« Une année compliquée mais avec des résultats corrects.» C’est ainsi que résume Bernard Deflesselles à propos des résultats de l’agence de Provence Promotion, dont il est le vice-président. A ses côtés, le président de l’agence et de la CCI Aix-Marseille Provence Jean-Luc Chauvin, se veut plus optimiste : « on se demandait si la Provence était attractive pour entreprises, on en a la confirmation ! » se réjouit-il à l’occasion d’une conférence de presse organisée lundi 6 mai, dans les locaux de Provence Promotion aux Docks, à Marseille (2e).
En 2023, l’agence d’attractivité des Bouches-du-Rhône a ainsi accompagné 71 projets d’entreprises, dont 39 venant de l’étranger – soit une augmentation de 11% par rapport à 2022 -, avec une prédominance de l’Afrique ( 14 projets sur 39). Ces 71 projets représentent la création de 1924 emplois sur une période de trois ans. Des entreprises qui sont parfois déjà implantées de longue date sur le territoire et continuent de s’y développer, à l’instar d’Intelcia, spécialiste marocain de la relation client installé depuis vingt ans à L’Estaque, et qui vient d’élargir ses activités vers les solutions techniques informatiques. Derrière l’Afrique, les Etats-Unis et le Royaume-Uni se situent sur le podium des pays qui investissent le plus sur le territoire. Sur la plan national, ces résultats satisfaisants en termes d’investissements directs étrangers (IDE) et emplois associés placent la Métropole Aix-Marseille en troisième position française, derrière Lyon et Toulouse sur la période 2019-2023 (voir le graphique ci-dessous).
« Notre force, c’est de ne pas être mono-industrie »
Les bons résultats affichés par Provence Promotion sont aussi dus à la représentation variées des secteurs économiques sur le territoire, selon le président de Provence Promotion : « Nous ne sommes pas mono-industrie et disposons de nombreux secteurs d’excellence : industrie, maritime, aéronautique … C’est ce qui nous permet de mieux amortir les crises », analyse Jean-Luc Chauvin. Témoin de cette diversité des secteurs, Provence Promotion a convié ce 6 mai la jeune entreprise belge D-Carbonize à sa conférence.
Fondée en 2022, l’entreprise a mis au point un logiciel pour aider les entreprises à décarboner leur activité : « Habituellement, les entreprises qui ont notre profil se tournent davantage vers le Royaume-Uni. Mais nous retrouvons en Provence les secteurs que nous pouvons adresser en tant que clients », explique Frédéric John, co-fondateur de l’entreprise. Pour l’heure D-Carbonize est incubée à Zebox et recherche des bureaux.
Le territoire s’inscrit ainsi à contre-courant de la tendance nationale, où les investissements directs étrangers représentent 5%. Mais ce n’est pas tant la situation française que celle de l’Union européenne qui préoccupe Bernard Deflesselles, ancien vice-président de la commission des affaires européennes à l’Assemblée nationale : « La croissance du PIB (produit intérieur brut) se hisse en Europe à 3,3%, contre 8% aux Etats-Unis. Il faut s’inquiéter d’un décrochage de l’Union européenne vis-à-vis de son voisin outre-Atlantique, sans compter le poids grandissant de la Chine », s’inquiète l’ancien député.
Numérique, acceptabilité, énergies renouvelables … Les défis de Provence Promotion
Provence Promotion veut encore améliorer sa performance, dans un contexte de concurrence mondiale. « Actuellement, nous intervenons en moyenne deux ans avant l’implantation de l’entreprise. Mais nous devons nous situer encore plus en amont dans son développement », insiste le directeur de Provence Promotion Philippe Stefanini. « Nous devons aller au plus près des décideurs, voire aller vers ceux qui ne savent même pas encore qu’ils veulent venir sur le territoire », renchérit Jean-Luc Chauvin. Autre défi selon le président de Provence Promotion : « Il faut accélérer sur les énergies renouvelables pour donner aux entreprises qui veulent s’installer sur la zone industrialo-portuaire une vision sur 18 à 24 mois. » Un pas nécessaire, selon Jean-Luc Chauvin, pour également accélérer sur un autre sujet : le numérique, domaine dans lequel le territoire reste encore un peu à la traîne, malgré les projets d’implantation de data center et de câbles sous-marins : « Il nous faudrait cinq ou six licornes pour ne pas rater le coche », analyse l’élu.
Un autre enjeu majeur est la question de l’acceptabilité des habitants face à tous les projets économiques qui veulent se développer. En témoigne la récente débâcle du projet Hyvence porté par Géosel, dont le maire de Fos a demandé le retrait, face à l’opposition d’une partie de la population. « Le défi, c’est d’expliquer aux gens que l’industrie qui se développera demain n’est pas celle que l’on connaît encore aujourd’hui. J’aurais aimé voir davantage d’acteurs issus de l’écologie prendre la parole sur ce projet Hyvence. Il est certain que l’on n’arrivera pas à tout implanter mais il faut bien expliquer les projets » poursuit Jean-Luc Chauvin. Pour l’année 2024, Provence Promotion tourne déjà son regard vers l’Inde mais aussi la Californie. Le sommet Choose France, qui se déroule ce lundi 13 mai au château de Versailles, auquel participent 1800 investisseurs étrangers, permettra peut-être d’attirer encore davantage de projets sur le territoire …
En savoir plus :
> [Nomination] Florence Gomez prend la direction de la communication de Provence Promotion
> Notre rubrique économie