Le conseil municipal du 15 septembre devait être « court », mais il aura finalement duré sept heures. Certains sujets ont soulevé de vifs échanges comme la délibération cadre de la Ville pour aider à la dépollution des activités du Grand port maritime de Marseille (GPMM) ou l’aide financière pour l’association de sauvetage en mer SOS Méditerranée.
Les enjeux de dépollution du port creusent les tensions avec la Région
« La Ville s’est engagée très fortement pour que le port effectue sa transition environnementale », estime le maire de Marseille, Benoît Payan (DVG). En septembre 2022, le conseil municipal avait voté une aide financière de 10 millions d’euros. Cette nouvelle délibération, un an après l’annonce du budget, prévoit un plan de la municipalité divisé en six axes dont : l’accélération de la transition écologique des activités maritimo-portuaires (électrification des navires à quai, aide aux équipements…), l’amélioration de la qualité de l’air et de la santé des habitants (financement des études), le renfort de la diplomatie de la Ville (Zone ECA, ZFE maritime) ou encore la consolidation du partenariat ville-port (une nouvelle charte ville-port, contribution du port center). Aucun montant n’est spécifié en face de chaque action. (voir le détail du 1er rapport en fin d’article).
« Il vous a fallu une année entière pour construire ce rapport sans vision et sans nouveauté (…) Vous n’aimez pas ce port de Marseille Monsieur le Maire », lance Alain Gargani, élu d’opposition qui siège également à la Région Sud. « Je ne vous ai croisé qu’une seule fois Monsieur le Maire, le jour de l’élection du président [Christophe Castaner, Ndlr] », renchérit Isabelle Campagnola-Savon, également conseillère régionale déléguée à l’économie. Interrogé en marge du conseil municipal, Laurent Lhardit, l’adjoint à l’économie, assure que « depuis l’élection du président, le maire n’a pas pu se rendre disponible.» L’élu glisse l’idée de permettre qu’un suppléant puisse siéger au conseil de surveillance du port (revoir la séquence en différé à partir de la 12e minute).
Premiers pas de la création d’un marché de biffins à Gèze
L’attribution d’une aide de 20 000 euros à l’association Amelior pour gérer un marché de biffins à Gèze (15e), a également suscité les vives critiques de l’opposition, cette fois à l’extrême droite du conseil municipal de Ma
rseille. Ce rapport prévoit la mise à disposition de locaux communaux gratuitement à 200 vendeurs installés dans un marché sauvage sur la voie : 400 se seraient enregistrés auprès de l’association. Ces vendeurs empêchent les bus de circuler correctement et créer beaucoup d’autres nuisances (saleté, insécurité…). « On doit permettre que le tram arrive dans de bonnes conditions », espère Samia Ghali (Marseille avant tout), maire adjointe en charge du dossier. « Nous devons permettre de manière transitoire de les conduire [les vendeurs] vers un processus de commerçant plus traditionnel. Nous avons le devoir d’amener de l’apaisement dans ce bassin de vie », ajoute Nadia Boulainseur (Marseille avant tout), la maire de secteur. Mais Thibaut Charpentier (RN), conseiller du 13-14, ne le voit pas de cet œil : « La gauche souhaite légaliser ce qui est illégal. C’est un signal désastreux pour les commerçants honnêtes ! »
Conseil municipal de Marseille : aide de 100 000 euros pour SOS Méditerranée
Autre sujet qui a fait bondir les rangs du Rassemblement national : l’attribution d’une aide à l’association de sauvetage en mer SOS Méditerranée. Si Benoît Payan a présenté lui-même ce rapport demandant de ne pas faire de ce débat une tribune nationale, Bernard Marandat met les pieds dans le plat : « Vous voulez toujours plus de migrants quitte à vous faire complice des passeurs ! ». Stéphane Ravier (Reconquête) abonde : « Cette subvention est une insulte aux Marseillais qui travaillent dur. Ils savent désormais à qui leur argent est destiné. »
L’adjointe en charge des affaires sociales, de la solidarité de Marseille, Audrey Garino, hausse le ton : « Les gens n’arrivent pas chez nous, et vous le savez ! SOS Méditerranée c’est notre fierté, nous sommes fiers que leur siège soit dans notre ville ». La subvention de 100 000 euros est adoptée.
La reprise en régie du Château de la Buzine
Le dossier de la Buzine a fait moins de vague que lors du précédent conseil début juillet. Le rapport a adopté la reprise en gestion de ce lieu historique dont 16 personnels. Le Château, qui appartient à la Ville depuis 1995, a été géré pendant six ans par l’association de Nicolas Pagnol, le petit-fils de Marcel Pagnol, sous un contrat de délégation de service publique qui prend fin le 17 septembre. Indigné de ne pas avoir été sélectionné pour continuer cette DSP, Nicolas Pagnol a tenu une conférence de presse hier annonçant retirer l’œuvre de son grand-père de l’enceinte du Château.
Voici le discours de ma conférence de presse. Les méthodes de @BenoitPayan sont inadmissibles. Mes conseils @28OCTOBRE_ @DavidKoubbi sont sur le pont afin que mes droits et l’honneur de ma famille soient respectés. pic.twitter.com/4fs1QJj0vc
— Nicolas Pagnol (@npagnol) September 14, 2023
L’adjoint à la Culture de Marseille, Jean-Marc Coppola (PC) revient sur cette manoeuvre : « Hier lors d’une conférence de presse, Nicolas Pagnol a mis en scène son départ (…) Il est toutefois regrettable qu’il soit plus occupé à menacer de procès qu’à faire vivre l’héritage de son grand-père. » Benoît Payan questionne : « Nicolas Pagnol peut considérer que je suis un mauvais maire, c’est son droit. Pour autant est-ce qu’il a le droit de priver les Marseillais de l’œuvre de son grand-père ? »
Le maire du 11-12, Sylvain Souvestre, demande à la Ville : « Par pitié faites revenir Marcel Pagnol dans son château » et propose une nouvelle fois au maire de Marseille de reprendre le Château de la Buzine en gestion au sein de la mairie de secteur. Benoît Payan sourit à cette proposition.
Conseil municipal : Perrine Prigent élue 10e adjointe à la Ville de Marseille
Le maire accélère ensuite sur les trente derniers rapports avant de procéder à l’élection de sa 10e adjointe. L’édile avait proposé un seul nom pour succéder à Mathilde Chaboche, l’ancienne adjointe à l’urbanisme de Marseille qui a démissionné : celui de Perrine Prigent, conseillère municipale en charge de la valorisation du patrimoine.
Après un vote à bulletins secrets, Perrine Prigent a été élue à la majorité absolue avec 51 voix. Elle conserve sa délégation au patrimoine mais accède au statut d’adjointe. La compétence urbanisme a été confié à Éric Méry en juillet dernier.
Sur 95 votants, 13 bulletins ont été considérés comme des votes blancs ou nuls. Au dépouillement, 31 élus ont glissé le nom de Mathilde Chaboche alors qu’elle n’était pas candidate. « La droite s’amuse… », souffle un proche de la majorité. Mais d’autres voient dans ce vote éparpillé un effritement de l’unité du Printemps marseillais comme l’on montré les tensions au sein du bloc écologiste en amont du conseil.
[Document source] Les 100 délibérations du conseil municipal
Liens utiles :
> La Buzine, marché de Gèze, élection du 10e adjoint : les dossiers du conseil municipal de Marseille
> Revoir le conseil municipal de Marseille en vidéo sur le site de la Ville de Marseille.