A force de succès, les entreprises du pole immunologie de Luminy semblent avoir retenu l’attention des élus. En juin dernier, son extension figurait en bonne place parmi les 18 propositions pour l’emploi fléchées par la Mairie. Jeudi dernier, c’est Martine Vassal, la présidente du Conseil Départemental, qui se déplaçait pour visiter les locaux des biotech marseillaises pour mieux se rendre compte du travail accompli. L’occasion pour les patrons d’expliquer leurs plans de croissance et surtout de lister leurs besoins pour grandir dans les meilleures conditions.
Plaidoyer pour une filière immunologie à l’université
Première préoccupation abordée, le recrutement. « Nous sommes en tension permanente sur les embauches », explique Hervé Brailly. Le président d’Innate Pharma, locomotive de Marseille Immunopole (lire notre interview), prévient qu’il faut améliorer le catalogue de formations dédié à l’immunologie. A ses côtés, son confrère de longue date, Eric Vivier, qui dirige le Centre d’Immunologie de Marseille Luminy (CIML), prend la balle au vol : « On doit avoir une filière identifiée dans les cursus de l’université. Par exemple, un appel d’offres du ministère est en cours sur la création d’un master immunologie. Il est impensable qu’Aix-Marseille n’y réponde pas. Il faut également que les campus de médecine de la Timone et celui des sciences de Luminy se rapprochent car ce que nous faisons ici, c’est de la santé ! », insiste-t-il. Mais les biotechs marseillaises ne peuvent pas se contenter de recruter des étudiants locaux.
Des écoles internationales pour accueillir les enfants des salariés étrangers
La notoriété de l’immunologie marseillaise a largement franchi les frontières et les biotechs marseillaises reçoivent désormais des candidats du monde entier. Mais malgré le soleil, la mer et le cadre idyllique des calanques, il est parfois difficile d’accueillir les profils étrangers. « Nous avons besoin de plus d’écoles internationales. Et pas à Luynes ou Manosque mais ici à Marseille », rappelle Hervé Brailly. Sur ce point, Martine Vassal semble confiante : « Un projet de collège international est déjà dans les cartons. Nous n’avons pas pu trouver de solution avec le public, nous nous sommes donc retournés vers le privé. Nous sommes en discussion avec deux partenaires, Provence et Lacordère. Le projet devrait aboutir à Euroméditerranée dans 3 à 4 ans », affirme la présidente du Département. A ses côtés, Laure-Agnès Caradec, présidente d’Euroméditerranée et adjointe à l’urbanisme à la Ville, ajoute qu’elle réfléchit également à un lycée du même type : « Nous sommes en train de chercher le terrain », assure-t-elle.
Une heure pour sortir du campus en voiture
Enfin, serpent de mer marseillais par excellence, la problématique des transports est évidemment revenu sur la table. L’enclavement de Luminy au pied de la Gineste pose depuis des années de graves problèmes de circulation : « A partir de 17h, il faut une heure pour sortir du laboratoire et atteindre le rond-point de Luminy », raconte Eric Vivier. Et les élus semblent bien impuissants face au problème. Une voie pour la mise en place d’un bus à haut niveau de service est en cours de réalisation. Il devrait voir le jour à la fin de l’année prochaine mais de l’aveu même du maire des 9ème et 10ème arrondissement, Lionel Royer-Perreaut : « Ca désengorgera un peu mais ce n’est pas la panacée ». Il compte également sur l’arrivée du boulevard urbain sud pour soulager son secteur mais ce projet reste dépendant de l’ouverture de la L2 qui n’en finit plus de traîner en longueur.