La Cress analyse deux types d’impact : d’une part sur les structures, d’autre part sur les personnes.
La pérennité des structures menacée
La très grande majorité des opérateurs culturels issus de l’ESS sont sous forme associative, plutôt en format TPE. Elles ont donc une structure financière très fragile, avec des difficultés de trésorerie récurrentes et anciennes (pas de capital, peu de trésorerie, des difficultés d’accès au mécénat).
Les métiers liés au web, au graphisme, au journalisme sont moins impactés que ceux de l’évènementiel, des arts vivants, du patrimoine et des musées, des ateliers de pratique artistique et d’éducation artistique et culturelle, de la formation et de l’enseignement artistique. Concernant l’enseignement artistique, contrairement à certains métiers de la formation, la formation à distance n’y est possible que rarement. La proportion des activités reportables dans le temps, qu’elles reposent sur des subventions et/ou de la vente de prestations, sera mécaniquement limitée. Les modalités de programmation, la distorsion entre création et diffusion, le temps possible pour la gestion des cours et des ateliers, la priorité qui sera donnée au rattrapage des matières socles à l’école font qu’il sera complexe de reprogrammer des services culturels qui auront du mal à retrouver une stabilité avant la rentrée prochaine.
La protection de la “classe créative précaire“
L’écosystème de la chaîne de production crée un effet « domino » démultiplicateur. Différents régimes cohabitent dans la chaîne de production, salariés de droits communs, intermittents, auteurs et plasticiens, autoentrepreneurs etc. La crise sanitaire expose l’intégralité de la chaîne, mais plus encore ceux relevant du régime d’indépendant avec des droits sociaux plus réduits. L’augmentation de la multi-activité dans le secteur culturel conduit des personnes à cotiser dans différents régimes d’activité sans totaliser suffisamment d’heures pour ouvrir des droits dans l’un d’eux.
Ces personnels, que le sociologue Michel Péraldi désigne comme une CCP, une « classe créative précaire », traversent les frontières de l’économie marchande et de l’ESS. Ils sont sur le tournage de Plus belle la vie, comme dans les arts de la rue, dans la production graphique comme dans les arts visuels, dans la construction de décors ou dans l’artisanat.
Les pouvoirs publics, État et collectivités territoriales, sont donc sollicités pour assurer le sauvetage de cette population et de ces structures qui passent à travers les mailles des grands dispositifs : chômage partiel, prêt garanti pour crédits BPI. Le Forum des Festivals de Cinéma demande que « les partenaires financiers, qu’il s’agisse de collectivités locales, d’institutions publiques, de partenaires privés, (…) [nous] permettent de franchir cette période trouble, et participent à consolider les projets culturels les plus fragilisés. »