La France possède le deuxième espace maritime du globe après les États-Unis, avec plus de 10 millions de km2. La majorité de son parc marin (96%) est situé hors du territoire métropolitain dont la moitié est en Polynésie Française. Le président de la République, Emmanuel Macron, annonce étendre la protection forte des aires marines en Méditerranée française de 0,2 à 5% d’ici 2027, faisant de ce sujet un enjeu majeur du congrès mondial de l’Union internationale pour la conversation de la nature (UICN).
Plus de 17 000 espèces sont recensées dans le bassin méditerranéen, soit 8% de la faune et 18% de flore mondiales. Menacées par la sur-pêche, les nombreux passages de bateaux (25% du trafic maritime mondial), le tourisme de masse… la préservation de cet écosystème marin est une préoccupation urgente des associations. L’un des outils pour agir sont les aires marines protégées (AMP), définies la première fois lors du sommet de Rio en 1992. « Les aires marines protégées sont des espaces délimités en mer qui répondent aux objectifs de protection de la nature à long terme » selon le portail des AMP. Le code de l’environnement français (article L334-1) en reconnaît plus de 15 catégories dont les parcs nationaux, les sites Natura 2000 ou les réserves naturelles qui disposent de juridictions propres. Les aires maritimes « fortement protégées », dont parle Emmanuel Macron, disposent d’une réglementation encore plus stricte, qui limite l’activité humaine dans ces espaces jusqu’à l’interdire.
Les aires marines protégées représentent près de 8% de la couverture géographique en Méditerranée, en particulier grâce au sanctuaire Pelagos situé entre Hyères, l’Italie et Monaco. « Si vous l’enlevez, on tombe à 2% » explique Marie Romani, secrétaire exécutif de l’association MedPAN, issue du réseau de gestionnaires des AMP en Méditerranée constitué en 1990.
Les 2% restant représentent de petites aires marines protégées « qui ne sont parfois que présentes sur la carte : sans moyen, sans gestionnaire, sans bateau… ». C’est ce que l’on appelle les « paper zone » dénonce Marie Romani. « Certaines aires protégées ne sont que des forums ou des inventaires d’études d’incidence d’activité comme le réseau Natura 2000 » évoquait Arnaud Gossement, avocat spécialiste du droit de l’environnement sur France Culture. Le terme d’aire protégée apparaît donc comme une notion éminemment politique, qui revêt plusieurs formes « allant du symbolique au juridiquement contraignant » observe l’expert.