Avec près de 250 exposants d’ici et d’ailleurs, le salon annuel Vivre Côté Sud attire toujours un grand nombre de visiteurs sur Aix-en-Provence. Plutôt des visiteuses comme on pouvait le constater ce vendredi, dès l’ouverture des portes du parc Jourdan, venues entre copines faire les emplettes de l’été. Il était d’ailleurs bien difficile de se frayer un chemin pour accéder aux stands sur tout le début du parcours. Pas d’inquiétude, le salon se déroule jusqu’au lundi 3 juin compris.
Depuis 2005, le salon Côté Sud propose chaque année de célébrer l’esprit du Sud en croisant décoration, design, artisanat, saveurs. L’édition 2024 a choisi pour thème “Ancrage et métissage” invitant à découvrir comment les gestes et les savoir-faire ancestraux offrent désormais une pluralité de créations entre tradition et modernité. Autant de courants artistiques et culturels que nous retrouvons au fil des allées et des stands, également le long du bassin du parc, où sont exposées des chaises et des céramiques sardes aux superbes lignes, des vanneries en provenance du Ghana réalisées à partir des herbes sèches de la savane, d’autres de Colombie, des céramiques à l’aspect de jaspe séchées au soleil d’Espagne…
D’un atelier à l’autre
Près de 70% des exposants reviennent chaque année mais avec de nouvelles créations. Certains de divers horizons, d’autres également de la région, et l’occasion de les découvrir ou de les suivre au rythme des collections. Ainsi, fidèle au salon et désormais à la tête de l’atelier familial et aixois, Romain Buffile séduit par son talent en noir et blanc. Et tout particulièrement cette année avec cette superbe interprétation d’une carpe Koi en décoration murale.
Installée à la Tuilerie Bossy, Linda Fina a créé la Maison Bonjour. À l’origine architecte d’intérieure et formée aux arts appliqués, elle a choisi depuis 2017 de travailler la terre qu’elle tourne, modèle, peint ou habille de tissage, à travers deux grands axes : un côté mer et l’autre côté campagne. C’est ainsi que se côtoient sur son stand des citrons et des poulpes. « Je me souviens de la cuisine de ma grand-mère comme les barbotines que je remets au goût du jour », raconte Linda Fina dont les créations sont notamment au musée de la Marine à Paris ou au Mucem.
Caroline Augier est également une céramiste de la région. Ancienne maquilleuse de studio, elle avait appris les gestes des tourneurs très jeune et, en 2018, a souhaité reprendre le chemin de la création, au départ pour créer sa propre vaisselle qu’elle ne trouvait pas sur le marché. Sa marque de fabrique est l’empreinte et l’imperfection, mais une imperfection maîtrisée. « J’aime me servir des faiblesses de la terre pour en faire des points forts », explique-t-elle. Installée jusqu’alors à la Tuilerie Bossy, à Gardanne, elle ouvre dans quelques jours son nouvel atelier, « bien plus grand » à Venelles, rue du Grand Logis.
Autre coup de cœur pour le vestiaire féminin fruit d’une collaboration entre le styliste Numa Figuccia et l’artiste peintre-graveur Sophie de Garam. Celle-ci a tout d’abord créé des motifs qu’elle a elle-même imprimés sur une imposante presse mécanique dans son atelier aixois. Puis Numa Figuccia est venu tailler directement ses modèles de robes, vestes, hauts… Le résultat attire le regard. On salue cette belle dose d’originalité sans oublier l’aspect qualitatif des pièces. « Je recherche toujours des tissus qui soient à la fois nobles et confortables », confirme Numa Figuccia.
Faire bouger les lignes
Parmi toutes les propositions, un coup de cœur pour la démarche innovatrice des Laines paysannes. À l’ère de l’industrie textile mondialisée, la coopérative ariégeoise qui regroupe désormais une vingtaine d’éleveurs de brebis présente ses vêtements, accessoires et tapis créés dans ses bureaux et ateliers qui côtoient les champs et pâturages. « Alors qu’on ne sait plus faire en France du fil fin car les machines n’existent plus, l’idée de la coopérative est de redonner un souffle à ce qui existe encore. Nos tapis sont tissés localement, les pulls et accessoires sont tricotés à Lyon et dans le Nord de la France », explique Lisa. Mais cette année, l’innovation de Laines paysannes s’accroche aux murs : Porteplume, tel est le nom des tout récents panneaux décoratifs et modulables, issus d’une longue réflexion éthique et qui offrent une alternative intéressante aux tapisseries murales. Au premier abord, on retient ses lignes simples, son aspect brut et ses tons naturels. Mais Porteplume représente bien plus car « lors de la tonte, poursuit Lisa, seulement 60% de la toison sont utilisés pour faire du fil, le reste est jeté car on se sait pas quoi en faire. Mais cela représente également un manque à gagner pour les éleveurs ».
Des recherches ont été menées en collaboration avec l’agence Pierreplume permettant désormais d’aborder le recyclage et la valorisation de cette laine de seconde qualité grâce à la création de deux kits composés de trois ou cinq pièces, dont la plus grande atteint plus de deux mètres de hauteur, disponibles pour habiller murs et espaces selon ses envies. Autre avantage et pas des moindres, la laine est connue pour être un très bon isolant phonique et joue également un rôle dans la purification de l’air en absorbant certains composés organiques volatiles.
Côté animations, les démonstrations culinaires attirent également les gourmands et gourmets. Cette année encore se succèderont quelques chefs de la région dont la famille Sammut, Ludovic Turc, Camille Gandolfo… Un salon 2024 à déguster sans modération.
Salon Vivre Côté Sud
> jusqu’au lundi 3 juin 2024
> Parc Jourdan-Aix-en-Provence