L’agence ICOM, basée à Toulouse et dirigée par Daniel Luciani, en redressement judiciaire depuis novembre 2018, intègre le groupe de communication Erra, présidé par Éric Radi. Daniel Luciani nous explique les conditions de cette reprise, et son état d’esprit de dirigeant dans cette transition.
Com&Médias Sud: Au vu de la situation d’ICOM fin 2018, ce rapprochement avec le groupe Erra est une issue très positive. La cession était-elle devenue inévitable?
Daniel Luciani: ICOM a été victime d’une escroquerie par une ancienne salariée, et nous avons été placés en redressement judiciaire. Cela bloquait notre activité, rendant très difficile la sortie du redressement judiciaire sans cession de l’entreprise. Nous avons donc lancé le projet de cession, et un candidat s’est porté acquéreur. Le processus a été relativement simple, car nous connaissons Eric Radi du groupe Erra depuis de longues années, et nous travaillions déjà ensemble alors qu’il était photograveur.
Com&Médias Sud: Quelles sont les conditions de cette reprise?
Daniel Luciani: Le groupe Erra reprend la marque, les salariés, mais l’entité morale juridique d’ICOM va être liquidée. La cession est effective depuis le 6 juin. Eric Radi voulait garder la marque et les valeurs d’ICOM, pour les intégrer à son métier de communiquant. Cela prouve sa maturité dans sa vie de dirigeant, et en même temps il y a des synergies possibles, cela renforce les capacités de production. Le processus paraît fluide, mais je ne souhaite à aucun de mes confrères de vivre un redressement judiciaire.
Com&Médias Sud: Quel sera votre rôle dans cette nouvelle configuration?
Daniel Luciani: Progressivement, je passe à autre chose, il était temps pour moi de passer la main. Je reste salarié d’ICOM pendant un an ou deux pour faire la transition, initier la démarche RSE du groupe Erra. De mon côté je cherche à développer ma mission depuis deux ans pour accompagner les dirigeants dans leur démarche RSE, en faveur du bien commun.
Cela prendra sûrement la forme d’une association d’intérêt général, ou d’un fonds de dotation, en parallèle d’une activité de conseil stratégique. C’est pour cela que je reste président d’Icom21.
Com&Médias Sud: D’où vient votre conviction?
Daniel Luciani: J’ai repris Icom en 1993, j’étais salarié, et en 1998 j’ai compris que le sens de l’entreprise n’était pas le sens de l’économie. Nous avons donc une stratégie d’entreprise RSE, j’en ai fait mon métier. Ensuite en 2006 lorsque nous avons construit notre bâtiment, j’ai compris qu’il fallait faire du conseil RSE, mais cela ne s’est pas fait avec Icom. En 2016, j’ai dit que les petites agence de com’ en région allaient disparaître (à cause du développement des freelance, de l’éclatement des budgets, de la difficulté à montrer la création de valeur etc…). Certaines agence restent, mais pour nous, la fin de ce que nous étions, je l’avais annoncée. Cela fait donc trois ans que ma mission n’est plus dirigeant d’agence de com, ma conviction s’est cristallisée. Et enfin cette affaire d’escroquerie m’a fait prendre conscience que ma mission était ailleurs.
Com&Médias Sud: Quel perspectives voyez-vous pour le groupe Erra, avec l’acquisition d’Icom?
Daniel Luciani: Les perspectives sont très bonnes, car avec cette opération, le groupe atteint la taille idéale. Avec Icom, notre chiffre d’affaire oscillait autour des 2 millions d’euros, et à ce niveau là ça ne pouvait pas durer, soit on devenait plus petit, soit il fallait passer un cap et devenir plus gros, ce que nous avions essayé en 2008. En région, il faut faire 4-5 millions d’euros, et c’est ce que fera le groupe Erra, je pense que c’est possible. Il faudra faire attention à garder le côté production et développer le côté stratégique, mais évidemment, le groupe a un gros potentiel pour peser sur la place toulousaine!
Journaliste, rédacteur en chef de la rubrique Gomet' Com et Médias. Expert en innovation numérique des médias, marques et collectivités. Fondateur du cabinet d'innovation numérique Disrupt Média Lab.