Le 13 septembre dernier comme l’annonce l’avis de décès paru dans la Dauphiné libéré l’architecte, Éric Castaldi, 69 ans « a replié table à dessin définitivement. Il a quitté la ferme du Rose, dans les Hautes Alpes cette dernière aventure agricole et forestière qui a su le rendre heureux au quotidien. »
Actif comme archi depuis 1985, il s’était fait une spécialité de la restructuration de bâtiments existants et des friches. Son premier coup de maître connu est celui des Docks de la Joilette, . Le promoteur Michel Kester avait consulté de grands noms de l’architecture qui tous prévoyaient d’éventrer le bâtiment pour lui ajouter des incises incongrues, de détourner le sens des Docks, de noyer l’histoire dans un pseudo-geste contemporain. Lui prit le parti de conserver les 365 mètres du bâtiment et ses quatre saisons, mais d’ouvrir une rue de 365 mètres au centre de bout en bout. Pour en rythmer le cheminement, il fit couler les encadrements de fonte qui ouvrent chaque patio et il consacra les quatre cours aux éléments : l’air, l’eau, le feu, la terre. Il était fier d’avoir fait venir des palmiers d’Andalousie et d’avoir ouvert les superbes sous-sols voûtés.
À Marseille, on lui doit aussi le Silo d’Arenc et la Station Alexandre. Tous sont marqués par un immense respect pour le patrimoine, par la mise en valeur de l’architecture Eiffel de Station Alexandre ou des formes contraignantes d’un silo à blé pour en faire une des plus belles salles de spectacle de Marseille. Respectueux du bâti, cet « idéaliste porteur d’une culture ouvrière » comme il se définissait, avait une capacité à transformer le bâti pour les usages modernes, contemporains, quotidiens. Aux Docks on lui doit par exemple les grands puits de lumières qui font respirer les bureaux.