A la veille des « Rencontres Business 2025 » organisées par le pôle Aktantis, Gérard Martinez, le directeur innovation, répond aux questions de Gomet’ sur le développement des technologies dans la région, en particulier de la cyber sécurité et de l’IA. L’événement se tient mardi 9 décembre au Mucem. 200 acteurs deeptech (innovations de rupture) de l’écosystème régional (de Sophia Antipolis à Toulouse en passant par les Bouches-du-Rhône) sont attendus. C’est un événement clé pour Aktantis, auparavant Pôle SCS, qui fête ses 20 ans.
La cybersécurité constitue elle dans notre dans notre région un écosystème mature ? en développement ? émergent ?
Gérard Martinez : L’écosystème régional de la cybersécurité présente aujourd’hui une maturité solide et connaît une dynamique d’accélération, s’appuyant sur un socle industriel et académique de haut niveau. Historiquement en pointe sur la sécurité matérielle et la cryptographie, le territoire bénéficie de la présence d’acteurs majeurs tels que Thales (ex-Gemalto), STMicroelectronics, ainsi que de centres de R&D stratégiques comme NXP, ARM (systèmes embarqués) ou Intel (ex Silicon Mobility).
Cet ancrage industriel confère à la région une expertise reconnue dans la sécurité des systèmes embarqués et de l’IoT.
Parallèlement, l’écosystème connaît un développement notable dans les services et les solutions logicielles, animé par un tissu riche d’ESN, de grand groupe comme Amadeus (traitement des données), Docaposte (confiance numérique) et de startups et de PME spécialisées et déjà bien établies, telles que Clearsy, Egerie, Eho.Link, Reel IT, Moabi, et d’autres.
Dans le cadre du programme européen Move2Digital (cofinancé par l’UE, la Région Sud et la Métropole Aix-Marseille-Provence), nous avons élaboré un catalogue des offres cyber qui met en lumière plus de 70 entreprises régionales, couvrant l’ensemble de la chaîne de valeur de la cybersécurité et illustrant la diversité et la qualité des compétences présentes sur le territoire.
Selon vous, risque-t-on une bulle de l’IA et son éclatement, pour des raisons financières selon certains ou technologiques (data centers) pour d’autres ?
Gérard Martinez : La question d’une éventuelle « bulle » de l’IA est légitime, mais il faut distinguer la spéculation entourant certaines applications grand public de la croissance réelle et structurelle de l’IA dans l’industrie.
Dans notre région, plusieurs projets d’infrastructures notamment des data centers, ont été annoncés, et certains sont déjà engagés ou opérationnels, ce qui montre une dynamique durable plutôt qu’un phénomène conjoncturel.
Le marché de l’IA va sans doute se rationaliser, et les entreprises qui tireront leur épingle du jeu seront celles capables de se concentrer sur l’applicatif, de maîtriser leurs coûts d’infrastructure et de gérer efficacement la rareté du calcul.
La région dispose d’un écosystème déjà solide, avec près de 140 start-ups IA
La région dispose d’un écosystème déjà solide, avec près de 140 start-ups IA, 14 laboratoires spécialisés et plus de 42 équipes de recherche dédiées. Cet écosystème est d’ailleurs fortement orienté vers des applications critiques comme l’IA embarquée (Edge AI), pour l’industrie 4.0, la santé ou la défense. Cette IA « à faible consommation » mobilise beaucoup moins de ressources cloud que l’IA générative et offre un retour sur investissement concret dans les processus opérationnels.
Qu’est-ce qui manque selon vous pour faire émerger et enraciner dans notre région des deep tech ?
Gérard Martinez : Pour faire émerger et ancrer davantage de deeptech dans notre région, peu de choses manquent réellement : les entreprises high-tech s’y installent durablement, preuve d’un environnement déjà très favorable.
La région bénéficie d’un socle technologique solide industriel et académiques (cybersécurité, IoT, IA, micro-électronique et photonique) qui constitue une base rare en France. Les leviers à renforcer portent surtout sur un accès plus fluide aux financements deeptech, une intensification des passerelles recherche-industrie avec des plateformes technologiques mieux mutualisées (calcul, prototypage, IA), et principalement une disponibilité accrue de foncier et d’immobilier adapté, indispensable pour accueillir des projets industriels, des laboratoires privés, ou des extensions d’activité.

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