L’urbanisme circulaire, vous connaissez ? C’est un concept promu par l’urbaniste Sylvain Grisot qui appelle à revisiter les usages des espaces urbains et à repenser les modes d’extension de nos agglomérations. Quand une ville grandit, elle grignote des espaces, consomme des surfaces naturelles ou agricoles et laisse, derrière elle, des déchets : les friches industrielles, mais aussi les logements vides, les bureaux en déshérence, les stations-service grillagées, les bâtiments insalubres, les terrains pollués. Appliquer à la ville les principes de l’économie circulaire est un « concept pragmatique qui vise à concentrer les efforts de la fabrique de la ville sur l’intensification des usages, la transformation de l’existant et le recyclage des espaces déjà urbanisés » écrit Alain Grisot.
Pour faire la ville sur la ville
Ce sont ces principes qui ont conduit l’Agence d’urbanisme de l’agglomération marseillaise (Agam) et le Cerema (ancien CETE Méditerranée) à travailler ensemble sur le « recyclage urbain », pour sensibiliser les acteurs de l’aménagement à ces enjeux.
Thomas Vermot, urbaniste à l’Agam référent du pôle planification invite à étendre le terme « recycler » qui renvoie aux déchets ménagers à nos territoires et à nos espaces. « Nous avons voulu, explique-t-il pour Gomet’, mettre en avant des exemples réussis de renouvellement urbain, pas uniquement des friches industrielles. Nous avons identifié :
- Des reconversions de site qui, sans démolir un bâtiment, lui allouent un autre usage comme le Silo par exemple.
- Des démolitions reconstructions, comme ce fut le cas avec l’hôpital Ambroise Paré démoli pour construire des logements.
- Ou une densification, une surélévation des immeubles.
Nous avons un objectif régional de division par deux de la consommation d’espace d’ici en 2030, il faut donc réveiller le potentiel des espaces urbains délaissé et construire de façon réversible, en laissant la construction ouverte dès la conception à des usages différents. »
Par contre cette densification urbaine est souvent mal acceptée, voire combattue par les habitants, toujours prêts avec le syndrome Nimby (1) à prôner la densification chez les autres. « C’est une trajectoire, pas un objectif en soi, souligne Thomas Vermot. Il faut optimiser le foncier, mais aussi privilégier la qualité urbaine, les espaces extérieurs, la nature en ville. Certains promoteurs utilisent le maximum des droits à construire ce qui génère des nuisances. »
L’Agam et le Cerema ont donc réalisé un cycle de webinaires intitulé « Les rencontres en ligne du recyclage urbain » qui a réuni 120 personnes, puis trois ateliers avec des acteurs de l’aménagement et réalisé un document de synthèse qui révèle les méthodes pour analyser la morphologie urbaine, repérer les espaces et penser leur mutation. Avec une sélection d’exemples de recyclage urbain, certains très connus, comme l’ancienne base de sous-marins transformée en data center (Interxion MRS3), d’autres à découvrir comme l’ancienne cave vinicole, de Simiane-Collongue qui accueille des logements sociaux en centre-ville. Chaque exemple se structure dans un format de « fiche pratique » développant les objectifs, l’environnement, le foncier, les acteurs impliqués, les leviers mobilisés, les contraintes ou obstacles rencontrés et les retours d’expériences. Ces exemples sont le fruit d’une sélection et sont amenés à être complétés dans le temps.