Dans le mot voyage, il y a la voie, et l’âge… Mais aussi la consonance du voir, sinon du voyeur. Non loin de Jean Giono, fameux «voyageur immobile», comme il aimait à se qualifier, le Mucem, musée marseillais de la Méditerranée, tente d’élucider ce goût des artistes pour le mouvement, la fuite – ou l’exil.
La créatrice japonaise Shiota suspend par de longs fils rouges une foule de valises au plafond de l’entrée de l’exposition, comme une invitation à se mettre en route. Le surréaliste Marcel Duchamp prouve son affirmation: « tout ce que j’ai fait d’important pourrait tenir dans une petite valise »… Car cette boîte-valise déploie ici ses reproductions miniatures, notamment un urinoir tout blanc, de la taille d’une boîte d’allumettes ! Et une fiole translucide de même format, contenant « 5 centilitres d’air de Paris »!
Voyage, Voyages : mélodie entêtante
Tout en fredonnant l’entêtante mélodie « Voyage, voyages», le visiteur est transpercé d’une cinglante diagonale. A gauche des Klee, Marquet, Kandinsky venus du nord européen, le siècle dernier, chauffer leurs pinceaux sous les lumières et couleurs du Maghreb.. Tandis qu’en face, des images de la marocaine Alaoui répliquent « No pasara »… Et que déroule le récit de ce migrant pointant sur la carte les étapes de sa traversée périlleuse d’Alger à Naples, et de Milan à Paris, puis Marseille, pour y vendre des cigarettes de contrebande . Bien loin de l’Eldorado rêvé.
Avant d’aller se perdre à Venise dans une forêt de perches à ego portrait, l’avion s’impose. Mais Richard Bacquié n’en garde ni les ailes, ni même le fuselage. Ne subsiste que le cockpit, sans le moindre instrument de pilotage. Plus terre à terre, un aventurier a cédé la bicyclette sur laquelle il a parcouru la vallée de la mort.
Non moins terrestre, avant de passer sous les presses chères à César, l’automobile se demande ce que devient la route, lorsqu’on parvient aux limites de la carte. Peut être le moment de revenir à Desireless, « plus loin que la nuit et le jour, dans l’espace inouï de l’amour ! »
Au Mucem, Toguo et Matisse
Déjà Nicolas Bouvier l’anticipait, en son Usage du monde : « le voyage vous fait…ou vous défait ». Céline imaginait lui d’aller « au bout de la nuit. » Juste avant Matisse et ses grands oiseaux blancs planant sur les bleus turquoise de Polynésie , le Camerounais Barthélémy Toguo permet à sa barque surchargée de baluchons multicolores de flotter sur un sombre lac de bouteilles à la mer… Espoir de l’exil ou naufrage de l’espérance, c’est un peu le mystère des grandes traversées.
Informations pratiques et lien utile:
Jusqu’au 4 mai 2020, tous les jours sauf le mardi. De 11h à 18h
> Entrée de 7,5 à 11 €.
> Le site officiel du Mucem
Le soutien de l’Aéroport Marseille Provence et de Volotea
A l’occasion de la nouvelle exposition Voyage Voyages, Jean-François Chougnet, le président du Mucem a présenté un nouvel accord de partenariat avec des acteurs économiques. Cette
fois, c’est l’Aéroport Marseille Provence et la compagnie aérienne Volotea qui s’allient avec le célèbre musée. Des échanges de visibilité et des opérations communes seront mises en place, à commencer par le mécénat de l’exposition qui s’ouvre et dont le thème va comme un gant aux trois partenaires…