Parmi les 35 films en compétition cette année, on a pu remarquer la présente forte de cinéastes issus de l’art contemporain avec, pour certains d’entre eux, le choix d’une autre structure narrative, à l’instar de la performance et du happening. Une singularité qui n’a sans doute pas échappé aux membres du jury international, présidé cette année par la Brésilienne Paula Gaïtan, elle-même artiste, photographe, poète et cinéaste. En témoigne le Grand Prix de la compétition internationale, récompense suprême, attribuée à deux artistes et cinéastes : Albert Serra et Doria Garcia.
En tête du palmarès donc, deux films ex-aequo : Roi Soleil d’Albert Serra et Segunda Vez/Second time around de Doria Garcia. Tout d’abord, dans ce second opus sur Louis XIV, le cinéaste catalan revient sur ce personnage historique (on se souvient de La Mort de Louis XIV interprété par Jean-Pierre Léaud) et nous livre une métaphore ironique voire grotesque du pouvoir sous la forme d’une performance. Baignée de lumière rouge, l’événement se déroule dans une galerie d’art contemporain où « Sa Majesté », incarnée par Lluis Serrat perruqué, costumé, est prise de spasmes gastriques et gémit. Grimaces, torsions du Roi, le public hors champ observe sa douleur… Une fable satirique rouge-sang…
Segunda Vez/Second time around de Doria Garcia, est une fiction documentaire dans laquelle la cinéaste espagnole rend hommage à Oscar Masotta (1930-1979), figure de proue de l’histoire intellectuelle, artistique et psychanalytique de l’Argentine d’avant la dictature. Inspiré de faits réels, le film nous parle de la manipulation de la parole et du rôle politique du “Happening”.
Une mention spéciale a également été attribuée par le jury international à Las Cruces des cinéastes chiliens Carlos Vásquez Méndez et Teresa Arrendondo. Un film sur la mémoire, 40 ans après le coup d’état de 1973 au Chili, les policiers confessent leur crime de 19 ouvriers d’une usine à papier.
À noter pas moins de quatre distinctions pour Tomorrow de la Biélorusse Yuliya Shatun, qui a obtenu la Mention spéciale Prix Georges Beauregard international, le Prix Premier, le Prix Renaud Victor et la Mention spéciale Prix Marseille Espérance. Cette déambulation poétique et contemplative dans une petite ville de Biélorussie à travers le quotidien morose d’un ancien professeur d’anglais qui gagne sa vie en distribuant des tracts, a séduit jury et public.
Enfin, Mitra de Jorge Leon, soutenu par la Région Provence Alpes Côte d’Azur, a obtenu le Prix Marseille Espérance dont le jury est composé de stagiaires de l’École de la seconde chance.
Entre les différentes compétitions, les séances spéciales, les écrans parallèles, le public a pu visionner jusqu’à 189 films. Rendez-vous l’année prochaine pour découvrir toujours autant de nouvelles œuvres et de nouveaux talents.
Le Palmarès 2018
> Grand Prix de la compétition internationale : Roi Soleil d’Albert Serra ex-aequo avec Segunda Vez/Second time around de Doria Garcia
> Mention spéciale Grand Prix de la compétition internationale : Las cruces de Carlos Vásquez Méndez et Teresa Arrendondo
> Prix Georges de Beauregard international : Paul est mort d’Antoni Collot
> Mention spéciale Prix Georges Beauregard international, Prix Premier, Prix Renaud Victor, Mention spéciale Prix Marseille Espérance : Tomorrow de Yuliya Shatun
> Mention spéciale Prix Premier : El ruido son las casas de Luciana Foglio, Luján Montes
> Grand Prix de la compétition française : Seuls les pirates de Gaël Lépingle
> Mention spéciale Grand Prix de la compétition française : Albertine a disparu de Véronique Aubouy
> Prix Georges de Beauregard national, Prix des lycéens : Derrière nos yeux d’Anton Bialas
> Prix de la Fondation Meta : Tonerre sur mer de Yotam Ben-David
> Prix Institut français de la critique en ligne : Porte sans clef de Pascale Bodet
> Prix du groupement national des cinémas de recherche (GNCR) : An Elephant Sitting Still de Hu Bo
> Mention spéciale Prix du groupement national des cinémas de recherche (GNCR) : La casa lobo de Joachim Cociña, Christóbal León
> Prix Marseille Espérance : Mitra de Jorge Leon
> Prix Air France du public : Braquer Poitiers de Claude Schmitz