Marseille abrite la deuxième plus grande communauté de chercheurs en neurosciences de France, « mais personne ne le sait », avoue le Professeur Olivier Blin (photo). Un manque de visibilité qu’il compte bien combler avec Dhune (Département Hospitalo-Universitaire en Neurosciences), la nouvelle fédération créée par Aix-Marseille Université, l’AP-HM, le CNRS et l’Inserm. « Il est important d’avoir un nom associé à la recherche en neurosciences marseillaise car nous sommes en concurrence avec des centres internationaux », ajoute Laurent Pradier, directeur de Sanofi, un des partenaires de Dhune. En plus de faire connaître les travaux des spécialistes locaux, l’association compte bien faire progresser la recherche en multipliant les collaborations entre chacun des acteurs publics et privés. « Il faut faire tomber les barrières entre les laboratoires académiques, l’hôpital et les industriels », insiste-t-il.
Dix-huit entreprises partenaires de Dhune
Un comité scientifique et technique a déjà été créé réunissant le principales structures publiques et dix-huit entreprises dont deux grands groupes pharmaceutiques : Sanofi et Ipsen. Au total, le programme regroupe une centaine de chercheurs en neurosciences et sciences humaines, cinq hôpitaux et cinq associations de patients autour d’un objectif principal : améliorer le diagnostic et le traitement des maladies neurodégénératives (Alzheimer, Parkinson, Sclérose en plaque, maladie de Charcot…). Pour ce faire, Dhune veut modifier son approche en suivant le parcours des traitements de la cellule traitée au patient. Pour mieux identifier les biomarqueurs de la maladie, il faut vérifier l’efficacité des tests sur l’humain car ce qui fonctionne sur une personne à un moment donné peut être inefficace sur une autre.
De nouvelles voies de financement de plusieurs millions d’euros
Opérationnel depuis un an, Dhune compte déjà plusieurs succès à son actif. En 2015, le Centre d’excellence en maladies neurodégénératives (Coen) a financé deux projets de recherche. L’un d’entre eux s’intéresse à une nouvelle enzyme responsable de la maladie d’Alzheimer, MT5-MMP, dont la suppression diminue le déclin cognitif chez la souris. Le second porte sur la maladie de Charcot. Il veut combiner la correction génétique de mutation d’expansion de nucléotides avec la reprogrammation, le tri cellulaire et le séquençage afin de comprendre comment ces expansions provoquent la dégénérescence des neurones moteurs. Dhune est également labellisé comme Fédération Hospitalo-Universiatire (FHU). Il pourra donc candidater dès l’année prochaine aux appels à projets de la Recherche Hosiptalo-Universitaire (RHU) en santé et bénéficier d’un montant de 5 à 10 millions d’euros sur 5 ans.
Dhune veut attirer les industriels
Le programme Dhune sera également évalué sur sa capacité à transformer ses travaux de recherches en application industrielle pour en faire profiter les patients. Actuellement, cinquante essais cliniques sont en cours, soutenus en particulier par le centre de pharmacologie clinique-centre d’investigation clinique (CPCET-CIC). Le pôle espère également attirer de nouveaux partenaires industriels sur la zone d’Aix-Marseille : « Un grand groupe international devrait bientôt installer un centre d’innovation dans la région », se félicite en avance Olivier Blin. Dhune aimerait également créer un Centre d’affaires Neurosciences (NBC) de 2 000 m² sur le campus de la Timone qui accueillerait les start-up et les sociétés les plus matures. Un centre de réflexion et de recherche interdisciplinaire autour de la maladie d’Alzheimer est également à l’étude pour rapprocher les patients et les chercheurs.
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