« Maintenant, c’est à nous, à Marseille, de bloquer la route de la mort. » L’appel lancé par plusieurs collectifs et organisations politiques dont l’UPM (Union pour la Palestine Marseille) a pris corps mercredi 30 juillet, en fin d’après-midi, Porte d’Aix. Le collectif organise tous les dimanches à 14h un rassemblement pour protester contre la famine à Gaza. Mais cette fois-ci, elle avait un but bien précis : s’opposer à l’arrivée au port de Fos-sur-Mer d’un cargo suspecté de transporter du matériel militaire à destination d’Israël, et pour lutter contre le jumelage de Marseille avec la ville israélienne Haifa.
Selon l’UPM, le Cosco Shipping Pisces, un navire marchand battant pavillon hongkongais, doit accoster dans les prochaines heures en Provence. Selon les organisateurs, il transporte 136 tonnes d’acier militaire destinées à Israeli Military Industry (IMI), un des principaux fournisseurs de l’armée israélienne. Cette entreprise, propriété de l’État israélien avant son rachat par Elbit Systems en 2018, est spécialisée dans la fabrication d’armes, de munitions, de missiles et d’équipements lourds utilisés dans les opérations militaires à Gaza.
« Un bon millier de personnes » présentes lors de la marche pour la Palestine
Le cargo, affirment les collectifs, a déjà été refusé par les autorités portuaires de Grèce après une mobilisation locale, puis repoussé à Gênes sous la pression des syndicats italiens. Son arrivée à Fos, selon eux, soulève des questions sur l’implication logistique des ports français dans le conflit israélo-palestinien. « Cette marche s’est organisée en urgence dès que nous avons appris que le bateau se dirigeait vers Marseille », explique Fadela, coordinatrice de l’UPM. Elle évoque « une complicité de la ville dans une guerre génocidaire. »
Le cortège, parti de la Porte d’Aix à 18h30, a réuni « un bon millier de personnes », selon elle. Tous sont appelés à porter du rouge, « pour le sang versé à Gaza.» L’itinéraire mène jusqu’à la Joliette, où la mobilisation s‘est poursuivie avec les prises de parole. Chacun des collectifs — la Jeunesse communiste, LFI, CEDEC, AMC, Palestine 13, Mille bâbord, ISM, Ligne rouge, UJPP, et même des dockers italiens…— délègue un représentant.
Le rassemblement a aussi permis d’obtenir un appel téléphonique avec Wadih El Saoudi, journaliste palestinien actuellement dans la bande de Gaza. Il a pu témoigner de son quotidien, explique toujours Fadela. Des échanges sont aussi engagés avec des militants en Allemagne et à Liverpool. « Une vraie coordination internationale est en train de se mettre en place », indique Fadela. Et la mobilisation pourrait bien s’inscrire dans la durée. « Cette marche a vocation à se reproduire », affirme-t-elle.