C’est dans un contexte d’inquiétudes que le Plie Marseille Provence Centre et la Maison de l’emploi de Marseille ont décidé de rappeler l’importance des dispositifs d’accompagnement à l’emploi. Le cadre national et européen des dispositifs locaux d’insertion, d’emploi et de formation sont en train d’être rediscutés par le gouvernement, le parlement et l’Union européenne. Les discussions budgétaires qui en découlent posent des questions sur l’économie et la pérennité de ces actions et dispositifs.
Les Plie ont vocation à accompagner des publics spécifiques, très éloignés de l’emploi et qui n’entrent pas dans les critères d’accompagnement de Pôle emploi. Le Plie Marseille Provence Centre est financé à hauteur de 3 millions d’euros par an par les collectivités territoriales (Ville, Métropole, Département et Région : 1,5 million) et l’autre partie par des fonds européens. « Jusqu’il y a encore très peu de temps nous avions beaucoup d’incertitudes sur la prolongation du financement FSE (fonds social européen). Le dispositif sera maintenu mais il reste la question du fléchage de ces moyens vers les associations, d’où la nécessité d’expliquer que nous sommes un pôle important de l’insertion, souligne Pierre Allary, président d’Emergences, association en charge d’animer le Plie. La problématique du chômage est nationale mais les solutions, elles, sont locales, et le Plie joue un rôle essentiel par sa proximité, sa réactivité et ses résultats. » En cinq ans, le Plie a permis à 2500 adhérents sur 6000 de retrouver le chemin de l’emploi et de les y maintenir. « C’est pourquoi, nous avons besoin du soutien des institutionnels mais aussi de l’Europe. »
Une autre inquiétude pèse sur la Maison de l’emploi (MDE). Cette année, la structure a été impactée par la baisse des financements de l’Etat, qui devrait totalement se désengager en 2019. « La Ville a maintenu son soutien, et il est important de continuer à faire vivre cette structure qui a pour vocation de coordonner l’information, de créer du lien et d’optimiser l’efficacité des opérateurs en faveur de l’emploi et de la création d’activité, souligne la directrice de la MDE, Stéphanie Chauvet.
La multitude des dispositifs rend l’offre opaque
Mais avec près de 470 opérateurs dédiés à l’accompagnement répertoriés dans la seule cité phocéenne, les entreprises comme les demandeurs d’emplois manquent de visibilité. C’est un des points qui a été soulevé à l’occasion de cette mobilisation, par Sabine Bernasconi, maire LR du 1er secteur et présidente du Plie. « Cela fait des années qu’avec le Plie de Marseille, notamment, nous demandons à l’Etat de créer des cohérences. Les chefs d’entreprises ne connaissent pas tous les dispositifs, ni les demandeurs d’emplois, qui font l’objet d’infortune, parce qu’ils vont s’adresser à des dispositifs qui ne vont pas être efficaces et vont perdre toute confiance dans le service public de l’emploi. ».
L’une des solutions avancées pour alléger la lourdeur du cadre administratif, simplifier les termes et l’utilisation, serait la fusion des dispositifs, avec la mise en place d’un guichet unique de l’emploi, au sein duquel les entreprises doivent jouer un rôle majeur. « Le rôle de l’entreprise aujourd’hui, c’est d’être acteur de son environnement, pas spectateur, ajoute Fabrice Alimi, vice-président de la CCI Marseille Provence en charge de l’emploi, et membre du conseil d’administration de la MDE de Marseille. L’entreprise a le premier rôle dans ces dispositifs car c’est elle qui embauche. Les collectivités n’ont plus d’argent. La vraie dynamique économique se fait à travers le monde de l’entreprise. Et s’il n’y a pas une meilleure lecture aussi bien pour le monde de l’entreprise qui va recruter que pour le demandeur d’emploi qui va chercher du boulot, on restera dans ce monde plein d’opacité et de multiplicité d’acteurs. Il faut simplifier ».
Les multiples revendications ont été entendues par les deux parlementaires présents. Mohamed Laqhila (LREM-Modem) a mis l’accent sur la notion d’évaluation de ces dispositifs, tout en indiquant que l’esprit d’entreprendre doit être inculqué dès le plus jeune âge. Pour Saïd Ahamada (LREM), c’est au pouvoir public de déterminer quelles structures doivent être financées ou non. Il a proposé de se « mettre autour de la table pour faire ce travail. Il faut déterminer sur quels critères nous décidons de financer ou pas. On doit mettre les moyens là où il y a des résultats, avoir le courage de faire des choix et être force de propositions. C’est à nous de nous emparer de ce dispositif ». Un discours auquel Sabine Bernasconi adhère pleinement.
Lien utile:
> Label Empl’itude : 25 entreprises marseillaises distinguées pour leurs bonnes pratiques