Après sa venue vendredi, au cinéma Le Prado à Marseille, la marraine 2017 du festival de cinéma espagnol – Emma Suárez – sera ce samedi 11 novembre au cinéma Le Méliès, à Port-de-Bouc, pour y présenter L’Écureuil rouge de Julio Medem (1993) puis Les Filles d’avril de Michel Franco (2017). Rencontre avec une actrice bien dans sa peau et bien plus joviale que ses personnages à l’écran.
On aurait pu l’annoncer comme le nouveau visage du cinéma espagnol depuis que le public français l’a découverte dans Julieta, le dernier film de Pedro Almodovar qui a remporté le Prix du Jury à Cannes l’an passé et qui a valu à la jeune femme son deuxième Goya, pour Meilleur actrice, mais voilà, Emma Suarez tient le haut de l’affiche depuis près de quarante ans ! Cristina, Lisa, Angela, Diana, Maria, Eva, Gloria puis Julieta et enfin Avril sont quelques uns des rôles qu’elle a interprétés pour des réalisateurs, et pas des moindres : Julio Medem, Pilar Mirò… Célèbre en Espagne, elle est désormais reconnue internationalement comme l’une des meilleures actrices hispanophones.
Gomet’ : Qui êtes-vous au juste ? Une mère tourmentée ?
Emma Suárez : Je ne suis pas une personne obscure (sourires). Effectivement dans mes trois derniers films, j’ai eu des rôles de mère mais ce sont avant tout des rôles de femmes. Être mère est un circonstance dans la vie et cela permet d’expliquer et de donner lieu à cette réflexion entre les différentes générations. C’est normal qu’à mon âge (53 ans N.D.L.R), on me propose maintenant des rôles de mère, et je ne vois aucun intérêt à jouer des personnages plus jeunes. Pour moi, le plus important dans mon travail d’actrice est de pouvoir approfondir la connaissance de l’être humain, pouvoir communiquer à travers les personnages. C’est pour cela que je choisis toujours des rôles ou des projets qui ont une certaine profondeur et où je peux m’investir. J’assume totalement mais je suis plutôt d’un tempérament gai, joyeux et bien plus équilibrée qu’elles. Je suis indépendante, autonome et optimiste ! J’ai la conviction que chacun à en soi la force d’aller de l’avant.
On vous connait sur grand écran, mais vous jouez également au théâtre. Comment passez-vous du cinéma au théâtre ?
E.S. : Je ne peux pas me passer du théâtre, c’est une expérience magnifique. Le théâtre comme le cinéma sont des moyens d’expression et peut être que le premier l’est plus par le voix, et le second, plus par le regard. C’est tellement complémentaire pour moi quand je n’ai pas tourné depuis longtemps, je suis en manque de cinéma et quand je tourne énormément, je suis en manque de théâtre. Mais le plus important, c’est le texte, l’instrument de travail par excellence pour l’un comme pour l’autre. La matière première de mon travail. Quand je jouais Claire, dans Les Bonnes de Genet, chaque jour je redécouvrais ce personnage. Un grand souvenir aussi avec Éléna dans Oncle Vania de Tchekov.
Envisagez-vous un jour de passer l’autre côté de la caméra ou de la scène ?
E.S. : Parfois j’y pense mais j’ai encore trop de respect pour la fonction. Il faut raconter une histoire pour diriger, pour filmer, et ce désir, cette impulsion de faire ne me sont pas encore venus.
Y a t-il un rôle pas encore joué qui vous attirerait ? Peut être plus léger, plus comique ?
E.S. : J’ai déjà joué le rôle d’une prostituée très amusante, et celui d’une femme très astucieuse pour arriver à ses fins mais, oui, je regrette de ne pas en avoir plus souvent.
Quant au festival Cinehorizontes, il poursuit sa programmation, riche et variée, jusqu’au 17 novembre. Des rendez-vous en version originale qui attirent un public nombreux, curieux de découvrir des histoires et des talents encore trop peu souvent diffusés en France et pourtant si proches.
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