Dans le centre-ville des premier et second secteurs, la droite dévisse, tant l’abandon social des quartiers, tant les problématiques de l’habitat et des écoles y sont prégnantes. Sophie Camard, devenue l’éventail mélenchonien de la campagne, l’a joué calme et tranquille, elle devance Sabine Bernasconi de 5 000 voix. Dans le deuxième secteur, Benoît Payan a su incarner l’alternance, avec 46 % des voix, loin devant Solange Biaggi et Lisette Narducci qui font chacune environ 2 000 voix.
Tout va donc se jouer vendredi 3 juillet date normale du conseil municipal. Et d’ici là les téléphones vont chauffer.
Celui de Samia Ghali aura des messages ! Elle a gagné de 400 voix. L’élue qui se présente comme la porte-parole patentée des quartiers nord a répété à qui voulait bien l’entendre que son objectif était de briguer et de décrocher un troisième mandat de sénatrice. Elle sait que la mairie lui a échappé, elle n’a pas une appétence particulière pour gérer une maire de secteur. Donc celui ou celle qui pourra lui garantir une place éligible sur la liste sénatoriale (1) aura ses huit voix. « Ce soir, Marseille ne pourra plus se faire sans les quartiers nord » dit-elle sobrement dans un communiqué.
Il reste un scénario de l’extrême que l’on a connu à la région Provence Alpes Côte d’Azur. Après un baroud d’honneur qui ne dégage pas de majorité absolue et où chacun se compte, vient le temps du scrutin à la majorité simple. Si la droite présente un candidat compatible avec le Rassemblement national, un Guy Teissier ou Valérie Boyer au hasard, elle peut l’emporter avec 48 voix, les seules 3 voix de Bruno Gilles feraient alors la différence.
La séance de vendredi sera donc décisive. Présidée par le doyen d’âge, qui peut accélérer ou ralentir le processus, elle désignera un maire. Même mal élu, il dispose d’un pouvoir présidentiel très libre, sauf qu’il lui faut faire passer son budget et ses dossiers en assemblée plénière. La Région nous a donné l’exemple avec le premier mandat de Michel Vauzelle (avant la réforme du mode de scrutin) de ce type d’assemblée ingouvernable qui imposait de négocier avant chaque plénière avec les groupes présents dans l’hémicycle de la place Jules Guesde. Ce fut un temps de marchandages dérisoires et d’immobilité sans vision et sans projet. Souhaitons autre chose pour Marseille.
(1) Les élections de renouvellement de la série 2 pour siéger au Sénat auront lieu le dimanche 27 septembre 2020 et les conseils municipaux devront désigner leurs représentants dits “grands électeurs” lors d’une séance le 10 juillet prochain.