Alors que le confinement est déclaré depuis mardi 17 mars à midi, certains salariés sont tout de même appelés à se rendre chaque jour sur leur lieu de travail. Grande surface alimentaire, logistique, transports publics… l’Etat compte encore sur les travailleurs pour assurer les missions essentielles à la vie de la nation même face au danger de l’épidémie. Le message peut sembler contradictoire. D’un côté, le chef de l’Etat répète qu’il faut « rester chez soi » et de l’autre, il exhorte les entreprises et les salariés à poursuivre leur activité. Face au ralentissement de l’économie, Emmanuel Macron a appelé jeudi 19 mars à « la responsabilité civique des entreprises pour poursuivre leur activité lorsque cela est possible » et sur « l’importance pour les salariés des entreprises qui se sont mises en conformité avec les règles sanitaires d’aller travailler sur les sites de production ».
Les entreprises manquent de protection pour les salariés
Depuis mardi, les syndicats de salariés sont assaillis de questions. « On nous demande tous les jours si il faut aller au travail même si il y’a un risque de contagion et honnêtement, on ne sait pas trop quoi leur répondre », reconnaît Cyril Jouan, le secrétaire général CFDT des Bouches-du-Rhône interrogé par Gomet’. Théoriquement, si l’entreprise ne ferme pas et qu’il n’ya pas de possibilités de télétravail, les salariés sont tenus de se rendre à leur poste. « Encore faut-il que l’employeur mette tous les moyens nécessaires face à ce péril grave et imminent que constitue le Covid-19, prévient le responsable syndical. Dans les faits, les entreprises manquent cruellement de gel hydroalcoolique et de masques, même si ces derniers ne sont pas obligatoires ». Ce manque de protection inquiète beaucoup de salariés qui refusent de courir le moindre risque.
La CFDT attend une clarification du gouvernement
Dans la grande distribution, tout d’abord. « On a relevé des problèmes sur certains magasins Leclerc de la région qui ne filtrent pas assez les clients mettant en péril la santé de tous », raconte Cyril Jouan. Dans les grandes entreprises, notamment industrielles, la règle semble plutôt bien respectée pour les ouvriers. C’est une autre histoire pour les agents de sécurité des sites sensibles qui sont souvent employés par des sous-traitants : « Ils sont souvent les derniers servis alors qu’il font l’accueil et le filtrage. L’entreprise et le sous-traitant se renvoient la balle sur la question de savoir qui doit fournir le gel hydroalcoolique et les éventuelles protections. En attendant, ils sont exposés à de gros risques de contagion », dénonce le syndicaliste.
Des salariés d’Amazon ont dénoncé l’obligation de travailler sans protection. Même protestation du côté des salariés du groupe GMF. La CGT y dénonce « le manque de sécurité notoire.» Mais comme pour Amazon, la direction juge le droit de retrait ds salariés infondé.
« On attend une clarification du gouvernement sur les questions d’obligation de travail et un engagement sur la fourniture de gel et de masques », observe Cyril Jouan.
Un allongement probable du confinement
Si le responsable CFDT avoue que « pour cette situation exceptionnelle, ça se passe plutôt bien dans les entreprises », il reste sceptique sur l’efficacité des mesures de soutien annoncées par le gouvernement. « Beaucoup de TPE et artisans sont en grande difficulté. Si on ne passe pas rapidement du report à la suppression des charges et des impôts, ils ne s’en remettront pas une fois la crise passée », prévient-il. D’autant qu’il craint qu’elle ne soit plus longue que prévue : « Le Premier Ministre nous annonce qu’il fera des décrets tous les deux mois ce qui nous laisse penser que le confinement pourrait bien durer jusqu’en juin », analyse-t-il. En effet, vendredi matin, un nouveau Conseil de défense consacré à la crise du coronavirus se réunissait autour d’Emmanuel Macron. À cette occasion, la porte-parole du gouvernement, Sibeth Ndiaye, a jugé sur BFTMV-RMC « probable » un allongement de la durée fixée initialement à quinze jours. Le chef du service des maladies infectieuses de l’hôpital Bichat recommandait dans le même temps sur France Info une durée de « six semaines voire plus » du confinement.
Lien utile :
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