Preuve s’il en est que la communication autour d’une nouvelle identité visuelle est un sujet sensible, le nouveau logo de la métropole Aix-Marseille-Provence fait des vagues.
A peine avait-il été dévoilé par le président de l’institution en personne lors des voeux de Jean-Claude Gaudin au personnel, qu’il était aussitôt violemment critiqué par Maryse Joissains, maire d’Aix-en-Provence et féroce opposante à la Métropole. Dans une lettre adressée à Jean-Claude Gaudin, elle estime que « […] le logo produit et révélé est mauvais. Vide de sens, désincarné, tournant le dos à l’avenir, il ne fait preuve d’aucun talent, d’aucun génie. De surcroît je le trouve ordinaire et finalement vulgaire ».
Pourtant, ce logo se voulait rassembleur : avec ses quatre symboles évoquant le ciel, le monde végétal, les reliefs et la mer, il a pour ambition de faire le trait d’union entre les habitants des différents territoires à travers la nature, cette richesse naturelle et exceptionnelle qu’ils partagent.
«Le logo capitalise sur cette nature spectaculaire et développe cette richesse en pictogrammes : le ciel, les espaces de nature, les reliefs, la mer… sans oublier le soleil, qui se glisse comme un clin d’œil dans la typographie », expliquait lors de sa présentation le service communication de la Métropole.
Le X de Aix “atomisé” ?
Maryse Joissains n’a pas perçu ce « clin d’œil », mais plutôt une menace : « le « X » de Aix atomisé, vide en son centre, faisant de la ville une cible constitue une insulte à l’égard de ma ville et de sa population ainsi désignée à la vindicte », interprète l’élue provençale. [NDLR : le X de Aix symbolise un soleil].
Elle reproche aussi aux équipes métropolitaines d’avoir choisi la nouvelle identité visuelle « sans aucune concertation préalable des partenaires incontournables que sont les territoires et leurs présidents », avant d’insinuer qu’elle « préfère y voir la maladresse d’une agence étrangère à notre région, plutôt qu’une malveillance ».
Contacté par Com&Médias Sud, Cédric Ceyte, dirigeant de l’agence de communication 2C Comm, basée à Valence, déplore cette polémique. «Ce logo a été validé à la Métropole par un groupe de travail. Nous l’avons conçu pour qu’il plaise et réponde aux attentes des deux millions de citoyens du territoire ». Ce spécialiste de la création d’identités visuelles, qui compte parmi ses références de nombreuses collectivités, relativise la critique. Habitué aussi bien aux commentaires élogieux qu’aux typiques réactions telles « Un minot de maternelle aurait pu le faire », il est coutumier des rivalités politiques pouvant exister chez ses clients.
Un prétexte pour raviver les tensions politiques
Du côté de la Métropole, Jean-Claude Gaudin lui-même a répliqué à Maryse Joissains : « Elle prend les avantages et elle continue de critiquer ». Selon le maire de Marseille, tous les maires et présidents des conseils de territoire de la Métropole ont été associés jusqu’à la présentation du logo. Or Maryse Joissains n’aurait jamais été présente.
La création de ce logo aurait coûté, selon plusieurs sources, autour de 30 000 euros. Elle a été confiée sur appel d’offres à 2C Comm qui a été retenue parmi 77 candidats. Créée en 2006, l’agence drômoise a accompagné plus de 500 clients, majoritairement des entreprises et des institutions de la région, selon un communiqué de la Métropole.
Aix Up dans le rétroviseur ?
Un débat lancé par la maire d’Aix-en-Provence quelque peu paradoxal. En effet, l’année dernière, la mairie d’Aix faisait travailler une agence « étrangère » (MMAP – Lyon) sur son marketing territorial à destination des entreprises. Pourtant cette compétence revient désormais à la métropole. La création de la marque Aix-Unique-Provence, pour le naming et la création visuelle a coûté autour de 50 000€. Pourtant toujours aucune nouvelle de la marque à l’horizon. Le personnel politique a ses déclarations que la raison ignore.