Créé au XIXème siècle par un chimiste allemand, le bleu de méthylène a longtemps soigné angines, aphtes et autres champignons. Mais il a été mis au placard à cause de ses propriétés chélatrices, c’est-à-dire sa tendance à capter les métaux lourds utilisés lors de sa fabrication. Là où de nombreuses grosses compagnies pharmaceutiques ont échoué, Provepharm est finalement parvenu à purifier ce produit aux mille vertus.
Le Proveblue veut devenir la référence mondiale
En mai 2011, la biotech marseillaise a obtenu le feu vert pour la mise sur le marché européen de son Proveblue pour lutter contre la méthémoglobinémie, une grave intoxication du sang. Au vu des bons résultats du traitement, le Japon, l’Australie et les États-Unis ont suivi le mouvement. La Food & Drug Administration a ouvert les portes du juteux marché américain en avril dernier. « On estime à 50 millions d’euros le potentiel de Proveblue sur cette seule application thérapeutique aux États-Unis », annonce Michel Féraud, président et co-fondateur de Provepharm. Une véritable manne qui va faire bondir le chiffre d’affaires de l’entreprise l’an prochain à plus de 20 millions d’euros. Mais les possibilités outre-atlantique vont bien plus loin. « Pour l’ensemble des produits qui utilisaient du bleu de méthylène et qui ont été interdits pour d’autres indications, les compagnies pharmaceutiques vont devoir se rapprocher de nous si elles veulent remettre leurs traitements sur le marché », explique le patron. La biotech tend les bras aux industriels intéressés par son produit miracle.
Blue-enov, une plateforme collaborative ouverte aux industriels
Depuis plus de cinq ans, Provepharm travaille en étroite collaboration avec l’Italien Cosmo Pharmaceuticals sur une solution de détection du cancer colorectal grâce à Proveblue. Les travaux ont aujourd’hui atteint la phase III de l’étude clinique et une autorisation de mise sur le marché pourrait être délivrée en fin d’année prochaine. Un accord de licence a été signé avec Cosmo pour l’utilisation du Proveblue. Cette association rapportera des royalties à deux chiffres à l’entreprise marseillaise. Forte de cette expérience, Provepharm a lancé cette année une plate-forme collaborative baptisée Blue-enov. Elle s’adresse aux industriels souhaitant développer de nouveaux traitements à partir de son bleu de méthylène. Michel Féraud entrevoit déjà des dizaines d’applications possibles : détection de ganglions, infection urinaires, antiseptiques… Mais il ne compte pas s’arrêter au bleu de méthylène et veut réhabiliter d’autres anciennes molécules écartées pour des problèmes d’impuretés.
De la start-up marseillaise à la biotech reconnue mondialement
« La Food & Drug Administration nous a approché pour travailler sur un autre composé utilisé autrefois. Ça valide notre approche et notre savoir-faire », s’enthousiasme le dirigeant. Ainsi, Provepharm s’est d’ores et déjà lancé dans un nouveau projet top secret baptisé « Blind ». Un brevet vient d’être déposé et sa publication ne saurait tarder. « On compte bien répéter l’histoire de Proveblue », avance confiant Michel Féraud. Parti en 2007 d’une petite société de 8 000 € hébergée en pépinière, Provepharm est désormais une PME florissante qui ne cesse de grandir à Marseille. En 2014, elle s’est doté d’un siège de 1600 m² au cœur de la technopole de Château-Gombert et a racheté cet été un bâtiment voisin de 1 500 m² pour accélérer sur ses travaux de recherche et développement. Elle va réaliser un chiffre d’affaires de 10 M€ cette année et emploie désormais 45 personnes. Grâce à son arrivée aux États-Unis, la société entrevoit l’avenir sous un nouvel angle et prépare une réorganisation significative pour le début 2017. Ce changement de dimension préfigure les ambitions mondiales de la biotech qui réalise déjà 95% de son chiffre d’affaires à l’international et compte bien rapidement couvrir l’ensemble du globe.
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