Le moins que l’on puisse dire, c’est que construire en bois n’est pas dans les habitudes provençales. Hormis le projet Cap Horizon à Vitrolles – dont les trois premiers bâtiments ont été livrés fin septembre, le siège aixois d’Orange ou encore la livraison à la mi-novembre d’une tour à ossature bois dans le quartier de Bougainville (Marseille), on y trouve peu de projets de constructions bois à l’horizon.
A l’heure où le tout-béton commence à être décrié sur le territoire métropolitain, Stéphane Bouquet, vice-président de l’interprofession Innov’Bois, Emmanuel Dujardin, président de l’agence Tangram architectes, et Jean-Paul Gandolfi, chef de l’unité bâtiment France chez BG Ingénieurs conseils, tentent de « prêcher la bonne parole ».
« Militants du bois » contre « lobby du béton »
Emmanuel Dujardin, Stéphane Bouquet et Jean-Paul Gandolfi ont l’habitude de travailler ensemble, et cela se voit. Complices dans le travail, ils partagent également une même vision. « Nous sommes des militants du bois » disent-ils en riant, dans le décor très art-design fourni par l’espace de co-working Cité Fab (2e arrondissement de Marseille), au rez-de-chaussé duquel Tangram possède ses locaux. « Ce sont des Français qui ont inventé les techniques de construction en bois massif », explique Stéphane Bouquet. « Malheureusement, contrairement aux Allemands, nous n’avons pas continué, à cause du lobbying du béton » regrette-t-il.
Pour les trois professionnels, la comparaison entre matériaux s’effectue nécessairement sur un plan écologique. « Un mètre cube de bois, c’est une tonne de CO2 stockée » explique Stéphane Bouquet. Emmanuel Dujardin, lui, relève que pour couler du béton, « il faut faire chauffer à très haute température un minerai, le clinker, dont la combustion rejette beaucoup de CO2 ». Résultat : « un mètre cube de béton, c’est une tonne de CO2 » assène-t-il, pointant le fait « qu’entre un matériau qui va stocker du CO2, et un autre qui va en rejeter, il y a un impact qui n’est pas neutre ». Jean-Paul Gandolfi abonde : « il y a un bilan dont le grand public ne parle pas, c’est le bilan H2O » explique l’ingénieur, qui souligne également « la pénurie de sable » que causera tôt ou tard l’industrie du béton. A l’inverse, « le bois utilise très peu d’eau ». Et pas du tout de sable.