Tout avait pourtant bien commencé… Avec cet air, si célèbre, « Ebben ! Ne andro lontana » de l’opéra La Wally d’Alfredo Catalani s’élevant dans l’auditorium du Pharo. Les 900 places qu’il contient sont toutes occupées ou presque, alors qu’à l’extérieur il y a encore une foule de Marseillais qui souhaitent être aux premières loges pour assister aux vœux du maire LR du premier secteur. Un important service d’ordre est déployé. Sur la scène, en rang serré autour de Sabine Bernasconi, ses fidèles adjoints, ses amis élus municipaux et métropolitains. Yves Moraine, Laure-Agnès Caradec, Valérie Boyer, Dominique Tian, Lionel Royer-Perraut, Bruno Gilles, Marine Pustorino… Témoignant de leur indéfectible soutien comme celui de Martine Vassal. Dès son arrivée sur l’estrade pour rejoindre l’équipe, la présidente de la Métropole exprime un signe d’affection au maire du 1&7 arrondissement de Marseille. La photo est celle d’une famille soudée. La présidente du Département des Bouches-du-Rhône ne manquera pas de le rappeler, malgré un grand absent : Jean-Claude Gaudin.
Dans sa veste de tailleur blanc, Sabine Bernasconi entame alors le premier acte de son discours. Le ton est grave en écho aux heures sombres que la cité phocéenne a vécu en novembre dernier. L’effondrement des immeubles de la rue d’Aubagne est encore dans toutes les mémoires. Le drame du 5 novembre a marqué les consciences. « Il nous a changé à jamais », exprime Sabine Bernasconi. Des mots choisis pour exprimer les maux dont souffrent Marseille, avant d’évoquer le grand plan de lutte contre l’habitat indigne lancé par la présidente de la Métropole. Un budget de 600 millions d’euros « qui devrait permettre dans des quartiers prioritaires comme Noailles de convertir des immeubles entiers en logements sociaux. Il faudra traquer sans relâche les marchands de sommeil et désormais les programmes de requalification feront l’objet d’une attention renforcée concernant l’état du bâti », insiste le maire de secteur.
« Réquisitions des logements vides »
L’acte II vise à présenter la « cohérence des engagements de la mairie du 1er et 7e arrondissements. » Les réalisations, les perspectives, les projets à venir… A peine commence-t-elle a évoquer la place du vélo en ville que depuis le haut de l’auditorium une voix s’élève. « Réquisitions des logements vides ! » puis d’autres suivent de concert. Les notes ne sont plus celles d’Alfredo Catalini mais résonnent aussi fort, aussi passionnément. Les membres du collectif du 5 Novembre sont là, bien décidés à obtenir des réponses. « Il y a 30 000 logements vacants, à quand les réquisitions ? », crie, Kévin Vacher, chef de file du collectif, quand Sabine Bernasconi, sans perdre son calme, rétorque que le lieu est un espace démocratique, qu’ils ont été entendus et que cette compétence ne dépend pas d’une mairie de secteur. Face à l’insistance des membres, le service d’ordre tente d’intervenir sous les flashs des appareils photos et des caméras. La tension monte. Les lumières se rallument. Sabine Bernasconi demande l’intervention de la police. « Réquisitions des logements vides » contre huées des citoyens « venus écouter les vœux », reprend le maire. « Quel spectacle ! » lâchent certains indignés, alors que le collectif est reconduit non sans mal vers la sortie par les CRS. La parenthèse fermée, le discours du maire suit son cours.
L’anaphore signée Martine Vassal
Le quartier des arts en haut de la Canebière, la propreté, la sécurité, la ville et sa nature… les prochains défis sont égrenés ponctués par des remerciements répétés à Martine Vassal, soutien financier N°1 de la Ville de Marseille. La présidente du Département et de la Métropole, prend ensuite la parole. Une présidente « en colère. Parce que 90 % des propriétaires respectent les règles de jeu. » En colère contre « les syndicats voyous », et l’Etat qui devait envoyer « une armada d’experts payés 50% par le Département. On en a eu deux. A ce compte là, on aura pu les payer intégralement », lâche-t-elle. En colère contre les « donneurs de leçons ». Un tacle à l’élu socialiste Benoît Payan présent dans la salle aux cotés du collectif. Le chef du groupe PS postera d’ailleurs un tweet un peu plus tard dans la soirée. « Ce soir, lors d’une cérémonie de vœux, ils ont osé demander une standing ovation… pour eux-mêmes ! ».
Des chauds applaudissements, en effet, demandés par Martine Vassal pour le travail réalisé durant la crise et plus particulièrement à destination de Sabine Bernasconi. Ferme. Déterminée, la présidente revient sur les aides aux réalisations dans le 1&7 mais insiste sur un point : elle veut un retour de l’ordre républicain : « Je n’accepterai pas que Marseille tombe dans un état d’insurrection rampante, je n’accepterai pas que Marseille soit l’otage d’extrémistes et de casseurs, je n’accepterai pas que Marseille soit la vitrine du populisme, je n’accepterai pas que Marseille se condamne à un retour en arrière qui serait désastreux, celui que l’on a connu avant 1995, avec une explosion du chômage avec un délabrement de la vie. Eh bien non ! Nous ferons tout pour faire de cette Marseille, une Marseille dont les futures générations pourront être très fière ». Un vœu formulé avec passion avant d’entonner La Marseillaise.