« On espère un jour arriver à zéro particules émises par nos bateaux », c’est un vœu pieux avancé par le président du groupe Costa, Michael Thamm. Pour y parvenir, il veut s’associer aux différents ports que ces navires de croisières desservent et en premier lieu Marseille. Le dirigeant du groupe maritime a signé mardi 17 avril un protocole d’accord avec le grand port maritime de Marseille-Fos (GPMM) pour réduire son impact environnemental mais aussi développer l’activité de réparation navale et la formation des métiers de la mer.
Mesurer la réelle efficacité des scrubbers
En 2020, de nouvelles normes environnementales seront imposées aux armateurs. Costa Croisière anticipe ce changement en cherchant dès aujourd’hui à moins polluer. Le port de Marseille, également pointé du doigt pour son impact environnemental négatif, s’associe au groupe maritime pour améliorer ses performances. Ils souhaitent ensemble renforcer les contrôles des émissions de gaz d’échappement grâce à la mise en place d’actions concertées. « On veut, par exemple, créer une certification internationale pour mesurer avec des éléments objectifs l’impact des scrubbers sur les émissions car aujourd’hui, on entend tout et n’importe quoi sur le sujet », annonce Christine Cabau-Woehrel. Aujourd’hui, plus d’un navire Costa sur trois est équipé de scrubber, ces hottes de nettoyage des gaz qui permettent d’éliminer plus de 95 % du dioxyde de souffre et près de 90 % des particules fines. « Nous avons déjà réduit d’un tiers la consommation d’énergie par personne et par bateaux. La prochaine étape est de passer à la nouvelle génération de carburant », explique Michael Thamm.
Le dirigeant parle de l’avènement du gaz naturel liquéfié (GNL), un carburant bien mois polluant que le fioul actuellement utilisé. Costa a déjà lancé la construction de plusieurs navires au GNL dont l’Aida Nova qui fera escale à Marseille en avril 2019 et le Costa Smeralda qui le suivra en novembre de l’année prochaine. Autre piste envisagée par les deux partenaires, le branchement électrique des navires à quai. Le port expérimente déjà cette solution avec la Méridionale et Corsica Linea mais rencontre encore des difficultés techniques pour l’adapter aux bateaux de croisières. Pour un ferry, la puissance nécessaire s’élève à 1,5 MW environ contre 4 à 6 MW pour un paquebot. Pour l’instant, seul Hambourg propose ce service en Europe mais le prix de son énergie reste peu compétitive : « On travaille sur un calendrier pour la mise en place de ce système avec Costa », avance la directrice du port de Marseille.
Un nouvel entrepôt de stockage pour les chantiers navales de Marseille
Le deuxième volet de l’accord entre Costa et le port porte sur le développement de l’activité de réparation navale. Le croisiériste, actionnaire à 33 % des chantiers navales de Marseille, compte poursuivre ses investissements. Il annonce la création d’un entrepôt dédié au matériel et aux pièces de rechange nécessaires aux opérations de réparation et de carénage. Par contre, le projet n’est pas très abouti. « Nous avons du terrain disponible pour cet équipement mais on ne connaît ni sa taille, ni le montant de l’investissement nécessaire. Cela dépendra des besoins de Costa qui restent à préciser », explique Jacques Hardelay, le président des chantiers navals de Marseille.
Le dernier point de l’accord sur la formation semble encore moins avancé. Si les partenaires parlent de la mise en place d’une offre à construire à Marseille pour les officiers et les ingénieurs de marine souhaitant rejoindre la flotte du groupe Costa, ni le lieu, ni les conditions de formations ne sont précisés. Seule hypothèse avancée, la priorité serait mise sur les métiers de la réparation navale. Faute de personnel local qualifié, les entreprises marseillaises doivent aujourd’hui recourir massivement à des travailleurs détachés venus de toute l’Europe.
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