C’est en présence de Guy Demel et Yannick Agnel, deux anciens sportifs de haut niveau que Sandra Niellini, Romain Sombret et Loic Morere, les trois associés, ont présenté mercredi 5 décembre une académie d’un nouveau genre. L’idée est partie d’un constat simple. La France compte environ cinq millions de consommateurs d’e-sport, dont 2 millions de pratiquants. La France se situe au 3e rang européen de l’e-sport, juste après la Russie et la Suède. Mais malgré ces chiffres, la France est totalement dépourvue d’infrastructures qui permettraient de structurer cette discipline qui compte parfois plus d’adeptes que certains sports traditionnels.
Comment et pourquoi structurer l’e-sport en France ?
Un certain nombre de légendes tenaces collent à la peau de l’e-sport et à son univers. En premier lieu le fait que ce ne serait pas un véritable sport. À cette affirmation, les deux référents sports, Guy Demel et Yannick Agnel, répondent par la négative. Ils connaissant très bien le sujet en tant qu’anciens sportifs de haut niveau mais aussi gameurs. Et pour eux, l’analogie entre sports traditionnels et e-sport est évidente. « Comment considérer la maîtrise et la répétition d’aptitudes techniques, tactiques, de la gestion du stress et du travail de sa posture ainsi que de ses réflexes psychomoteurs autrement que comme du sport ? interroge l’ancien nageur Yannick Agnel. Et qui dit sport de haut niveau, dit nécessité de préparation physique et mentale de haut niveau . »
Concernant l’aspect économique proprement parler, l’e-sport constitue déjà un marché gigantesque au niveau mondial en particulier au Etats-Unis et en Asie. Une étude de marché réalisée par le site spécialisé « Newzoo » affirme que l’e-sport comptabilisait 200 millions de spectateurs en 2017 et les estimations tablent sur un chiffre de 300 millions à l’horizon 2020. Un essor qui n’a pas manqué d’attirer les sponsors et investisseurs, allant de la publicité classique, aux droits de diffusion en passant par les paris sportifs. À titre d’exemple le géant Amazon a déboursé pas moins d’un milliard de dollars pour s’offrir le service de streaming de jeux-vidéo « Twitch ».
Le projet d’académie vise aussi à donner une dimension sociale à l’e-sport D’une part en sortant de l’isolement un certain nombre de joueurs et en les fédérant au sein d’une véritable communauté. D’autre part en offrant un cadre rassurant aux parents qui ne comprennent pas toujours le monde du gaming dans lequel évoluent leurs enfants. C’est l’occasion de leur faire découvrir ce monde, de dissiper leurs craintes et d’offrir la possibilité de savoir leurs enfants encadrés par des professionnels plutôt que livrer à eux même devant un écran.
Bientôt une seconde Academy es-sport à Bouc Bel-Air
La genèse du projet remonte à l’été 2017 puis s’affine et s’enrichit notamment via la participation ou l’organisation de plusieurs événements dont une intervention lors du colloque de la Maximus Cup d’Arles fin 2017. S’en suit la réalisation d’une étude de marché en janvier 2018, puis la réalisation des travaux entre juin et novembre 2018 pour une ouverture officielle le 5 décembre.
Le volet final du projet consiste à mettre à disposition d’un public aussi large que possible, un lieu polyvalent qui regroupe des espaces dédiées au sport et à l’activité physique, notamment du football à cinq. Mais aussi un lieu de vie et de rencontre entre passionnés et novices venant des milieux du sport, de l’e-sport ou souhaitant s’y initier. L’innovation majeure réside donc dans la création de la Mon Club E-Sport Academy, une structure inédite en France qui permet l’entraînement et la détection de joueurs e-sport à un niveau professionnel. Elle est animée par des professionnels , des préparateurs physiques et mentaux, ainsi que la mise à disposition d’une infrastructure moderne et répondant aux besoin matériel et organisationnel du haut niveau.
Chiffres clés :
-130 000 euros d’investissement.
-10 personnes impliquées dans le projet.
-24 PC à disposition.
-40 jeux proposés dont trois dans le cadre de Mon Club E-Sport Academy
-1 Giga octet de puissance concernant la fibre optique
-200 mètres carré de superficie
-Environ 120 tournois divers organisés tout au long de l’année
L’équipe en charge du projet ne compte pas s’arrêter en si bon chemin puisque courant 2019, c’est à Bouc Bel-Air, qu’une deuxième salle devrait ouvrir ses portes, au sein du village Décathlon. Et l’objectif est clairement affiché dans le communiqué de la société accompagnant le lancement à Marseille: « Notre ambition est d’avoir un rôle stratégique pour faire en sorte que le territoire métropolitain devienne incontournable dans l’e-sport français et européen. »
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