Le professeur Jean-Manuel Raimundo vient de remporter le concours My Innovation Is de la Satt Sud-Est. Il a développé un matériau intelligent permettant dʼéviter les infections nosocomiales lors de lʼutilisation dʼimplants chirurgicaux.
En France, le risque d’infection nosocomiale intervient dans environ 6 à 7 % des hospitalisations. Cela représente donc près de 750 000 cas chaque année sur 15 millions de patients. « Le développement de la médecine de réanimation et des chirurgies réparatrices conduisent les praticiens à utiliser de plus en plus de matériels implantables qui constituent des portes d’entrée ou des sites de colonisation des agents pathogènes », constate Jean-Manuel Raimundo. Le professeur du centre interdisciplinaire de nanoscience de Marseille et du département matériaux de Polytechʼ Marseille sʼest donc intéressé au développement dʼune solution pour empêcher les infections nosocomiales suite aux interventions chirurgicales.
Un revêtement intelligent
Avec son confrère, Jean-Michel Bolla, chercheur en microbiologie à la faculté de Médecine, il a découvert une molécule capable dʼéliminer les bactéries responsables des infections : « On a eu des résultats très encourageants mais malheureusement, elle sʼest révélée toxique pour les cellules du patient. Le problème venait quʼelle était dans une solution liquide, il a fallu trouver un autre moyen de lʼutiliser », raconte Jean-Manuel Raimundo. À force de recherches, ils sont parvenus à développer un revêtement intelligent qui sʼadapte aux implants et empêche lʼinfection. Le matériau des chercheurs marseillais se présente sous la forme dʼun film déposé sur les implants chirurgicaux plastiques ou métalliques comme les cathéters, les prothèses orthopédiques, les valves cardiaques… Il permet dʼutiliser lʼantibiotique sans le diffuser dans le milieu biologique contrairement aux technologies actuelles. Cette particularité permet dʼéviter la toxicité de la molécule sur le milieu cellulaire mais surtout empêche les bactéries de créer des souches résistantes.
La Satt récompense lʼéquipe avec un chèque de 20 000 euros
Aujourdʼhui, les chercheurs ont obtenu une preuve de concept pour lʼapplication de leur technologie dans la lutte contre le staphylocoque doré. La société dʼaccélération du transfert de technologies (Satt) Sud-Est vient de récompenser leurs travaux à lʼoccasion du concours My Innovation Is. À ce titre, ils ont reçu une aide de 20 000 euros qui doit leur permettre de financer des études de brevetabilité et la transformation de leur découverte en dispositif médical. La Satt va également lancer une mission prospective auprès des grands groupes pharmaceutiques, des instituts et de différentes entreprises privées qui pourraient être intéressées. « Les perspectives d’applications sont multiples : défense pour combattre les maladies nosocomiales, infections sanguines, pneumonie, limiter la propagation de maladies pouvant conduire à des épidémies… », explique le professeur Jean-Manuel Raimundo. Il imagine même des débouchés plus éloignés du monde médical comme les industries cosmétiques et agroalimentaire qui pourraient utiliser leur film afin de protéger les produits de grande consommation.
Avec My Innovation Is, la Satt Sud-Est récompense deux projets de recherche régionaux
La seconde édition du concours My Innovation Is, organisé par la Satt Sud-Est et le cabinet de conseil Ioda Consulting, sʼest tenue mardi 7 novembre à Nice. Ce challenge a pour objectif de permettre l’émergence d’idées nouvelles et de révéler des chercheurs et doctorants des régions Paca et Corse qui ont l’opportunité de présenter leurs rêves d’innovations en 3 minutes devant un jury d’entrepreneurs, présidé par Jean-Marc Gambaudo, président de lʼuniversité de Côte d’Azur. Cette année, huit candidats ont participé et deux lauréats ont été primés. Aux côtés de Jean-Manuel Raimundo, Vito Ciullo, doctorant à lʼuniversité de Corse, a été récompensé pour son système dʼanalyse des incendies adaptable sur un drone. Chacun a reçu un soutien de 20 000 euros maximum pour accompagner le développement de leur projet, des séances de mentoring de la Satt et une tablette tactile offerte par Ioda Consulting.