Paradoxe apparent : c’est au château du Tholonet, quartier général de l’eau de Provence, que se tint le 7 février la conférence du millésime sur l’innovation en viticulture et œnologie. La SCP, Société du Canal de Provence, gère depuis soixante ans l’eau venue des Alpes, alors que cette rencontre des experts du vin se réunit pour la première fois en Provence, sept ans après sa création en Californie.
En réalité, sans irrigation, les ceps méridionaux auraient bien du mal à mûrir et produire leurs fruits si précieux. Bruno Vergobbi, directeur de la SCP (après avoir occupé une responsabilité semblable à Fos et sur le port de Marseille) souligne que, des Côtes de Provence à celles du Luberon, 30 à 40% des terres irriguées par sa compagnie (et près de 500 collaborateurs) sont plantées de vigne. N’est-il pas lui même fils et petit-fils de vignerons ?
Sécheresse record
Chaque année, cette entreprise pesant 90 millions d’euros, remplit sa mission de service public concédé par la région, en transportant 200 millions de m3 d’eau brute [200 milliards de litres], via 70 km de canaux et plus de 5 000 km de canalisation !
Après une année 2016 qui vient de battre des records de sécheresse, ingénieurs et chercheurs réfléchissent aux voies et moyens d’adapter la culture du raisin aux prévisibles évolutions climatiques. S’il ne fallait mentionner qu’un seul symptôme de ces transformations liées au réchauffement de la planète, il suffirait de consulter le calendrier des vendanges au long du siècle passé . Elles s’avèrent de plus en plus précoces, de l’Alsace au Bordelais, comme dans le Var ou en Languedoc. Et le vin devient de plus en plus sucré, accroissant ainsi sa teneur en alcool.
Vertus aromatiques
Comment évolueront les goûts des amateurs et consommateurs ? Comment travailler en chais afin d’agir sur ce millier de molécules qui participent aux vertus aromatiques du célèbre rosé provençal ? Et quels cépages privilégier ? Syrah ou Grenache ? Éviter le stress hydrique sans gaspiller la ressource hydraulique, est-ce possible ? Ira-t-on demain jusqu’à élever la vigne sous serre, comme les fraises ou les tomates, voire les déplacer hors sol, sur roulettes ?!
Telles sont quelques-unes des questions évoquées lors de cette première conférence rassemblant près d’une centaine d’amis de Bacchus, qu’ils soient vignerons ou docteur en chimie, œnologue ou viticulteur. Souci du sol, de la plante et et de l’environnement, des assemblages et de la fermentation : rien à négliger en vue d’étancher une double soif : celle de savoir et celle de réjouir les papilles de chacun.
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