Pour conquérir de nouveaux clients, la Caisse d’Épargne Provence Alpes Corse (Cepac) s’est offert en 2016 trois grandes banques des territoires outre-mer pour la modique somme d’un milliard d’euros. « Gagner des parts de marché en Paca en valeur absolue, ce n’est pas possible », affirme Sébastien Didier, membre du directoire en charge du développement sur le territoire métropolitain. Alors pour maintenir ses résultats, la banque doit se réorganiser à commencer par son réseau d’agences.
Des agences collaboratives et high tech
Les dernières études semblent montrer une désertification des boutiques par les clients : « Un quart d’entre eux ne viennent plus et beaucoup se plaignent de problèmes d’accessibilité ou de disponibilités des conseillers », avoue Serge Derick, membre du directoire et responsable du management des équipes. Une situation critique que le groupe compte renverser en donnant naissance à un nouveau modèle d’agence « collaborative ». Fini les bureaux individuels et le stagiaire qui accueille les clients avant de les réorienter vers les conseillers plus expérimentés. Maintenant, tout le monde fait tout et travaille dans un grand espace partagé. Même le directeur d’agence doit désormais participer aux tâches les plus simples comme répondre au standard téléphonique : « Ce nouveau modèle a fait passer le taux de réponse aux appels entrants de 40 % à 80 % », illustre Sébastien Didier.
Ces agences d’un nouveau genre (à l’instar de la banque pro Finom) proposeront également aux clients les plus fortunés des salons haut-de-gamme. « Si il est difficile de progresser en nombre de clients, on peut s’améliorer sur les flux et donner envie à nos clients de consommer encore plus de services bancaires », explique Jacques Derégnaucourt, membre du directoire de la Cepac en charge du pôle Finance. La Cepac va investir 50 millions d’euros dans ce vaste chantier de modernisation qui a déjà commencé. L’agence Euromed de la Joliette fonctionne déjà en mode collaboratif avec également des bornes connectées et de nouveaux services numériques. Selon le calendrier établi, 80 % du réseau aura fait sa mutation d’ici deux ans. Cette transformation s’accompagne également d’une rationalisation du réseau. La Cepac prévoit au total un plan de fermeture de 60 agences : « Les agences de deux ou trois personnes étaient inefficaces. Il vaut mieux regrouper les équipes sur des sites plus importants », explique Sébastien Didier. Face à la baisse des taux de crédits, les banques voient leurs marges fondre. Malgré tout, la Cepac est parvenu à maintenir de bons résultats sur l’année écoulée.
Tous les voyants sont au verts à la Cepac
En 2017, la banque provençale a réalisé un produit net bancaire de 805 millions d’euros, en hausse de 2 % et a dégagé un résultat net de 165 millions d’euros lui aussi en augmentation de 4 %. Ces bons chiffres confirme son importance au sein du groupe an tant que deuxième Caisse d’Épargne de France. Les encours de crédit sont également en progression de 5 % pour atteindre les 24 milliards d’euros. Comme pour nombre de ses consœurs, le dynamisme du marché immobilier local a porté ces performances. La Cepac détient 18,8 % de parts de marché des crédits immobiliers sur son territoire en 2017. « Ce sont plus de 50 millions d’euros de crédits immobiliers qui sont engagés chaque semaine », précise Sébastien Didier.
Avec ses 3,3 milliards d’euros de fonds propres, la Cepac se voit également comme un catalyseur de projets pour l’économie régionale. Outre le milliard d’euros de crédits accordés aux entreprises l’an dernier, elle investit directement dans des projets phares comme la tour La Marseillaise dans laquelle elle a investi 200 millions d’euros pour un tiers du capital. La banque est également financeur de The Camp, de Domaine Vallée Verte ou encore de La Coque à Euromediterranée. Elle est actuellement présente dans une quarantaine de tour de table sur des opérations de promotion immobilières. La Cepac investit également au sein des fonds de financement des entreprises comme P factory, Tertium ou Connect. Dernière opération en date, la banque a investi 5 millions d’euros au sein du fonds Ardian Croissance afin de les attirer à Marseille. « Nous devons aussi dépenser de l’argent pour faire venir des fonds parisiens sur notre territoire pour qu’il découvre son potentiel et accepte de financer les entreprises les plus prometteuses », rappelle Sébastien Didier.
Joël Chassard : un écureuil « canal historique » prend la tête du directoire
Le remplaçant d’Alain Lacroix à la tête de la Cepac se fait encore discret. « Je dois encore apprendre beaucoup de choses sur ce territoire et je préfère laisser parler mes collègues sur les résultats de la banque », avance avec humilité Joël Chassard, le nouveau président du directoire de la banque. Pourtant, il ne manque pas d’expérience avec 32 ans passés au sein du groupe Caisse d’Epargne. Finance, risque, développement… il a à peu près occupé tous les métiers. Il a ensuite dirigé comme président du directoire de nombreuses caisses du groupe, pendant 15 ans, la dernière en date étant celle de Normandie dont il a dirigé la fusion. « Je suis très content d’arriver ici. De toutes les caisses disponibles, c’est certainement la plus belle », affirme-t-il. Son arrivée va s’accompagner d’un élargissement du directoire qui va passer de quatre à six personnes.
Catherine Reljic de la direction de la banque commerciale et du digital du groupe BPCE va bientôt rejoindre la Cepac comme responsable développement de l’ensemble des marchés. Pour l’outre-mer, c’est Alain Ripert, actuel président de la Bicec, une banque camerounaise du groupe BPCE, qui prendra les rennes à partir du 1er septembre. Pour les années à venir, Joël Chassard veut miser sur la modernité, aussi bien techniquement que humainement : « Nous sommes confrontés à une rude concurrence avec les fintech. Il faut donc trouver un moyen de baisser nos coûts grâce aux nouvelles technologies mais aussi d’améliorer la relation client. Il faut s’attendre une transformation en profondeur de la culture d’entreprise de nos collaborateurs et des managers », annonce-t-il.