« Tout ça pour ça ! » Pour Sophie Camard, la démission du président de la Région Paca, n’est pas complètement une surprise. Au lendemain des élections régionales, l’hypothèse selon laquelle Christian Estrosi ne souhaitait visiblement pas aller au bout de son mandat avait déjà été évoquée ; Christian Estrosi comptant sur la victoire de Nicolas Sarkozy à la primaire, puis à la présidence de la République pour devenir ministre. « J’ai toujours entendu parler de ça, et que Renaud Muselier reprendrait la Région », confie celle qui fut co-tête de liste pour EELV-Front de gauche aux côtés de Jean-Marc Coppola. Ce qui suscite la surprise, « ce qui fait sourire », c’est que cette démission intervienne au lendemain de l’élection présidentielle « et les choses n’étaient pas prévues comme ça, puisqu’on à Emmanuel Macron, comme président.
Par ailleurs, au fil des mois, elle a constaté comme d’autres, que Christian Estrosi n’avait pas l’air ravi d’occuper cette fonction. « Ça ne l’intéressait pas tant que ça en fait. La conférence régionale consultative n’a pas été mise en place. On a vu beaucoup de coups de communication sans contenu et il a vu que ça avait ces limites, comme le bras de fer avec la SNCF, ou encore le plan sur la sécurité qu’il voulait mettre en place et qu’il n’a pas pu, le préfet l’ayant arrêté… Il s’est bien aperçu qu’il ne pouvait pas faire ce qu’il voulait ».
« Vouloir partir à la reconquête de sa ville ».
Sans pour autant vouloir le plaindre, elle évoque aussi les passes d’armes et les injures du FN à l’encontre de Christian Estrosi, à l’occasion des plénières, avant d’ajouter. « Au final, on se rend compte qu’au moment des régionales nous étions nous vraiment les seuls concernés par notre territoire alors que pour Christian Estrosi et Marion Maréchal-Le Pen ce n’était qu’un moment dans leur carrière respective ». En perte de légitimité dans son fief niçois, depuis les élections régionales, Christian Estrosi pourrait se présenter aux législatives pour reconquérir son territoire, sur lequel Eric Ciotti, député de la première circonscription et président du Département des Alpes-Maritimes, a pris du terrain. « On peut lui donner la sincérité d’être attaché à sa ville et de vouloir partir à la reconquête de sa ville ».
Quant au fait d’organiser de nouvelles élections régionales comme l’a demandé Benoît Payan, président du groupe socialiste de Marseille, Sophie Camard n’y est pas favorable pour différentes raisons. « En d’autres temps, j’aurai poussé dans ce sens, mais avec la séquence électorale que nous venons de passer et celle qui nous attend, je me vois mal renchérir. J’ai peur que les électeurs ne s’y perdent et soient fatigués, d’autant que ce n’est pas une obligation. Par ailleurs, je n’ai pas envie de revivre ce que j’ai vécu durant la campagne des régionales où les électeurs étaient complètements désintéressés. La droite a voulu la Région, qu’elle assume aujourd’hui ses responsabilités » Si Renaud Muselier est pressenti pour ce poste, soutenu par le sénateur-maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin et la présidente du Département, Martine Vassal, cela fait sourire Sophie Camard : « Il n’a jamais été très chanceux, alors je ne sais pas ce qui peut se passer… »