Comment envisagez-vous votre rôle de futur patron des « marcheurs »?
Christophe Castaner : D’abord plutôt comme animateur que comme patron car tout l’enjeu est d’éviter de faire un parti politique. Il faut que ça reste un mouvement, avec de l’hétérogénéité, avec une façon de vivre le mouvement qui sera différente à Marseille, par rapport à Toulouse. L’idée, c’est de créer quelque chose qui permette de faire vivre la citoyenneté, la réinventer, et que le mouvement politique soit juste un facilitateur de cela. Je serai juste ce facilitateur mais pas un patron.
La structure du mouvement repose sur la citoyenneté, mais cela reste un mouvement politique ?
C.C. : On veut faire du mouvement La République en marche quelque chose qui soit utile et cela repose sur l’engagement citoyen. On peut avoir, par exemple, une mobilisation sur la défense des flamants roses en Camargue, pour laquelle on peut aussi penser que c’est un sujet politique, ou un regroupement pour sauver une maison médicale… Mais en même temps bien sûr, on a aussi la responsabilité de travailler sur un corpus idéologique. Il faut le constituer. Emmanuel Macron l’incarne. Le président a posé le principe du dépassement politique ; du renouvellement, on l’a vu lors des élections législatives. Il faut aller au-delà dans le sens progressiste et européen.
La responsabilité d’un mouvement, c’est aussi de prévoir les alternances politiques ?
C.C. C’est indéniable. Là-aussi, que ce soit à Marseille, Aix ou n’importe où ailleurs, il ne s’agit pas de choisir une femme ou un homme, mais de construire un projet alternatif. Quand je regarde ce qu’il s’est passé à Marseille, il y a des points extrêmement positifs dans la municipalité et dans le travail de Jean-Claude Gaudin, mais il y a aussi besoin d’un souffle nouveau.
Comment allez-vous faire ?
C.C. L’objectif aujourd’hui, c’est de trouver des personnalités susceptibles de porter, ici, à Marseille, à Vitrolles ou partout ailleurs, la capacité à transformer. On peut s’appuyer sur des femmes et des hommes qui sont déjà élu(e)s. Il ne s’agit pas de dire que tous ceux qui sont déjà en place doivent être remplacés, ce serait idiot, mais il s’agit vraiment de construire un projet, faire de la politique de façon différente et citoyenne. Il faut faire de La République en marche un mouvement de l’engagement.
Les référent(e)s départementaux sont-ils alors les mieux placés pour incarner ce projet politique lors des futures échéances politiques ?
C.C. Je pense que ce serait une erreur de le penser. Il ne s’agit pas d’exclure, mais en aucun cas la fonction d’animateur départemental donne un statut de candidat légitime pour une échéance politique et, en plus, dans quelles communes ? Puisque la fonction est par nature départementale. Par contre, si tel ou tel référent local est capable de créer une dynamique, il sera naturellement celui qui pourra porter une liste aux prochaines élections. Mais il faut inverser la chose : partir vraiment de la construction d’un mouvement collectif et du projet avant de penser à savoir qui sera candidat.
Un projet capable de propulser LREM à la tête de la mairie de Marseille en 2020, c’est possible selon-vous ?
C.C. Partout en France, La République en marche se prononcera et fera en sorte que l’on puisse avoir des candidats qui incarneront ce dépassement politique que nous revendiquons mais aussi cette capacité à construire un nouveau projet. Est-ce que les citoyens de la ville de Marseille se sentent directement impliqués dans la gouvernance de la mairie de Marseille ? Aujourd’hui, je ne crois pas que ce soit le cas. Notre rôle sera de faciliter ça et ce sera peut-être avec des gens qui sont de la majorité sortante, peut-être avec Jean-Claude Gaudin, mais je crois qu’il n’est pas candidat (sourires). Il ne s’agit pas pour moi de dire telle ou telle personne est la bonne. Il s’agit de poser un diagnostic et de construire avec les habitants dans chaque quartier, dans chaque arrondissement de Marseille, un projet d’alternance politique.
395 parrainages pour la candidature de Christophe Castaner
La candidature de Christophe Castaner au poste de délégué général LREM remplissait toutes les conditions de parrainage fixées par le règlement d’installation des nouvelles instances. Le porte-parole du gouvernement a présenté 395 parrainages. 60 étaient nécessaires pour pouvoir se présenter. Parmi ces parrainages, au moins trente députés, trois sénateurs, dix référents territoriaux et cinq élus locaux non parlementaires lui ont apporté leur soutien. Le conseil d’administration a également validé la candidature de quatre listes au titre de l’élection de vingt membres du bureau exécutif. Il faudra attendre le 18 novembre pour que Christophe Castaner devienne officiellement délégué général de La République en marche.