bilan est accablant: record d’émissions de particules fines dans l’air, fortes émissions liées au transport maritime, pollution classique liée au transport routier; exposition trop élevée au bruit liée principalement au trafic, dont il a été démontré qu’il accroît la consommation d’anxiolytiques et d’antidépresseurs ; retard général en matière de mobilité durable mesurée selon les critères établis; net retard en matière d’organisation et d’incitation au tri sélectif des déchets; enfin absence de politique de lutte contre la précarité énergétique et pour les économies d’énergie, qui contribue à la dégradation du parc de logements.
Ce naufrage environnemental aggrave les inégalités sociales qui se traduisent en inégalités spatiales, renforcent le cercle vicieux de la pauvreté et minent notre cohésion sociale. Ne nous trompons pas : les tentatives d’éco-blanchiment des programmes
électoraux trahissent une vision dépassée de la ville, avec des infrastructures lourdes,
coûteuses et inadaptées aux exigences écologiques. L’heure n’est plus à tenter de
rattraper maladroitement notre retard en courant après les mesures prises par les autres
métropoles il y a 20 ans. Nous devons nous affranchir des étapes inutiles et façonner la
ville de demain en nous appuyant sur un principe de frugalité, qui consiste à mutualiser
ou requalifier les actifs existants, inciter au télétravail et au coworking et déployer des
plateformes logistiques pour éviter la saturation du centre ville où les livraisons
explosent.
Marseille peut en outre être un leader de la transition écologique entre l’Europe et la
Méditerranée. En témoignent les nombreux projets recensés lors de récents sommets
internationaux à Marseille sur la limitation des polluants des navires, l’objectif zéro
plastique en Méditerranée ou la lutte contre le gaspillage des ressources en eau.
Rappelons qu’Aix-Marseille Université a donné naissance, sous la présidence d’Yvon Berland, à des instituts de recherche parmi les plus compétitifs au monde en matière de science et d’innovation au service du développement durable. C’est un grand projet de ville durable qui doit voir le jour à Marseille, non seulement pour répondre aux exigences écologiques dont nos concitoyens ont une conscience de plus en plus aigüe, mais aussi car cette ambition permettra aux jeunes Marseillaises et Marseillais de se former aux métiers de demain, porteurs de sens, de s’épanouir tant professionnellement que personnellement, dans un Marseille enfin réconcilié avec sa nature et ses habitants. »
Pr Jean Paul Moatti, Président- directeur général de l’Institut de recherche pour le Développement (IRD) et membre du groupe d’Experts des Nations Unies auteur du
premier rapport d’évaluation 2015-2019 des Objectifs de Développement Durable.
Arnaud Devigne, consultant en stratégie et transformation des organisations, chargé de mission auprès de La French Tech, ancien directeur général d’Indeed France et directeur marketing de Google France.
Yannick Mireur, consultant, fondateur de la plateforme d’échanges économiques Nexus forum sur la ville durable et associé de Smart Cities New York, ancien analyste de
Cambridge Energy Research Associates.
Sylvie Brunet, députée européenne Renew Europe
Bertrand Mas-Fraissinet, Référent LREM des Bouches-du-Rhône