En Corse on appelle cela une vendetta. Sur le continent, à regarder les résultats des élections cantonales de ce dimanche, un suicide. Certes le président sortant de l’assemblée départementale, peut afficher comme le trophée d’une chasse sans risque, les 34,17% qui le placent largement en tête devant le FN et ses 23,61%. Il laisse aussi loin derrière lui, dans ce deuxième canton de Marseille, l’union de la droite, le parti socialiste, le Front de gauche, Europe Ecologie les Verts. Il a enfin la satisfaction de voir à terre, ceux qui dans son ancienne famille s’étaient détournés de lui après avoir pourtant partagé la même table.
Dimanche prochain des communistes, des Mélenchonistes, des écologistes, dont une magistrate, auront à choisir ce qui s’apparente pour eux au choléra ou à la peste. A moins que ces militants engagés ne décident… de se désengager. En somme Guérini leur a montré que de le traiter comme un pestiféré lui et son frère Alexandre, était une erreur. La preuve par l’horreur. Le désastre dans le département est encore pire, puisque le mouvement créé par Guérini, La Force du 13, n’a pas suscité l’adhésion. Il aurait sans doute était prudent de regarder les sondages d’opinion comme celui qui en juin 2013 dans La Provence attestait que 69% des personnes interrogées ne faisaient pas confiance au président du CG.
[pullquote]Ci-git le socialisme des BDR. 1945-2015.[/pullquote] Le pire étant toujours sûr, la Force du 13 n’a pas réussi à s’imposer mais elle a entraîné dans une chute vertigineuse le PS. Les élus socialistes qui ont choisi de soutenir leur mentor et ses grasses subventions, ceux qui ont choisi de ne pas choisir, ou encore ceux qui ont choisi la loyauté avec un soutien homéopathique de la rue Solférino, se retrouvent désormais sur un terrain dévasté où un cercueil attend ses pelletées de terre. Ci-git le socialisme des BDR. 1945-2015. A cet enterrement-là la droite républicaine ne versera aucune larme.
Martine Vassal fidèle parmi les fidèles de Jean-Claude Gaudin peut commencer à regarder les horaires du métro qui court jusqu’à St Just, si tant est que les transports en commun soient sa tasse de thé. Elle va sans doute décevoir ceux qui dans le département estimaient que Marseille réclamait trop la part belle, au nom des urgences économiques, sociales et culturelles. Il se pourrait qu’à la technique du saupoudrage sensé adoucir la peine des petits et dont Guérini était un expert hors pair, elle préfère le remède de cheval pour une ville qui n’est deuxième en France que dans son auto-proclamation. Jean-Noël Guérini estimait que la future métropole sous-entendait un affaiblissement du département. Jean-Claude Gaudin faisait tout au contraire pour apaiser les craintes allant jusqu’à faire les yeux doux à Maryse Joissains, maire d’Aix pour qui il n’a jamais eu une folle tendresse. Demain après le deuxième tour, Gaudin pourrait contrôler toutes les manettes de l’Airbus Bouches-du-Rhône. Marseille, la métropole, et le conseil général.
[pullquote]Ce sont d’abord des terres socialistes qui ont été fertiles pour le FN[/pullquote] Reste le Front National qui pendant les travaux en coulisses, prospère à l’air libre. Ceux qui l’ont flatté dans le sens du poil sécuritaire ont payé pour voir. Un exemple, Chassain maire des Saintes-Maries, chassé du second tour en arrivant très loin derrière le FN. En Camargue le PC affrontera les petits-enfants de Jean-Marie. Après l’épisode des époux Mégret saccageant toute idée de démocratie à Vitrolles, quelques humanistes, un peu tendres, ont pu constater lors de ce dernier scrutin, combien le FN s’était enraciné dans ce département. Au Nord, chez les anciens mineurs, c’est le rejet social, la misère, la fin de l’industrialisation qui ont offert un terreau fécond pour l’extrême droite. Au Sud, disent les mêmes experts, c’est surtout l’insécurité qu’elle soit réelle ou fantasmée. Mais du Var au Vaucluse en passant par les Bouches-du-Rhône ce sont d’abord des terres socialistes qui ont été fertiles pour le FN. L’Histoire dira un jour pourquoi.