Soirées agitées du côté de La Plaine ce week-end. Les premiers désordres se sont fait entendre dans la nuit de samedi à dimanche. Pas de quoi s’affoler pour autant. Le dimanche, par contre, les événements ont dégénéré. « On a eu un vrai sentiment de peur », confie Nicolas, du collectif Les riverains de la Plaine et habitant du quartier. Déjà dans l’après-midi, des heurts avaient éclaté entre certains participants du “Carnaval indépendant” de la Plaine, qui ont tenté de pénétrer sur le chantier de la place Jean Jaurès, et des CRS.
À partir de 21h30, le niveau est monté d’un cran. Des affrontements avec les CRS ont eu lieu, des barricades ont flambé, les grilles du chantier ont été forcées. Des vitrines ont aussi été prises pour cible, comme par exemple celle d’une société d’assurance qui a été dévalisée. Des poubelles ont été incendiées et, par ricochet, des scooters garés à proximité. Deux caméras de vidéosurveillance auraient également été détruites d’après La Provence, dans son édition du jour.
Les riverains de La Plaine excédés
Entre 100 et 150 personnes ont participé à ces actes d’après Nicolas, 300 peut-on lire dans la presse. Certains « encore déguisés » des suites du Carnaval. Contactée, l’organisation de l’événement n’a pas donné suite à nos sollicitations. Dans La Provence, Claudine, qui en fait partie, a réagi : « Malgré toutes nos préconisations pour tenter de calmer les esprits, malgré les consignes données pour qu’il n’y ait pas de dégradations, il est bien difficile de contenir certaines personnes ». Toujours d’après nos confrères, la plupart des carnavaliers avaient « désapprouvé » l’appel à se rendre sur la place Jean Jaurès. Sept à huit personnes ont été interpellées pour violence contre les forces de l’ordre. « Les violences s’étaient calmées depuis le mois de novembre (ndlr : après celles liées au démarrage du chantier, début octobre). Nous allons nous réunir rapidement entre riverains et agir, car ce week-end, ça a atteint un trop haut niveau. On se demande à quel moment ça va s’arrêter. Est-ce qu’il faut un drame ? », s’insurge Nicolas.
La Porte d’Aix taguée
Les vitrines des enseignes de La Plaine ne sont pas les seules à avoir été vandalisées. L’arc de triomphe marseillais, communément appelé Porte d’Aix, a été tagué. La foule s’était rassemblée sur cette place pour la traditionnelle mise en feu du Caramantran du carnaval, un char géant caricaturant une personnalité, ici Jean-Claude Gaudin, le maire de Marseille.
Ces dégradations ont été fermement condamnées par les élus. Le maire de la deuxième ville de France, s’est exprimé par voie de communiqué, traitant ces actes d’ « inqualifiables ». « Si certaines revendications peuvent être légitimes, je reste choqué par le déchainement de violence qui porte atteinte à notre patrimoine marseillais historique. Je les condamne avec la plus grande fermeté et je souhaite que les coupables soient sévèrement punis », a-t-il déclaré, en précisant avoir demandé aux services techniques de la ville d’intervenir « sans délais » pour effacer les tags.
Les dégradations commises sur l’Arc de Triomphe de la porte d’Aix sont inqualifiables.
J’ai demandé aux services techniques de la ville de Marseille d’intervenir sans délais pour effacer ces tags, mais aussi ceux sur les façades du palais Longchamp et du palais Carli. pic.twitter.com/2hGx9I1xRV— Jean-Claude GAUDIN (@jcgaudin) 11 mars 2019
Même condamnation du côté de Martine Vassal, présidente (LR) du Département des Bouches-du-Rhône et de la Métropole Aix-Marseille-Provence, et de Renaud Muselier, président (LR) de la Région Provence-Alpes-Côte d’Azur. Pour ce dernier, « aucun combat, aucune circonstance, aucune colère ne peuvent justifier que l’on s’en prenne au patrimoine et à la mémoire de Marseille ». Martine Vassal attend de la justice « la plus grande fermeté » quand Renaud Muselier considère « que [la justice] devra prendre des sanctions exemplaires ».
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