« Les problèmes sur la valve aortique sont très bien traités depuis une quinzaine d’années sur la base du modèle développé par Alain Carpentier dans les années 60 mais pour sa voisine, la valve mitrale, nous n’avons toujours pas trouvé de solution efficace », explique Michel Kaczorek, le président de Kephalios. La société, créée en 2011, s’est donc lancée dans le développement d’un anneau mitral réglable pour éviter les fuites au niveau de la valve. Ce dispositif médical est ajustable grâce à une intervention transcatheter, c’est à dire sans opération à cœur ouvert, avec une simple incision sous la peau, « un peu comme on change les piles d’un pacemaker », précise Michel Kaczorek.
Un projet collaboratif à 30 millions d’euros pour construire une filière cardiovasculaire
Si le siège social de Kephalios est domicilié à Paris, l’entreprise a déménagé son site opérationnel sur la zone de la Duranne à Aix-en-Provence en janvier 2016. Cette décision a été motivée par le dynamisme de l’écosystème médical local mais « c’est le pôle de compétitivité Eurobiomed qui nous a convaincu, notamment avec leur expertise sur les appels à projets », affirme le patron. Kephalios est chef de file du consortium Mivana qui fédère deux entreprises, Epygon, MDB Texinov, et l’institut français du textile et de l’habillement (IFTH) afin de développer une filière cardiovasculaire en France. Lauréat depuis mi-2015 de l’appel à projets structurants pour la compétitivité de BPI France, il est financé à hauteur de 8,6 millions d’euros dans le cadre du programme d’investissements d’avenir. Le consortium a d’ailleurs reçu la deuxième des versements à la fin de l’année dernière. Au total, l’ensemble des partenaires ont prévu d’investir 30 millions d’euros dans ce projet collaboratif qui doit aboutir à la création d’une filière industrielle pour la production de dispositifs médicaux utilisés dans la chirurgie cardiovasculaire.
Les premiers tests chez l’homme avant la fin de l’année
Kephalios a débuté les test in-vivo de son prototype de valve sur l’animal depuis 2015 et, fort de bons résultats, s’apprête à l’essayer chez l’homme d’ici la fin de l’année. Les premiers tests humains seront réalisés dans un premier temps en Autriche et en Italie à cause des complications administratives en France. Pour financer ses travaux, l’entreprise a déjà levé plus de 5 millions d’euros depuis ses débuts auprès de fonds gérés par Truffle Capital dont un tour de table à 700 000 euros bouclé il y a tout juste trois semaines. La prochaine levée de fonds sera plus conséquente avec l’objectif de réunir 2 millions d’euros à la fin de l’année. Kephalios ne compte pas réaliser de chiffre d’affaires avant 2020 mais elle s’attend à terme à plusieurs dizaines de millions d’euros. La mise sur le marché de son dispositif pourrait intervenir d’ici trois ans sur le marché européen mais la société souhaite très rapidement se lancer aux Etats-Unis pour ne pas se faire dépasser par d’éventuels concurrents sur un marché très protectionniste.