Décryptage
1. Vivons cachés
Une bonne moitié de ces entrepreneurs fortunés est très sobre dans sa communication, voire fermée. Si Marc Pietri ou Pierre Bellon se montrent ou se sont montrés loquaces devant les journalistes, et sont présents sur la Cité, les autres sont des taiseux à qui la non-communication a plutôt réussi. André Einaudi, Jean Pierre Dréau, Olivier Richardson, Henri Brière, Jérôme Fabre ont fait vœu de silence radio et ils développent leurs entreprises à l’abri des curiosités médiatiques.
2. La logistique mal traitée
Si l’on s’en tient aux réussites économiques, la logistique est porteuse. Activité centrale pour CMA CGM, ou partielle chez Daher, Ortec, Foselev, Mediaco elle est dans l’ADN des succès de Marseille alors que le conseil régional a décidé il y a trois ans de supprimer son soutien au Cluster Paca Logistique présidé par Marc Reverchon patron de La Méridionale, un cluster qui avait servi de modèle aux autres régions de France pour structurer leur approche et leur filière.
3. Le service à l’industrie en mal de visibilité
Partiellement ou totalement, Daher, Foselev, Mediaco, Ortec, Mediaco, Sodexo, la moitié des groupes les plus valorisés de la métropole ont démarré leur activité sur le port par le service au navire et ont muté vers le service à l’industrie. Or cette filière ne figure jamais dans les schémas de développement économique de Marseille ou de la région. Les catégories Insee qui incluent ces grands groupes dans un fourre-tout dit tertiaire, le fait que ces industriels du service travaillent souvent chez leurs clients et n’ont pas d’usines en propres, leurs marchés conquis en discret B2B oblitèrent leurs poids économiques, leurs capacités de recrutement et leur adéquation avec les talents régionaux. L’activité de sous-traitance que les Canadiens appellent plus judicieusement l’impartition aurait-elle trop mauvaise presse ? À quand un pôle de compétitivité du service industriel ?
4. Des fortunes virtuelles
La méthodologie de Challenges pour faire les classements des 500 prend en compte la fortune professionnelle c’est-à-dire la propriété d’actions ou titres de sociétés. La valorisation est aisée lorsque la société est cotée : la Bourse donne une valeur de vente de l’action. Idem lorsque qu’une augmentation de capital ou une cession partielle a été rendue publique avec ses montants. La reconstitution du capital est alors fiable. Mais notons qu’il s’agit de valeurs à un temps T. Une variation du marché (comme Boiron récemment) un accident technique, une évolution de réglementation, un retournement de conjoncture peuvent faire chuter cette fortune qui reste donc virtuelle, paradoxalement tant que le chef d’entreprise n’a pas vendu. Pour les autres entreprises, la majorité des 13 métropolitains, les journalistes de Challenges utilisent les méthodes de valorisation [1] qui sont aussi nombreuses que discutées et qui tentent de traduire en euros ou dollars l’actif d’une entreprise. Là aussi les aléas sont évidents et les chiffres n’ont rien de valeurs définitives : ils donnent une approche de la valeur patrimoniale et permettent de mieux connaître notre tissu économique.
[1] Jean-Sébastien Lantz, enseignant chercheur en économie de l’innovation à l’IAE d’Aix-en-Provence, responsable du MSc International Finance a écrit un ouvrage de référence sur la question : « Tout sur la valo ! » aux éditions Maxima.