L’adoption de la loi asile et immigration, le 22 avril dernier, à l’Assemblée nationale, n’a pas été sans causer quelques dissensions au sein de la majorité présidentielle. Elle est vécue par d’autres, comme le PCF comme « insupportable » et « injuste » (lire par ailleurs). Les députés La République en marche qui ont préparé puis voté le texte défendent, dans une tribune que nous publions ci-dessous, leurs positions. Ils considèrent être parvenus « à ménager cet équilibre délicat entre humanité dans l’accueil des migrants et fermeté dans l’application des mesures d’éloignement. »
Asile et immigration, ce que les députés LREM en pensent
« On nous avait promis l’implosion du groupe LaREM. Au lendemain, de l’adoption en 1 ère lecture, du texte « Pour une immigration maîtrisée, un droit d’asile effectif et une intégration réussie », nous pouvons dire : oui ! notre navire a traversé les courants, mais non ! il ne s’est pas perdu. Durant plus de 3 mois de travail, notre groupe a été un lieu d’échanges, parfois intenses, de discussions, et de conclusions. Ont suivi 28 heures de débats en commission puis 61 heures en hémicycle.
Face à cette conjoncture migratoire nouvelle du 21 ème siècle, et le constat patent de 30 années d’échecs quelles que soient les volontés politiques, nous avons accepté de relever le défi de repenser notre politique d’accueil. Depuis 30 ans, l’immigration est en effet l’inextricable problème que nos dirigeants n’ont pas su démêler. A chaque fois, la question a été tranchée en opposition ou en réaction à la posture du Front National. Emmanuel Macron candidat, avait tracé la voix d’une réponse pragmatique : accueillir et intégrer avec plus d’humanité, ce qui incluait nécessairement l’accélération des procédures de demande d’asile. Et de répondre avec plus de fermeté à l’immigration clandestine.
La mission que nous ont confié les Français, en nous donnant mandat législatif, est de porter cette responsabilité politique. L’enjeu était donc de ménager cet équilibre délicat entre humanité dans l’accueil des migrants et fermeté dans l’application des mesures d’éloignement.
Humanité. En renforçant le droit d’asile, on se donne les moyens de traiter les urgences humanitaires. Il est prévu un accueil plus digne des réfugiés, en leur garantissant des droits de pré-accueil, d’hébergement et de suivi tout au long du traitement de leur demande d’asile. Humanité aussi dans l’engagement clair du Ministre de l’Intérieur, Gérard Collomb d’améliorer les conditions de vie en Centre de Rétention Administrative, pour ceux qui seraient en risque de fuite. Humanité encore, quand l’Assemblée nationale se prononce sur le « délit de solidarité ». Cette avancée loin de permettre le passage des frontières nationales, dépénalise le fait de transporter, d’aider ou d’héberger un migrant en détresse. Plus encore, nous avons choisi de libérer de l’insécurité juridique les associations qui œuvrent pour l’accompagnement au quotidien dans la dignité et l’intégration du migrant (conseils juridiques, sociaux, linguistiques notamment).[pullquote]Nous avons donc défendu becs et ongles le droit d’asile[/pullquote]Nous avons donc défendu becs et ongles le droit d’asile, et les conditions d’accueil dignes de l’immigration régulière, qui sont la marque du pays des Droits de l’Homme, et une valeur fondamentale de notre République !
Nous restons fermes, en même temps, face à l’immigration irrégulière. L’harmonisation de notre législation à celle de l’Union Européenne nous fait gagner en efficacité, notamment en matière de rétention ou de procédures de recours. De cette réponse commune dépend notre capacité à lutter contre les réseaux de passeurs et leurs pratiques. La crise migratoire que traverse l’Europe est sans précédent. La réponse ne saurait être cantonnée au champ législatif. Elle sera multiple. Le démantèlement des réseaux et la lutte contre les passeurs sont une priorité du gouvernement. Plus de 20 réseaux de passeurs ont été démantelés depuis le début de l’année. La sécurisation des pays d’Afrique ainsi que l’aide au développement, sont deux conditions indispensables pour freiner ce phénomène migratoire. C’est l’objectif visé par le doublement de la contribution de la France aux ONG d’ici à 2022. Un de nos collègues de la majorité a d’ailleurs reçu mandat présidentiel pour proposer une refonte de notre politique d’aide au développement.
Le défi est considérable et nous le relevons sans tabou, démagogie, ni dogmatisme. Dans ce domaine comme les autres, nous n’aurons donc de cesse de porter la République sur le chemin du progrès. Loin de chavirer, nous avons tenu notre cap. Attaqué de chaque côté par nos opposants politiques, nous, les députés LaREM sommes restés soudés. Nous sortons plus forts et lucides sur nos convictions communes, avec pour seule boussole, l’intérêt de nos concitoyens. »Députés membre de la commission signataires :
Caroline Abadie, Laetitia Avia, Florent Boudié, Yaël Braun-Pivet, Emilie Chalas, Coralie Dubost, Nicole Dubré-Chirat, Jean-François Eliaou, Christophe Euzet, Élise Fajgeles, Jean-Michel Fauvergue, Raphaël Gauvain, Marie Guevenoux, Dimitri Houbron, Catherine Kamowski, Alexandra Louis, Fabien Matras, Stéphane Mazars, Jean-Michel Mis, Naïma Moutchou, Didier Paris, Eric Poulliat, Jean-Pierre Pont, Bruno Questel, Rémi Rebeyrotte, Thomas Rudigoz, Pacôme Rupin, Jean Terlier, Alice Thourot, Cédric Villani, Guillaume Vuillet et Hélène Zannier.