Parfois critiquée pour son statut « trop parisien », la Caisse des dépôts et consignations a décidé de repenser son modèle et son organisation. C’est à l’occasion d’une grande soirée, au J1, que son directeur Olivier Sichel a présenté la Banque des Territoires (BdT). A travers cette nouvelle marque, il s’agit de donner plus de lisibilité à l’action de la « Caisse » grâce à trois axes forts : proximité, simplicité et rapidité. Cela se traduit d’abord par un rôle plus important donné au directeur régional : Richard Curnier en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Il bénéficie désormais de plus de pouvoir décisionnaire et d’une plus grande capacité d’engagement de moyens au service de projets. Concrètement, sauf dossiers exceptionnels comme, par exemple, celui de la tour La Marseillaise, pour lequel la banque publique a participé à hauteur de 30 millions d’euros, les autres dossiers seront directement traités au niveau régional, et non plus à Paris.
La limite en matière d’investissement est fixée à un million d’euros dans les domaines de la politique de la ville, de l’immobilier et du tourisme. « En prenant en compte l’effet de levier, quand nous mettons un euro, on entraîne d’autres partenaires qui mettent 6 à 7 euros, a précisé le directeur, à l’occasion de la conférence de presse, suivant la cérémonie. Cela nous permettra de proposer à nos clients, bailleurs sociaux, notaires, métropoles, villes moyennes et zones rurales, une offre de financement et d’ingénierie adaptée à leurs besoins », a expliqué Olivier Sichel, se félicitant de la dynamique portée par l’ensemble des clients en Provence-Alpes-Côte d’Azur. Grâce à la Banque de Territoires, il entend « encore mieux accompagner l’émergence de leurs projets et leur impact en termes de développement territorial ».
Avec les nouvelles prérogatives du directeur régional, se pose la question d’éventuelles pressions locales. A cela Olivier Sichel a fait valoir sa totale « confiance dans [ses] équipes, dans leurs capacités à résister à ces pressions si elles se présentent mais aussi dans leur expertise technique pour estimer les dossiers, a-t-il souligné. C’est aussi la transformation managériale que nous avons engagé qui est à l’oeuvre avec cette volonté que les directeurs régionaux fassent davantage pour les territoires ».
Une réponse à la cohésion des territoires
Investissements, conseils, prêts… La simplification du modèle passe également par le regroupement sous une seule bannière de toutes les forces de la Caisse des dépôts. S’ajoute une volonté de réactivité plus importante. « L’engagement que nous prenons, c’est d’être plus rapide, et d’être capable de donner une première réponse en cinq jours », a annoncé Olivier Sichel.
Plus proche, plus simple, plus réactive, la Banque des Territoires entend accentuer sa mission première : lutter contre les fractures territoriales et contre les inégalités sociales. Un enjeu majeur rappelé, lors de leurs discours, par le maire de Marseille, Jean-Claude Gaudin, Richard Curnier, et Thierry Queffelec, le secrétaire général pour les affaires régionales représentant l’Etat : « La Banque des Territoires est une réponse à une préoccupation qui apparaît et qui monte en puissance depuis quelques années. C’est celle de la cohésion des territoires. Nous avons tous compris, le sens, la puissance dans le terme « banque » choisi pour créer un choc d’attention à notre attention », a souligné Thierry Queffelec. Tandis que Richard Curnier a souligné la présence de la «Banque» auprès des villes moyennes « en apportant de l’ingénierie, des financements long terme et de l’investissement pour redynamiser leur coeur de ville ».
Deux plans d’actions opérationnels en région Sud
Richard Curnier a également insisté sur le rôle de la Banque des Territoires auprès des bailleurs sociaux pour leur permettre « sur le long terme de réhabiliter, rénover et construire les logements.» L’occasion pour lui de revenir sur les réalisations pour lesquelles la BtD a apporté sa contribution financière : Smartseille, la Tour La Marseillaise (qui sera inaugurée le 25 octobre), Le Castel qui héberge la Cité de l’innovation et des savoirs, portée par Aix-Marseille Université et qui loge les incubateurs de l’Occitane et de la CMA CGM, le développement de la mobilité à travers l’aide à Totem Mobi, l’Orange Vélodrome pour lequel la BtD « a joué aux côtés d’autres investisseurs pour porter la réhabilitation et l’agrandissement du stade», thecamp, le Village Club du Soleil…
Outre ces investissements, la Banque des Territoires Provence-Alpes-Côte d’Azur met d’ores et déjà en œuvre deux plans d’actions opérationnels : avec le plan « Action cœur de ville », ce sont 13 villes moyennes qui bénéficient de ce dispositif dans la région et avec le « plan logement » ce sont 31 bailleurs sociaux qui ont déjà bénéficié d’un allongement de leur dette, pour un montant global de 92 M€. Ce dispositif doit leur permettre de poursuivre leur dynamique d’investissement en logement social.
D’autres dispositifs ont également été récemment engagés, notamment le véhicule d’investissement « Tonus », lancé mi-octobre et doté d’une capacité d’investissement d’un milliard pour soutenir la construction de logements sociaux, ou la campagne de Prêt de Haut Bilan Bonifié Action Logement (PHB2.0), en vue de soutenir l’investissement des bailleurs sociaux. Ce prêt permet d’améliorer le financement de 10 700 intentions d’agrément de logement pour 2018. Cette dernière opération a été fortement plébiscitée par les bailleurs de la région, lors du lancement de la souscription, au moins de juin. Son orientation vers le soutien des opérations de construction neuves est particulièrement appréciée sur le territoire. Le dispositif sera donc reconduit en 2019 et 2020.
Avec ses 64 collaborateurs, la direction régionale Provence-Alpes-Côte d’Azur de la Banque des Territoires, a octroyé en 2017 près de 1,6 Md€ de prêts, dont 1,3 Md€ pour le logement social, 199 M€ aux collectivités locales et 48 M€ au secteur de l’habitat spécifique, générant la construction de plus de 10 900 logements sociaux et plus de 52 800 logements sociaux réhabilités. La Banque des Territoires a aussi investi 18 M€ de fonds propres dans des projets structurants sur l’ensemble du territoire régional qui ont généré 120 M€ d’investissements.
La Banque des Territoires, des valeurs qui font écho à celles de Bpifrance
Plus de proximité, de simplicité et de réactivité. Le discours de la BdT fait clairement écho aux valeurs portées par Bpifrance. Et pour cause… Le PDG de Bpifrance (filiale de la Caisse des dépôts et consignations), Nicolas Dufourcq n’est autre que le prédécesseur d’Olivier Sichel, chez Wanadoo. Les deux hommes se connaissent donc bien et Nicolas Dufourcq a d’ailleurs aidé à construire le projet de la Banque des Territoires. « Mais nous avons nos spécificités, a précisé Olivier Sichel. On travaille beaucoup plus avec les pouvoirs publics, les collectivités locales, avec les bailleurs sociaux… On partage, en effet, les mêmes valeurs de simplicité, de proximité et d’optimisme, mais nous avons cette notion de solidarité, car nous sommes plus liés à l’intérêt général, là où Bpifrance a la volonté, qui se traduit par le soutien aux entrepreneurs. Et il y a des ponts qui se font comme dans l’hôtellerie où la BdT finance les murs et Bpifrance l’exploitation; sur des sujets également de revitalisation urbaine. Par exemple, lorsqu’on travaille sur des opérations cœur de ville, pour lesquelles on va trouver des entreprises à faire venir, on appelle les collègues de Bpifrance ».