Sébastien Barles, adjoint, en charge de la transition écologique et du collège du futur à la Mairie de Marseille réunit mercredi 26 août les acteurs locaux pour lancer le travail de transformation écologique de Marseille. Objectif : « faire de Marseille un phare Euro-Méditerranéen de la transition écologique et solidaire. » Explications.
Vous annoncez une réunion avec les acteurs de la transition écologique ce mercredi. Quel est l’objectif de ce rendez-vous ?
Sébastien Barles : Face aux signaux de plus en plus en plus inquiétants du bouleversement climatique, à Marseille aussi il est plus que temps de déclarer l’état d’urgence climatique. Aussi, le retard de notre ville nous fait souvent oublier les formidables atouts de Marseille. Notre ville a le goût du futur, de l’aventure collective. Les nouvelles générations, un dense réseau associatif et entrepreneurial vibrent du même désir de voir l’écologie être la matrice du changement de notre ville qui déborde d’énergie, d’expertise citoyenne, de chercheurs, d’imagination et de capacité de création. C’est avec eux que nous souhaitons transformer notre cité. Ensemble, nous pouvons faire le grand bond pour faire de Marseille une ville pionnière en matière de transition.
Selon le dernier rapport du GIEC, 50 à 70% des leviers d’action contre le dérèglement climatique se trouvent au niveau local
Sébastien Barles
La politique que nous souhaitons bâtir s’appuiera sur la rigueur d’analyse nécessaire (le diagnostic est capital), l’innovation et les projets concrets car l’urgence est là. La ville dispose d’un réseau d’experts compétents avec des acteurs de la transition associatifs et entrepreneuriaux actifs et organisés en réseau et des organes déconcentrés de l’Etat (Ademe, Dreal…) avec lesquels il convient de bâtir un vrai partenariat. La méthode que je défends sera celle de la co-élaboration des politiques publiques de transition écologique autour d’outils opérationnels novateurs (contrats de transition écologique, label Cite’nergie…), garants de la cohérence de la politique de lutte contre le dérèglement climatique. Mais c’est faire preuve aussi de volonté politique. Notre équipe municipale est animée par l’optimisme de la volonté qui parfois renverse des montagnes. Paris a baissé de 20% ses émissions de CO2 sur 10 ans. Copenhague les a réduit de 66% en 30 ans. Selon le dernier rapport du GIEC, 50 à 70% des leviers d’action contre le dérèglement climatique se trouvent au niveau local : il faut donc mutualiser les expériences lancées ici et ailleurs pour essaimer les bonnes politiques de lutte contre le dérèglement et pour l’adaptation au bouleversement climatique.
Qui sont les acteurs que vous allez recevoir ?
Sébastien Barles : Nous allons travailler avec tous les acteurs associatifs, économiques et citoyens de la ville. Nous aurons besoin également de l’expertise de structures comme l’Ademe ou l’Agence locale de l’énergie. Nous comptons aussi être accompagnés par les fonds européens et le Ministère de la transition écologique. D’ailleurs, Michèle Rubirola rencontrera prochainement avec moi la Ministre Barbara Pompili.
Nous travaillons avec Théo Challande (adjoint à la démocratie locale) à la mise en place d’une Assemblée du futur composée de citoyens et d’experts de la ville de demain
Sébastien Barles
D’autre part, nous travaillons avec Théo Challande (adjoint à la démocratie locale) à la mise en place d’une Assemblée du futur composée de citoyens et d’experts de la ville de demain gérant les grands enjeux de long terme et notamment l’impératif climatique. Car n’oublions pas que le temps de l’écosystème et de la transformation écologique de notre cité s’inscrit dans le temps long. Le temps court (celui du productivisme libéral) saccage tout. La reconquête du temps long est une exigence capitale. Mettre en cohérence dans le temps et dans l’espace les mesures nécessaires pour faire bifurquer le modèle de production, de consommation et d’échanges est fondamental. C’est la raison pour laquelle nous mettrons en place pour répondre aussi à l’exigence démocratique (qui fait partie intégrante de la matrice écologiste) une Assemblée citoyenne du futur pour concilier justice climatique et justice sociale en faisant respirer la démocratie locale.
Vous parlez de Marseille en considérant que c’est « une ville défigurée.» Quels sont les chantiers prioritaires pour lui redonner un aspect plus acceptable ?
Créer de nouvelles filières économiques et de nouveaux dispositifs public-privé de reconversion et de relocalisation de l’économie.
Sébastien Barles
Sébastien Barles : Mme la Maire de Marseille a un rôle politique important à jouer dans les soins à apporter pour réparer la ville et son tissu social, et dans les actions à mettre en place pour préparer la ville aux défis futurs, avec comme boussole la vision sociale et écologique qui caractérise la nouvelle majorité. Réparer et préparer la ville de demain sont les verbes qui orientent les éléments de ma feuille de route, pour faire de Marseille un phare Euro-Méditerranéen de la transition écologique et solidaire.
L’objectif principal dans le cadre de la délégation que la Maire m’a confiée est de préparer Marseille au défi climatique en mettant en place de grands projets structurants, en développant de nouvelles solidarités, en luttant contre les inégalités et les injustices, en créant de nouvelles filières économiques et de nouveaux dispositifs public-privé de reconversion et de relocalisation de l’économie.
Cela passe par des projets concrets fondés sur des objectifs ambitieux :
– Faire émerger et favoriser la création de 50 000 emplois privés et associatifs dans les métiers de la transition sur le temps du mandat ;
– Lutter contre les inégalités en réalisant un grand plan de rénovation énergétique du bâti privé et public, en ciblant les plus précaires ;
– Promouvoir un urbanisme du futur, climato-résilient et pour tous ;
– Diviser par 2 la facture énergétique de la Ville et la rendre 100% renouvelable ;
– Développer radicalement l’accès populaire et bon marché aux productions alimentaires locales et biologiques ;
– Diviser par 5 la pollution due aux transports individuels dans l’hyper-centre et la pollution des navires de croisières en escale ;
– Rendre la Mairie de Marseille, son administration et ses services publics exemplaires en termes d’impact écologique.
– Expérimenter et développer de nouvelles modalités et mécanismes de solidarité orientés vers la transition à l’instar du Revenu de Transition Écologique.
– Faire émerger et développer de nouveaux outils de financement privé et public de la transition ;
– Favoriser l’essaimage et la croissance des projets viables de l’économie sociale et solidaire et de l’économie circulaire.
Pour réaliser cela il y a besoin d’équiper durablement Marseille pour la transition, avec la création notamment de la Cité de la Transition, tiers-lieu de recherche, d’innovation, de création et de formation aux savoir-faire, procédés et techniques du monde de demain, plus sobre, juste et durable.
Lien utile :
L’actualité de Sébastien Barles dans les archives de Gomet’