Depuis trois ans, le credo de la start-up allaudienne Sportall n’a pas changé : diffuser tous les sports et pour tous. Mais son ambition s’est renforcée : les dirigeants veulent accélérer la croissance à l’international après une troisième levée de fonds de 2,9 millions d’euros bouclée le 28 juin 2022. Créée en 2019 par Thierry Boudard et Arnaud Caron, la plateforme de streaming d’évènements sportifs « Sportall » compte aujourd’hui 20 salariés et plus de 350 000 utilisateurs.
Amis depuis 2005, les co-fondateurs se rencontrent en Bretagne. Ensemble, ils montentMaligneTV« la première plateforme TV sur l’ADSL»pour le compte d’Orange, France Télécom à l’époque. Après 15 ans d’expérience dans les vidéos diffusées sur internet, Thierry et Arnaud captent un « message fort» du marché. « La musique était digitalisée avec Deezer et Spotify, les séries avec Netflix et Disney et tous les gros médias lançaient leur plateforme de vidéos à la demande. Le dernier bastion des médias c’était le live sportif. La preuve en est que, deux ans plus tard, la ligue 1 est diffusée sur Amazon prime », analyse Thierry Boudard contacté par Gomet’.
Si les chaines de télévision se mettent en ordre de marche pour diffuser du contenu sportif en ligne, « Sportall » entend se différencier en occupant le segment des sports « moins regardés » que le football, de « seconde zone » comme le cyclisme, l’athlétisme ou le canoë-kayak.
Avec cette idée, les co-fondateurs intègrent « la manufacture » de l’incubateur de la Belle de Mai à Marseille, un programme public. « On avait beau avoir 15 ans d’expérience, avoir déjà une idée, savoir comment on délivrait du contenu à un fan, il était nécessaire d’avoir une équipe qui vous déroule des process et surtout qui vous challenge », nous confie l’entrepreneur. Après ces trois mois de « stage intensif », la société de diffusion intéresse rapidement ses premiers clients et développe son propre modèle économique.
« Ce modèle économique, c’est une révolution dans le monde du sport »
Là où les médias vendent leurs droits TV des millions d’euros, Sportall préfère ouvrir gratuitement la plateforme aux « fans » et laisser le choix à ses clients de monétiser le contenu. « L’ayant-droit met à disposition ses droits TV et nous travaillons ensemble à les monétiser. Ce modèle économique, c’est une révolution dans le monde du sport », se réjouit Thierry Boudard.
Puis, Sportall précise son modèle en vendant« une application clés en main » aux fédérations sportives sous marque propre. La start-up déploie ainsi AthléTV pour la Fédération française d’athlétisme ou FF Natation TV pour la Fédération française de natation.Le tarif d’accès aux compétitions en ligne pour les fans est négocié entre Sportall et la fédération cliente.C’est sur ce prix que Sportall perçoit un pourcentage définit dans les clauses de chaque contrat.
A l’international, Sportall peut déjà compter sur l’Union européenne de cyclisme (UEC) basée en Suisse et laConfédération africaine d’athlétisme. Ces deux partenariats permettent à la start-up d’avoir déjà deux premiers clients avant de se jeter dans le grand bain. « On va s’internationaliser comme on a avancé en France. Nous allons nous rapprocher des fédérations internationales, sport après sport », explique Thierry Boudard. Aujourd’hui, la plateforme propose la diffusion de plus de 40 disciplines sportives et près de 1 000 événements.
Soutenir la croissance en recrutant 10 salariés
Les chiffres prometteurs ont rassuré l’actionnaire majoritaire de Sportall, la holding familiale luxembourgeoise Trois I Investissements Industriels Internationaux, qui réinvestit pour cette troisième levée de fonds de série A. La société avait déjà soutenue Sportall lors de sa précédente levée de fonds de 1,3 million d’euros en décembre 2020. Depuis sa création, la start-up a levé 4,5 millions d’euros.
Ces fonds doivent permettre « de développer tous les revenus de sponsoring », annonceThierry Boudard assurant l’ouverture, sous peu, d’une régie publicitaire en interne pour structurer l’activité commerciale car l’entreprise n’est pas rentable aujourd’hui. Une dizaine de commerciaux et de chargés de production éditoriaux seront recrutés pour soutenir l’activité de la régie.En 2023, la start-up prévoit ainsi d’atteindre les 35 salariés, soit une évolution de 30% des effectifs.
Basés à Rennes, Paris et Marseille, les chargés de production pilotent un réseau d’auto-entrepreneurs vidéastes « géographiquement proches » des événements sportifs. « On est 20 salariés au quotidien. Mais pour les gros week-end, on fait presque travailler 100 personnes », assure le dirigeant qui souhaite, pour autant, rester une entreprise à taille humaine. « On ne compte pas être 150 ! », s’amuse-t-il.
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