C’était une grande première. Et c’est à Marseille qu’elle a lieu. Rappelez-vous, le 6 juin dernier. La Régie des transports de Marseille (RTM) mettait en service la première ligne de bus 100% électrique de France ! La ligne 82 est, depuis cette date, réservée à six « i2e » – c’est leur nom – de couleur verte, qui relient La Bourse-Canebière à Euromed Arenc d’un côté et Pharo-Catalans de l’autre. Pour la RTM, il s’agit forcément d’un prélude au bus de demain. « Parce que les énergies fossiles ne sont pas inépuisables et que la qualité de l’air en ville est une priorité pour tous. L’avenir du transport public urbain en bus s’envisage en motorisation hybride (thermique + électrique), et plus vraisemblablement, à termes, en tout électrique ».
C’est à l’issue de l’expérimentation réussie, l’hiver dernier, d’un bus 100% électrique sur la ligne 83, entre le Vieux-Port et le rond-point du Prado, que la RTM a donc décidé d’investir, en partenariat avec la Métropole Aix-Marseille Provence, dans six bus à moteur électrique. Un investissement de 2,5 millions d’euros qui a permis l’acquisition des « i2e » de marque Irizar : les premiers autobus urbains conçus avec une technologie propre.
99% des usagers déjà satisfaits
Dotés d’une capacité d’accueil de presque 70 passagers, soit 42 places debout et 24 assises et des unités pour fauteuils roulants, ces « géants verts », de 12 mètres de long, sont capables de rouler jusqu’à 250 kilomètres sans recharger leurs batteries. Aujourd’hui, chaque véhicule parcourt en moyenne 180 kilomètres par jour. Les « i2e » répondent également aux objectifs de préservation de l’environnement et de qualité de vie en milieu urbain. D’ailleurs, dans une récente enquête réalisée par la RTM, 99% des usagers se disent satisfaits de ce moyen de locomotion, et le jugent plus agréable que les bus standards, en raison de son faible niveau sonore, la souplesse de la conduite, son confort… Même la couleur séduit.
Les conducteurs, eux aussi, louent le silence très reposant des « i2e » et le plaisir de conduire. Ils estiment également entretenir une relation plus qualitative avec l’usager, liée au capital image de ce type de bus. 85% des personnes interrogées ont su, une fois à bord, qu’elles circulaient en bus électrique. 4 000 usagers par jour empruntent cette ligne, pour un temps de trajet moyen de 23 minutes.
« For a better life »
Ces bus électriques constituent aussi un investissement dans le temps, puisqu’il s’agit de s’approprier cette nouvelle technologie et de l’expérimenter sur une longue durée. À l’heure actuelle, en tenant compte de l’acquisition, la maintenance, des équipement de rechargement et de l’adaptation des infrastructures, le coût global d’un bus hybride et/ou électrique reste supérieur au coût d’acquisition et d’exploitation d’un bus thermique, mais ce contexte devrait rapidement évoluer avec la production à grande échelle de ces véhicules par les constructeurs. Irizar, qui a fait de « for a better life » sa devise, devrait d’ailleurs ouvrir une usine entièrement dédiée à sa production de véhicules et stations de recharges électriques sur un nouveau site dans le pays basque.
Exploités depuis deux ans à Londres, les « i2e » ont démontré d’excellents résultats opérationnels, ce qui a tout récemment motivé la signature d’un accord de service et de maintenance avec le principal opérateur privé de la capitale britannique, Go-Ahead London. Richard Harrington, directeur d’ingénierie de la plus grande compagnie d’autobus de la ville a affirmé que « la technologie de l’e-bus n’est plus une affaire d’avenir. Il s’agit d’une réalité palpable qui permet de proposer un service fiable aux passagers ».
Passage progressif à un parc autobus totalement électrique
A Marseille, il est encore trop tôt pour tirer un bilan. D’ici à un an, si les résultats sont concluants, c’est dans le même sens que devraient s’orienter la RTM et la Métropole Aix-Marseille Provence.
La Métropole se fixe l’objectif ambitieux de supprimer progressivement le diesel dans les transports collectifs, au profit de l’électrique (en milieu urbain) et le gaz naturel pour véhicules (GNV) permettant une quasi-disparition des particules fines. La valorisation du biogaz issu des stations d’épuration est actuellement à l’étude : elle permettrait de faire circuler environ 250 bus. Cette transition énergétique est un enjeu majeur, non seulement pour le parc de véhicules, mais aussi pour les 36 dépôts à équiper en stations de recharge. Ainsi, la Métropole espère que 50% de la flotte de cars roulera à l’électrique ou au biogaz en 2025. Une démarche économique et écologique qui plaît, puisque 85% des usagers estiment qu’il est important d’investir dans les bus électriques qui donnent une image d’entreprise qui s’engage dans les technologies de demain et dans le respect de l’environnement, toujours selon l’étude de la RTM, en date du mois de septembre.
L’électricité a été identifiée comme étant l’une des alternatives les plus prometteuses pour le transport, et son application aux autobus urbains prend incontestablement de l’ampleur. Seul bémol, l’évolution technologique ne constitue pas un réel levier pour développer les transports en commun : 63% des interrogés ne les utiliseront pas plus… car d’autres problématiques subsistent (fréquences, connexions etc). Pour autant, miser sur des transports plus propres pour des villes plus respirables, reste l’un des enjeux incontournables dans l’une des villes les plus polluées de France.
Repères Les « i2e » en quelques données techniques :
> Autonomie des bus : de 12 à 16 heures – jusqu’à 250 km.
> Durée de rechargement : 5 à 7 heures.
> Équipement au garage : six stations de recharge.
> Temps moyen de recharge des bus : 6 heures.
> Données environnementales : Les bus sont conçus pour ne pas générer d’émissions polluantes. Ils contribuent à la réduction de 88 tonnes de CO2 d’émission annuelle. Ils permettent une économie estimée d’énergie annuelle de 33 000 litres de combustibles. Ils développent une recyclabilité maximale de ses composants.
Reportage réalisé en partenariat avec la Métropole Aix-Marseille-Provence