Le Club de l’immobilier Marseille Provence qui réunit les professionnels du secteur organisait sa journée annuelle jeudi 12 septembre à Port-Saint-Louis du Rhône. Lors d’une matinée passionnante, les participants ont pu mieux faire connaissance les vastes projets industriels de la zone industrialo-portuaire. Aux enjeux économiques considérables (environ 12 milliards d’investissement, 10 000 emplois créés) s’ajoutent des défis d’aménagements (transports, services, équipements) sur tout le secteur. Il s’agit ni plus ni moins de pouvoir accueillir autour de 40 000 nouveaux habitants en quelques années… Emmanuel Dujardin, dirigeant de l’agence Rougerie + Tangram, président de la commission chargée d’organiser la journée au sein du Club de l’immobilier revient sur les enjeux de cette nouvelle frontière métropolitaine.) Pour lui, « c’est ici qu’il faut venir pour envisager le futur. »
Pourquoi avoir organisé cette journée de l’immobilier à Port Saint-Louis du Rhône ?
Emmanuel Dujardin : Chaque année la journée de l’immobilier montre un morceau de territoire métropolitain. Nous sommes allés sur Euroméditerranée, à Aix-en-Provence, jusqu’à Toulon. C’est l’occasion d’apprendre pour ceux qui participent, 130 personnes aujourd’hui à Port-St-Louis du Rhône, ce qui peut être l’Eldorado de demain. Avec Jérôme Dentz, le président du Club de l’immobilier, nous avons pris conscience lors des récents salons Simi et Mipim du potentiel de cette zone portuaire, avec cet impact de tous les investissements industriels.
Il faut en effet des travailleurs pour les réussir et les accueillir. Et pour cela il faut qu’ils puissent se loger et donc que l’on leur construise des logements. Et il y a aussi la nécessité de développer tous les équipements de loisirs, culturels, scolaires. Il faut fabriquer la ville. Si on veut réussir la réindustrialisation du territoire français, et particulièrement le nôtre, il faut se mettre en ordre de bataille. La sphère publique doit mettre en place les outils pour gérer les déplacements, l’énergie… il faut que la ligne à très haute tension arrive, les documents d’urbanisme doivent évoluer.
C’est tout l’ouest de la métropole qui peut être un relais important d’activités
Les professionnels de l’immobilier à travers cette journée s’informent pour savoir que demain c’était ici que ça se passe. Sinon, ils seront toujours en retard. Il faut un délai important pour fabriquer des morceaux de ville, pour obtenir les permis et construire. Si nous voulons que des salariés soient là dans trois ou quatre ans comme le souhaite la société Carbon par exemple, je pense que l’on est déjà très en retard. Il y un potentiel de dingue à venir sur ce territoire. C’est tout l’ouest de la métropole qui peut être un relais important d’activités pour les professionnels de l’immobilier, que ce soient les architectes, les bureaux d’études, les promoteurs, les constructeurs.
Quel retour après cette matinée d’échanges ?
E. D. : Tout émonde me dit : “on appris énormément de choses.” Je suis très satisfait. Les prises de paroles tant des industriels que des institutionnels, et les perspectives ouvertes par les étudiants de l’Ensam illustrent bien le potentiel sur un territoire qui est encore mal connu.
C’est le bon moment de s’y intéresser. Je pense qu’au sein du Club de l’immobilier, il faut que l’on continue cette année à avoir des ateliers, que l’on fasse venir peut-être les maires comme celui de Fos-sur-Mer qui ne pouvait pas être là aujourd’hui, celui d’Istres, etc, afin de mieux appréhender les besoins. A chaque professionnel de décider, mais je pense que ceux qui ne viendront pas ici louperont un train. Comme le disait Jean-Luc Chauvin (président de la CCI AMP, ndlr), c’est maintenant que le train doit partir. Il faut monter à bord pour ne pas rester sur le quai.
L’ouest de la métropole peut-il être un vrai relais de croissance pour les professionnels de l’immobilier ?
E.D : Les professions de l’immobilier ont un vrai problème pour maintenir leur activité. Là je ne parle même pas de croissance mais de simple maintien. On voit que beaucoup d’entreprises licencient chez les promoteurs, chez les architectes, les notaires, dans les entreprises de construction. Par ailleurs, on voit très bien la difficulté sur les marchés constitués à Marseille, à Aix, à Aubagne, à l’est de la métropole. Dans ces secteurs, le niveau d’acceptabilité limite les projets. Les populations ne veulent pas forcément que l’on construise à proximité.
Ici les élus, comme Martial Alvarez, le maire de Port-Saint-Louis du Rhône, nous disent : “venez sur mon territoire, venez investir, venez fabriquer les conditions d’accueil de la réussite du projet industriel.” Le potentiel immense si toutes les planètes s’alignent comme cela semble vouloir se faire. C’est ici qu’il faut venir pour envisager le futur.
Franchement la Camargue, il y a pire !
On peut dépasser ici les contraintes qui pèsent sur le marché en général ?
E. D. : Je ne connais pas aujourd’hui le prix d’achat d’un foncier pour faire du logement ici. Je ne connais pas le prix de vente. Il faut s’y intéresser. C’est peut-être le travail de l’année. Mis si on veut réussir le pari industriel, il faudra bien que des gens viennent loger ici. On ne peut pas envisager que les gens fassent la navette tous les jours, chacun avec sa voiture. Ils vont le faire quelques semaines. William Joly (directeur délégué du groupe Snef) nous l’a bien raconté : “si mes salariés doivent venir tous les jours de Marseille, ils le feront une semaine puis diront qu’ils en ont marre d’être bloquer une heure au rond-point de la Fossette. Il faut venir habiter dans le secteur. Franchement la Camargue, il y a pire !
Liens utiles :
Alice Vieillefosse, directrice de la croissance de Gravithy (Fos)
Notre dossier sur les projets industriels de la zone de Fos-sur-Mer