Au Mucem avec Hervé Di Rosa : « j’ai ouvert les yeux sur ce qu’on ne regardait pas »

Rares sont les expositions qui donnent le sourire. Un air de famille qui se déroule actuellement jusqu’au 1er septembre au Mucem, à Marseille, est de celles-ci. Haute en couleurs et avec des pointes d’humour, il ne faut pas s’en priver. Rencontre avec l’artiste Hervé Di Rosa – curateur pour l’occasion.

Pionnier de la Figuration libre et concepteur de l’art modeste, Hervé Di Rosa n’est pas seulement un créateur prolifique, il est aussi, et avant tout, un collectionneur passionné. L’exposition Un air de famille en fait la démonstration. Elle orchestre une rencontre inédite entre ses propres œuvres, dont certaines réalisées pour l’occasion, et près de 120 artefacts du musée, révélant le rôle central du collectionneur dans la création artistique et la transmission culturelle. Comme cette kyrielle de figurines issues de son immense collection personnelle qui remplirait une armoire rustique traditionnelle où sont conservés d’autres objets de dévotion. « Ce ne sont plus des jouets mais des objets de collection que l’on ne peut plus offrir aux enfants », reconnait Hervé Di Rosa.

Dans les réserves du Mucem, Hervé Di Rosa a retrouvé des objets du Musée des arts et des traditions populaires qu’il fréquentait étudiant, en 1978. « J’y allais régulièrement car il y avait des grands dioramas, par exemple avec les cuisines de tous les pays d’Europe… c’était super. Mais j’ai inventé le terme “art modeste” parce que dans l’art populaire, il y a un vrai paramètre d’utilisation que n’ont pas les objets d’art modeste. Ils m’intéressent pour leurs qualités formelles qui m’ont influencé autant que Matisse ou Rembrandt ».

Pour lui, collectionner n’est pas un simple passe-temps mais un véritable moteur créatif : « J’ai toujours amassé, collectionné, des choses qui servaient à mon travail. C’est en collectionnant, par exemple, les enseignes africaines, au début des années 80, que j’ai eu envie d’aller au Ghana pour travailler avec ces peintres d’enseignes.»

Hervé Di Rosa au Mucem : un univers narratif singulier.

De ses multiples voyages autour du monde et rencontres, Hervé Di Rosa a nourri un univers narratif singulier. « La question du tour du monde ne se pose plus de la même façon, je n’ai plus très envie d’aller dans certains pays. Alors qu’il est tellement facile aujourd’hui d’entrer en contact, le monde est bien plus difficile qu’il y a trente ans, » constate Hervé Di Rosa . Et de conclure : « Depuis les années 90, j’ai ouvert le regard sur ce qu’on ne regardait pas. L’art modeste n’est pas un mouvement ni un groupe d’artistes, c’est juste un regard différent sur les objets qui nous entourent. »

Et pour les plus jeunes, à partir de six ans, une visite de l’exposition puis un atelier de pratique artistique pour créer son propre personnage totémique en clin d’œil à l’univers pop et coloré de l’artiste sont organisés sur inscription (voir liens ci-dessous) les 4 et 17 août.

Informations pratiques et liens utiles :

Hervé Di Rosa « Un Air de famille »
> Jusqu’au 1er septembre
Mucem – 7 promenade Robert Laffont – Marseille 2e
> Sur réservation pour les + de 6 ans : visite + atelier de pratique artistique
le lundi 4 août à 16h30 et le dimanche 17 août à 16h30

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