La petite cuisine de Sarkozy
L’ancêtre des émissions télé consacrées à la cuisine, réunissait sur le petit écran Raymond (Oliver) et Catherine (Langeais). C’est pour une autre cuisine que sont désormais réunis Raymond (Nicolas Sarkozy dans la chanson de son épouse Carla) et Catherine (Giner adjointe au maire de Marseille). Cette dernière un peu voyante, et surtout criante, s’est vu retirer, après quelques atermoiements, la délégation à la famille par le tout nouveau président de la Région, Christian Estrosi (Les Républicains). Il est vrai que l’élue marseillaise, qui a théorisé au début des années 2000 une partie de ses convictions dans un mémoire universitaire, est anti-IVG, anti-féminisme, contre le mariage entre personnes du même sexe et enfin très réservée sur le fait que les Chrétiens puissent avoir un regard fraternel sur les immigrés. Nicolas Sarkozy, sortant de son buisson, a créé la surprise en repêchant la catholique traditionaliste marseillaise et en la nommant déléguée nationale à la… famille. Comme le dirait Gaudin, il faut lutter contre la tambouille politique.
En 2017 comme un(e) seul(e) homme (femme)
Maryse Joissains dit, avec ses mots, ce que de nombreux maires disent avec leurs phrases. La fronde anti-métropole est montée d’un cran. L’élue aixoise ne se contente plus de pointer du doigt la ville de Marseille, coupable à ses yeux de vouloir s’associer avec une partie du département, pour éponger ses dettes ou ses retards cumulés. Elle désigne désormais, à la vindicte publique, l’incompétence de son collègue marseillais. A l’Union des maires présidée par le maire de Mimet, Georges Cristiani, on n’hésite plus à se démarquer, avec tout juste un peu plus de forme, du sénateur-maire et d’aucuns d’imaginer une présidence « non-marseillaise » de la métropole. Parmi les explications que l’on peut avancer, un effet de la chute de Guérini que les experts de Gaudin n’ont pas vu venir. Au Conseil départemental les élus n’ont pas oublié la complicité objective qu’il existait entre les deux G (Gaudin et Guérini). Et ils pensent que le point « G » est désormais dépassé.
Une fabrique qui tourne à plein
Notre confrère Philippe Pujol, qu’un prix Albert Londres a salué en 2014 pour une série parue dans La Marseillaise (Quartiers shit), connait un grand succès en librairie avec La fabrique du monstre (Les Arènes, 20 €, 316 pages). C’est justice et cette plongée dans un Marseille aussi bruyant qu’invisible, mérite qu’on s’y attarde. Notamment pour un style enlevé, qui ne s’interdit pas les audaces et où l’on ressent parfois l’influence d’un Izzo ou plus encore, dans les jeux de mots, de Libération. Une libraire de Saint Giniez, alors que le bouquin vient d’être réédité après un première vague vite épuisée, nous confiait qu’il avait beaucoup de succès. « Et pourtant nous sommes dans un quartier où la gauche est minoritaire » ajoutait-elle. Oui mais être lucide sur ce qui se passe dans certaines cités devrait être un réflexe majoritairement partagé.
J’écris ton nom… école
La misérable situation de certaines écoles primaires a valu à Marseille d’être une fois de plus pointée du doigt. Certains élus sont venus à la rescousse de la révolte. On ne se refait pas. D’autres s’en sont pris à la malheureuse enseignante par qui le scandale est arrivé et ont osé évoquer un nécessaire devoir de réserve. Comme si les hussards de la République devaient illico rejoindre la grande muette. Certes ils ont, comme un de leur leader, une excuse ils n’ont pas lu la princesse de Clèves et encore moins Eluard dont nous leur livrons des passages de son poème de résistant… « Sur mes cahiers d’écolier. Sur mon pupitre et les arbres… Sur mes refuges détruits. Sur mes phares écroulés. Sur les murs de mon ennui… J’écris ton nom Liberté » A relire d’urgence pour que Marseille ne devienne pas Capitale de la douleur.
On n’est pas des pigeons
C’est une jolie place du sixième arrondissement qui porte le nom du peintre Valère Bernard. Sur sa rive ouest, deux bancs attendent les retraités bavards ou les chalands silencieux. L’un d’eux raconte une des difficultés du vivre ensemble à Marseille. Au fil des ans les pigeons et les étourneaux ont déposé là, juste en face de la mairie annexe, leurs bulletins de vote ou plutôt leur fiente. Les volatiles aiment ce coin de quartier et ses arbres, car ils sont à l’abri de la froidure quand elle s’installe. Il faudrait donc juste le regard d’un élu, et une décision simple pour que ces bancs publics ne subissent pas le regard oblique des passants honnêtes. Les déplacer et redonner à ce délicieux endroit, le goût du bonheur. Et ne pas s’assoir sur ses promesses électorales.
Les deux roues ou les petites reines
On a longtemps appelé la bicyclette la petite reine. A Marseille ce sont les deux roues à moteur qui sévissent comme des petits rois. Ils ont dû rigoler lorsque nos gouvernants ont annoncé que, dorénavant, ils pouvaient se glisser entre les files de voitures. Dans la ville il vaut mieux avoir ses yeux sur les trois rétros et ne pas se fier à la couleur des feux tricolores. Comme on dit ici « le feu n’était pas rouge mais orange sanguine ». Bon, vieux motard que jamais disait ce bon Frédéric Dard ! Mais voilà qu’apparaissent aussi des rues entièrement dédiées pour le stationnement aux deux roues. Rue des Docks à la Joliette est un exemple spectaculaire et le parking du centre Bourse leur réserve un périmètre non négligeable d’un étage, avec une gratuité à longue durée. Ce dernier est vide quasiment 24h sur 24 mais bon, l’intention de Vinci est à saluer. Si vous connaissez un motard en colère il faut qu’il consulte. D’urgence.